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Odysée, Les Enfers

Publié le 22/10/2010

Extrait du document

 

Ebauche d’introduction : 

 

Chant le plus sombre de l’Odyssée. C’est le point culminant du thème de la mort. Si elle plane sur Ulysse tout au long du voyage, elle trouve son point culminant au chant XI. Elle se matérialise dans les enfers. Elle n’est pas qu’une abstraction, elle prend corps. Symbolique de la mort. 

Tirésias/Anticlée/Femmes anciennement aimées par un dieu/Héros de Troie/Minos/Suppliciés : Tytios, Tantale, Sysiphe et Hercule.

Un rapport complexe entre la mort et Ulysse. Ulysse est en surcis dans un univers tendu où il risque souvent sa vie. Cette peut de la mort atteint son apogée dans la visite des enfers. 

Quelle place pour le chant XI dans l’Odysée ? Quelle conception de la mort Homère présente-t-il ?

Quel rôle le chant joue-t-il quant au personnage d’Ulysse ? Quel intérêt le chant présente-t-il pour le poète Homère ? 

 

I-La mort, les Enfers

-Enfers : monde parallèle,  demeure des « morts privés de sens, les ombres des défunts. « Définition ambiguë : « la brume de l’ombre «. Qualité par « Royaume d’Hadès «, nom du dieu des enfers. (Symbole) Mystérieux, et inexprimable : tout est consumé. 

-Frontière mort /Vivant symbolique : les enfers sont au bout de l’océan, soit au bout du monde. 

-Une mort difficile à dissocier de la vie : les morts sont conscients de leur existence. 

-Préoccupation du réel : Achille, et le destin de son fils.

Ils souffrent comme les humains : physiquement (Tytos se fait dévorer le foie) et moralement (Anticlée/Achille/Agamemnon) « chagrins, pleurant à chaudes larmes «. Regret de la vie. « J’aimerais mieux être sur terre d’un paysan «. Achille. Ce sont des antihéros privés de leurs facultés : ne peuvent plus combattre. En un sens un pâle reflet des humains. 

-Achille : se lamente. Insatisfaction, frustration éternelle : « régner parmi ces ombres consumées « On ne peut le soulager, même en leur parlant. Registre pathétique : souffrance infinie et inéluctable. 

Ils sont bien morts : 

-Leur corps n’est plus, ce ne sont que des âmes errantes. Des ombres vivant dans l’ombre. Leur existence est amoindrie. Ce ne sont plus que des Psukhe. « Des ombres consumées «

Tous les personnages évoqués représentent la mort. Puissance symbolique du passage. Allégorie de la mort ? 

-Pour entrer dans le mythe, mourir semble être une condition. Pour que le héros accède au rang de mythe, il doit mourir. En témoigne le défilé des héros : Achille, Ajax, Agamemnon, Patrocle etc…

-Les morts sont le reflet inversé des humains : ils n’ont plus de corps mais ils savent ce les autres ignorent : Devin Tirésias, ou Anticlée qui informe Ulysse sur la situation en Ithaque. 

Idée de la mort : mort sans joie, tristesse et impuissance éternelle. Fantômes figés dans la douleur. 

Cauchemardesque. La peur constante d’Ulysse nous interroge sur la nature de l’épisode : et si ce n’était qu’un cauchemar ? Le reflet de la Peut d’Ulysse ? (la mort ?)

 

II-L’intérêt de ce passage pour Homère

-Nous présenter sa conception de la mort à travers Ulysse qui est aède.

-Historien de son temps : vulgarisation de la culture et des mœurs : passage en revue des damnés, des supplices, du sort des héros grecs. Organisée comme une pièce de théâtre : en actes successifs. On a une galerie de personnages parlant tour à tour à Ulysse. Educateur des grecs. 

-Il a sans doute interpolé deux passages après écriture du poème : les récits des princesses légendaires dont l’intérêt est didactique, et lorsqu’Ulysse pénètre plus profondément dans les enfers (v568) et qu’il nous parle de Minos, le juge et de Sisyphe. Ici même but didactique en exposant le supplice de Sisyphe. Volonté d’esquisser le monde des morts. 

