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L'oeuvre d'art échappe-t-elle à l'artiste après sa création ?

Publié le 23/03/2004

Extrait du document

Arbitraire du signe, déjà souligné par Hegel, presque cent ans avant Saussure, et qui accroît encore son caractère formel.Ensuite, Hegel traite de l'art, et de la différence (« au contraire ») des moyens utilisés par l'art pour extérioriser, par rapport à ceux du langage. Alors que le langage utilisait le minimum d'existence sensible (« une forme »), l'art ne va pas jusqu'à l'extériorisation formelle, puisqu'il n'utilise pas seulement des signes. Au contraire du langage, l'art donne aux idées (intérieures) une existence sensible (extérieure): un contenu. De plus, si le signe du langage est arbitraire, au contraire l'extériorisation de l'art (l'existence sensible du contenu) doit correspondre à l'intériorité des idées.3. Arrêtant sa comparaison entre l'art et le langage, Hegel définit les différents traits qui caractérisent l'oeuvre d'art en tant que telle.D'abord, l'oeuvre d'art renferme (en son intériorité extériorisée) un contenu. Cela parce que l'art s'adresse à autrui, mais à ses sens (et pas seulement à sa pensée, ce que fait le langage, qui par là même n'a pas besoin de contenu et, peut n'être qu'une forme).Ensuite, ce contenu doit paraître (dans la représentation) comme quelque chose de plus (« pas seulement ») qu'un objet de la nature.

Dans la mesure où une oeuvre d'art est signifiante, qu'elle a un ou des sens, elle implique chez celui qui la contemple (le spectateur, le lecteur) un déchiffrement de son sens, donc une herméneutique, une interprétation. Une oeuvre d'art est en conséquence toujours et nécessairement (ré)interprétée, dans des sens parfois totalement contradictoires et jusqu'à prêter aux pires contresens sur les intentions premières de l'artiste. Or, il est bien évident que l'auteur de l'oeuvre ne peut empêcher ni contrôler ces interprétations du public. Il ne peut pas, par conséquent, maîtriser la «vie« de son oeuvre : celle-ci lui échappe bel et bien.  D'ailleurs, il n'est pas sûr que l'artiste lui-même sache exactement ce que signifie son oeuvre, ce qui est exprimé à travers elle. La grandeur et le mystère de l'oeuvre d'art est peut-être précisément de dépasser l'intention de l'artiste pour atteindre à quelque chose qui lui est supérieur : par exemple, selon Hegel, l'Universel, ou encore, selon Bergson, l'expression de «la réalité même«, «nue et sans voile« ; on peut ainsi avancer que dans une certaine mesure l'artiste ne sait pas exactement ce qu'il fait lorsqu'il crée.

« symbolique.Le texte présenté est extrait de « Esthétique » (1835), traduction de S.

Jankélévitch, Paris, Aubier, 1945, repris parFlammarion, coll.

« Champs », 1979, tome I, p.

3 1. Introduction La thèse de Hegel, qui est au centre du texte, définit la fonction de l'art : donner aux idées une existence sensible. 1.

Certes, il y a identité entre l'art (« produire une conception née de l'esprit ») et le langage (« communiquer sespensées »). 2.

Mais il y a une différence entre l'art (« donner aux idées une existence sensible ») et le langage (« un simplesigne »). 3.

D'où les caractéristiques de l'oeuvre d'art : 1.

être offerte aux sens ; 2.

renfermer un contenu ; 3.

être un produitde la représentation de l'esprit. 4.

Enfin Hegel expose l'intérêt fondamental de l'art : offrir au regard les pensées de l'esprit humain. Développement 1.

Deux définitions figurent au début du texte.

D'une part, il y a la définition de l'art, comprise implicitement commeune activité, répondant à un besoin (« son besoin originel ») identique à son but.

L'art est une conception née del'esprit (mais il y a d'autres conceptions nées de l'esprit, comme on le verra ultérieurement, par exemple le langage).Mais, plus spécifiquement, il y a art lorsqu'il y a volonté de produire à l'extérieur ce qui est né de l'esprit (àl'intérieur).

De le produire à l'extérieur en affirmant (« manifester ») que c'est une oeuvre propre de l'esprit.

Cetteproduction à l'extérieur (qui présente l'intérieur) est une représentation.

Elle est destinée à autrui, pour êtreprésente à ses regards.

D'autre part, la définition du langage: Hegel examine l'identité du langage et de l'art (« demême que »).

Le langage aussi est lié à la pensée, il est également une conception née de l'esprit (« l'hommecommunique ses pensées »).

Il y a aussi une volonté de produire à l'extérieur ce qui a sa source dans l'intérieur («l'homme communique »).

Cette production est également destinée à autrui (« les fait comprendre à ses semblables»). 2.

Mais Hegel exprime également la différence entre l'art et le langage.

Elle réside dans les moyens : grâce à quoicette extériorisation est-elle possible ? Inversant l'ordre initial (l'art, le langage), Hegel traite d'abord des moyens («le moyen de communication ») du langage.

C'est un signe (donc un signe de quelque chose : de l'intériorité, c'est-à-dire de la pensée), mais qui, en tant que produit, est extériorité.

Une extériorité à l'idée aggravée, extrême : «purement ».

Pureté qui n'est possible que parce que le signe est une forme (sans contenu), qui en tant que telle n'apas d'existence sensible.

Forme du langage loin de toute la matérialité des choses dont il parle, et qui n'a aucunrapport de nécessité avec ces choses.

Arbitraire du signe, déjà souligné par Hegel, presque cent ans avantSaussure, et qui accroît encore son caractère formel.Ensuite, Hegel traite de l'art, et de la différence (« au contraire ») des moyens utilisés par l'art pour extérioriser, parrapport à ceux du langage.

Alors que le langage utilisait le minimum d'existence sensible (« une forme »), l'art ne vapas jusqu'à l'extériorisation formelle, puisqu'il n'utilise pas seulement des signes.

Au contraire du langage, l'art donneaux idées (intérieures) une existence sensible (extérieure): un contenu.

De plus, si le signe du langage est arbitraire,au contraire l'extériorisation de l'art (l'existence sensible du contenu) doit correspondre à l'intériorité des idées. 3.

Arrêtant sa comparaison entre l'art et le langage, Hegel définit les différents traits qui caractérisent l'oeuvre d'arten tant que telle.D'abord, l'oeuvre d'art renferme (en son intériorité extériorisée) un contenu.

Cela parce que l'art s'adresse à autrui,mais à ses sens (et pas seulement à sa pensée, ce que fait le langage, qui par là même n'a pas besoin de contenuet, peut n'être qu'une forme).Ensuite, ce contenu doit paraître (dans la représentation) comme quelque chose de plus (« pas seulement ») qu'unobjet de la nature.

Le texte de Hegel, dans sa richesse, indique que l'oeuvre d'art (c'est une « oeuvre » parce quec'est le résultat d'une production : « un produit de la représentation ») est à la fois contenu (« l'oeuvre d'art doitrenfermer en soi un contenu ») et une forme (« une forme visible »).L'oeuvre d'art jette dans la nature son produit (l'oeuvre est aussi matérialité) et ce dernier devient comme n'importequel produit, un objet.

Un objet qui n'est pas seulement spirituel, mais aussi un objet réel.

Mais l'oeuvre d'art estbien plus que cela.

Le contenu de l'oeuvre d'art doit (« il faut ») être tel qu'autrui reconnaisse en lui sa spiritualité(son rapport avec l'esprit).

Hegel l'a déjà indiqué au début du texte, il le répète : l'art, conception née de l'esprit, seproduit comme représentation de l'esprit (et « de son activité artistique »).

Il y a donc une spécificité de l'art quitient à la rencontre, au croisement de deux traits.

L'art est à la fois spirituel en tant que représentation de l'esprit,et matériel par son contenu, en tant que s'adressant aux sens (et non directement à l'esprit d'autrui).

Spiritualitématérielle et matérialité spirituelle. 4.

Quittant le point de vue de la production (l'art comme représentation des conceptions de l'esprit) Hegel examinel'art au point de vue de sa réception, en se situant au niveau du regard.Que voit le regard d'autrui lorsqu'il voit l'oeuvre d'art ? Il voit bien sûr le contenu d'un monument, d'une sculpture,. »

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