Devoir de Philosophie

L'oeuvre d'art est-elle le fruit de l'imagination ?

Publié le 05/09/2004

Extrait du document

Quelles sont les facultés particulières de l'artiste ? Ce qu'il crée, est-ce son imagination qui lui permet de le créer ? Ou faut-il considérer que sa création lui vient de l'extérieur (d'un ensemble de paramètres sociaux, spirituels, etc., qu'il ne fait que reproduire ; ou, d'un point de vue situé à un autre extrême, d'une inspiration divine qui dépasse les facultés de son individu ?) Il faudra envisager différents types d'art (les arts officiels des régimes totalitaires n'ont pas grand-chose de commun avec des arts qui se développeraient en dehors de tout cadre), sans perdre de vue la question centrale ici du rôle de l'imagination. Références utiles Kant, Critique de la faculté de juger Aristote, Poétique Plotin, Ennéades, Traité sur le Beau. Textes à utiliser  Hegel « Il y a des portraits dont on a dit assez spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. D'une façon générale, la joie que procure une imitation réussie ne peut être qu'une joie toute relative, car dans l'imitation de la nature, le contenu, la matière sont des données qu'on n'a que la peine d'utiliser. L'homme devrait éprouver une joie plus grande en produisant quelque chose qui soit bien de lui, quelque chose qui lui soit particulier et dont il puisse dire qu'il est sien. Tout outil technique, un navire par exemple ou, plus particulièrement, un instrument scientifique doit lui procurer plus de joie, parce que c'est sa propre oeuvre, et non une imitation.

Une oeuvre d’art est le produit de cette activité singulière que l’on nomme l’art, et qui comprend en vérité deux dimensions distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de  Jean-Jacques Rousseau. Aujourd’hui, par art nous entendons plutôt une activité créatrice gratuite, mais sérieuse, qui représente dans des oeuvres un état de la sensibilité et de la pensée d’une époque, en s’opposant à la fois à la disgrâce qui frappe les activités techniques utilitaires, jugées serviles, et à la futilité des activités ludiques vouées au divertissement. Ni labeur, ni distraction, l’oeuvre d’art incarne et suggère un sentiment de la vie. 

L’imagination est une faculté mentale qui permet de créer des images inédites par combinaisons et modifications d’images dont nous avons eu ou non l’intuition dans la réalité. En ce sens, elle se confond avec une faculté d’inventer, de créer ou de concevoir. L’imagination permet également de restituer à la mémoire des perceptions ou des expériences antérieures. En nous demandant si l’oeuvre d’art est le fruit de l’imagination, nous cherchons à déterminer si elle est le produit, le résultat, de cette faculté de production d’images par combinaisons et modifications qu’est l’imagination. Il semble qu’à cette question, la réponse que l’on a le plus souvent donnée est négative. En effet, la faculté reine de la production artistique a longtemps été la raison. Une oeuvre d’art paraît d’abord le résultat d’une activité rationnelle intense, de méditation des règles inhérentes au genre pratiqué par l’artiste, avant leur mise en application. L’activité rationnelle, préalable et concomitante au travail artistique, semble être la principale source de l’oeuvre d’art. Néanmoins, n’aurions-nous pas torts de nous en tenir à une telle conception, qui manque peut-être le rôle bel et bien déterminant de l’imagination ? Car si l’âge classique français a bel et bien insisté sur le rôle fondamental de la raison dans la production des oeuvres d’art, le romantisme, notamment, a dévoilé la fonction privilégiée de l’imagination dans la genèse des oeuvres d’art. La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si l’imagination joue un rôle prépondérant dans le travail préparatoire et la genèse des oeuvres d’art.

« parce qu'elles nous plaisent, et que nous nous amusons simplement à regarder la nature à travers l'image que lesgrands peintres nous en ont tracée ? C'est vrai dans une certaine mesure mais s'il en était uniquement ainsi,pourquoi dirions-nous de certaines oeuvres celles des maîtres qu'elles sont vraies ? » SECONDE CORRECTION Une œuvre d'art est le produit de cette activité singulière que l'on nomme l'art, et qui comprend en vérité deuxdimensions distinctes.

Jusqu'au dix-huitième siècle, le terme « art » désignait l'ensemble des techniques deproduction d'artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau.