-Fonction programmatique : Tirésias prévoit le futur d’Ulysse, et l’établit avec certitude. Il prédit la « vérité «. Chronologiquement au milieu des aventures d’Ulysse. 

-Passage nécessaire : imposé par les dieux comme un devoir pour Ulysse. 

-Topos de la littérature mythique : la catabase (Lieu commun) Scène qui se superpose avec la visite d’Enée dans l’Eneide aux enfers. Mais des scènes qui se complètent également : si chez Virgile le passage sert pour décrire précisément les enfers d’un pt de vue topographique, Homère lui ne dresse qu’une esquisse des enfers. (Nekuia : les morts viennent à Ulysse principalement)  il s’agit plutôt chez d’une quête spirituelle chez Ulysse. 

 

III-Le rapport à Ulysse : transformation du personnage ? 

-Dimension philosophique du passage : apprendre à mourir selon les philosophies grecques : stoïcisme. Le fait de ne pas craindre la mort. > Elle constitue un passage obligatoire. (Fatalité) Il faut affronter la mort avec sérénité, et non plus la craindre (pourtant Ulysse manifeste toujours cette « peur verte «) Car sa mort est annoncée par Tirésias comme « hors de la mer « « t’abattra affaibli par l’âge opulent «. D’où la nécessité de l’apprentissage de la mort pour Ulysse, afin de prendre conscience de son statut de mortel, et de la fatalité. Apprendre à ne plus la craindre. Accéder à la sagesse. (Le savoir-mourir de l’époque > Elpénor qui demande une sépulture)

-Catabase rime pour Ulysse à acquérir une sagesse. 

-Illustre son parcours initiatique : apprentissage de la mort. C’est un passage obligé. Mort = rite initiatique faisant de lui quelqu’un de nouveau. 

-Fait de lui un héros hors du commun : expérience de la mort. Moyen d’accéder à une autre dimension psychologique. Paradoxe : il expérimente la mort, mais est toujours vivant : « comment viens-tu dans la brume de l’ombre toujours vivant ? « dit Anticlée. 

-La mort de sa mère fait de lui un homme. Il doit renoncer à la toucher, à lui faire un baiser. « hors de mes mains, pareil à une ombre, un songe «. Scène pathétique, et tragique : elle lui explique qu’elle est morte d’amour. C’est de cette mort réelle, et non merveilleuse émanant des flèches d’une déesse, dont Ulysse vient prendre connaissance dans ce passage. Il va la comprendre, et celui va lui servir à son retour à Ithaque. Va l’amener à mieux se prendre en charge ? Elle condamne le refus de vivre par l’intermédiaire du portrait de Laerte, dont la vie n’est que négation de l’existence. 

-Prise de conscience de la valeur de sa vie face au malheur éternel des damnés ou autres morts tels Achille, condamnés à un malheur éternel. 

-Humanité du personnage à son paroxysme : il reste un humain, et a peur. Il quitte les enfers de peur. S’il a désormais l’expérience de la mort, il ne se l’approprie pas : il reste mortel. Justement : seule son existence terrestre lui importe et son retour à Ithaque. 

Ex : Les pleurs, qui sont un leitmotiv dans tout le poème, le sont tout particulièrement dans le chant XI : Ulysse pleure successivement devant Anticlée, et devant Agamemnon. Ce qui donne à la scène une forte dimension pathétique. 

-Morts reflets d’Ulysse : les problèmes d’Agamemnon peuvent renvoyer à la menace qui pèse sur Ulysse à son retour. Sisyphe symbole de la vanité des ambitions humaines, symbole de la vie d’Ulysse ? Eternel recommencement : Ulysse qui ne parvient pas à rentrer rapidement à Ithaque. 

-Les enfers font en tout cas évoluer Ulysse, et l’amènent à accepter la condition humaine telle qu’elle est. 

 

Conclusion : 

Passage surtout présent pour :

-Valeur didactique

-Conception de la mort chez Homère

-Avancée spirituelle chez Ulysse, expérience de la mort, acquisition d’une certaine sagesse. 

Exprimer à Ulysse la vérité de la mort afin qu’il s’en serve. Et qu’il accepte sa mortalité. 

Ne s’attarde pas sur les détails de cet empire des morts comme le fait Virgile.

 

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