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L'obligation morale peut-elle se réduire à l'obligation sociale?

Publié le 10/03/2005

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morale

Chaque société, constituant une manière collective de sentir et de penser, se définit par son propre système de valeurs. L'enquête anthropologique nous confronte au fait de la pluralité des cultures, suscitant le sentiment d'une relativité des valeurs. Mais l'exigence morale, expression de la prétention universaliste de la raison, peut-elle se reconnaître et se satisfaire dans la particularité des moeurs ? La moralité se réduit-elle à l'acceptation des règles établies ?  

 I - La pression de la morale de groupe.

II - L'autonomie de la conscience morale. III - Obligation morale et sagesse pratique.

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« l'égard de la mère.

[…] Il se peut que l'ambivalence constatée dans les rapports avec les parents s'explique, d'unefaçon générale, par la bisexualité, au lieu de provenir, ainsi que je l'avais supposé précédemment, de l'identificationà la suite de l'attitude de rivalité .

» Freud, « Essais de psychanalyse ». Il s'agit donc de la conscience collective en tant qu'elle est intériorisée par le moi.

Cette conscience collective agitsurtout par son aspect moral : la culture et la civilisation résultent d'une action de moralisation effectuée par lasociété sur l'individu.

Le surmoi est la part non consciente du psychisme en tant qu'elle se fait le médiateur de lacollectivité et qu'elle impose au Moi les normes qui lui permettront d'exercer sa propre action de censure. II - L'autonomie de la conscience morale. a) On ne saurait pourtant confondre un ordre social donné, à titre de fait, et l'idéal moral, qui est de l'ordre de lavaleur.

Respecter l'opposition irréductible du fait et du droit, c'est refuser d'ériger les impératifs sociaux en Absolu. b) La société nous donne des valeurs, objets de croyance et d'adhésion collective, étroitement dépendantes desmoeurs.

Mais l'obligation morale ne peut se réduire à une croyance en quelque contenu social que ce soit, elle relèvede principes universels et inconditionnés dictés par sa raison au sujet moral.

Si la société s'impose par la contrainte,l'obligation concerne une liberté. c) Contrairement à la morale sociale, qui inspire le conformisme, l'obligation n'a de sens que pour une conscienceautonome, qui n'en réfère qu'à la loi universelle de la raison.

La règle formelle est irréductible aux valeurs «matérielles ».

La conscience morale subordonne ainsi la légalité à la moralité. Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de sedéterminer soi-même de par une législation rationnelle.

L'homme est lié à sondevoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.

Aucun intérêt ne vient leforcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vientle contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre maishétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas delui-même.

Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.

Être libreet moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.

Le principe suprême dudevoir est inconditionné et absolu.

La volonté n'y est pas intéressée, et ellen'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'ily a désobéissance.

Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondéesur un principe d'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriétéqu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriétédes objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc : de choisir detelle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en même tempscomme lois universelles dans ce même acte de vouloir." Mais la difficulté est d'inscrire la loi morale dans les faits, au plan de l'agirconcret : n'y a-t-il pas une distance entre l'injonction abstraite de la règle et l'intimation effective de l'action concrète ? III - Obligation morale et sagesse pratique. a) Toute vie éthique est « en situation », exposée aux conflits de devoirs résultant bien souvent de la rencontred'exigences morales contradictoires ; Hegel a pu ainsi faire du conflit opposant Antigone et Créon, dans la tragédiede Sophocle, le symbole même du tragique de l'action, auquel tout agent pratique peut se trouver confronté.

Auxdilemmes de l'action, le principe de l'universalité n'apporte pas de réponse. b) Le conflit de devoir est précisément ce qui nous élève à la réflexion morale, par laquelle la conscience exerce safonction critique et, telle Antigone, oppose aux impératifs sociaux la loi supérieure de l'exigence éthique universellequi l'habite.

La conscience morale se pose ainsi souverainement comme une instance de jugement supérieure à tout« Esprit du temps ». c) En tout état de cause, il s'agit d'éviter l'affrontement entre la prétention universaliste de la morale formelle del'obligation et la reconnaissance des valeurs positives enracinées dans le contexte historique et communautaire,puisque la morale ne peut prendre vie que dans le monde vivant, c'est-à-dire dans l'histoire réelle, et non dans leciel intelligible des pieuses invocations.

C'est pourquoi la médiation pratique susceptible de surmonter l'antinomierelève de la sagesse pratique du jugement en situation : cette sagesse est prudence, au sens aristotélicien, en cequ'elle sait toujours avoir affaire à cette situation, et s'efforce de s'y adapter au mieux, sans rien renier, si possible,. »

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