Aujourd'hui, par art nous entendons plutôt une activité créatrice gratuite, mais sérieuse, qui représentedans des œuvres un état de la sensibilité et de la pensée d'une époque, en s'opposant à la fois à la disgrâce quifrappe les activités techniques utilitaires, jugées serviles, et à la futilité des activités ludiques vouées audivertissement.

Ni labeur, ni distraction, l'œuvre d'art incarne et suggère un sentiment de la vie. L'imagination est une faculté mentale qui permet de créer des images inédites par combinaisons et modificationsd'images dont nous avons eu ou non l'intuition dans la réalité.

En ce sens, elle se confond avec une facultéd'inventer, de créer ou de concevoir.

L'imagination permet également de restituer à la mémoire des perceptions oudes expériences antérieures. En nous demandant si l'œuvre d'art est le fruit de l'imagination, nous cherchons à déterminer si elle est le produit, lerésultat, de cette faculté de production d'images par combinaisons et modifications qu'est l'imagination.

Il semblequ'à cette question, la réponse que l'on a le plus souvent donnée est négative.

En effet, la faculté reine de laproduction artistique a longtemps été la raison.

Une œuvre d'art paraît d'abord le résultat d'une activité rationnelleintense, de méditation des règles inhérentes au genre pratiqué par l'artiste, avant leur mise en application.

L'activitérationnelle, préalable et concomitante au travail artistique, semble être la principale source de l'œuvre d'art.Néanmoins, n'aurions-nous pas torts de nous en tenir à une telle conception, qui manque peut-être le rôle bel etbien déterminant de l'imagination ? Car si l'âge classique français a bel et bien insisté sur le rôle fondamental de laraison dans la production des œuvres d'art, le romantisme, notamment, a dévoilé la fonction privilégiée del'imagination dans la genèse des œuvres d'art. La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si l'imagination joue un rôle prépondérant dans letravail préparatoire et la genèse des œuvres d'art.

I.

L'imagination n'est rien et la raison est tout dans la production des œuvres d'art a.

« Ma pièce est faite il ne me reste plus qu'à l'écrire » (Racine) Nous commencerons par soutenir qu'il est faux d'affirmer que l'œuvre d'art est le fruit de l'imagination.

En effet, àl'imagination, faculté de production d'images, on a coutume d'opposer une autre faculté : la raison.

Le terme « raison » provient du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer », ce qui fait d'elle un mode de penser propre àl'homme.

La raison s'oppose à l'intuition, en ceci qu'elle est la faculté de combiner des jugements, de déduire desconséquences.

Mais elle s'oppose également à la passion ou à la folie, puisqu'elle permet de bien juger et dedistinguer efficacement le bien du mal, le vrai du faux.

Pour toute un courant de pensée, l'œuvre d'art est le fruit dela raison et non de l'imagination.

En effet, pour le classicisme français, créer une œuvre d'art revient à méditer lesrègles inhérentes au genre sous lequel elle se subsume avant de la réaliser.

Racine avait une phrase éclairante pourcomprendre son processus de création : « Ma pièce est faite, il ne me reste plus qu'à l'écrire ».

Cela signifie quel'œuvre d'art est le fruit d'un travail rationnel en amont de la réalisation concrète de l'œuvre (par exemple, l'écriturede synopsis, de plans détaillés, la multiplication d'esquisses) réalisation elle-même secondaire dans le processus.

Larhétorique distingue en effet « l'inventio » (l'activité rationnelle préalable à la réalisation) de l' « elocutio » (lamanière dont le discours est mis en œuvre).

Si l'œuvre d'art est le fruit d'une activité rationnelle intense en amontde la réalisation concrète, alors nous ne pouvons dire qu'elle est le fruit de l'imagination.

b.

L'activité rationnelle prépondérante dans l'acte de création de l'œuvre d'art Mais si nous passons du travail préalable à la création au travail créateur proprement dit, nous dirons également quepour l'art classique, l'œuvre d'art n'est pas le fruit de l'imagination.

Au contraire, il semble que l'artiste déploie dansle moment de la création non une faculté de production d'images, sorties toute entières de son imagination, maisplutôt une variation sur un thème déjà donné.

En effet, si l'on considère la peinture de l'ancien régime, nous n'y. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles