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L'oeuvre d'art est-elle une imitation du réel ?

Publié le 14/07/2004

Extrait du document

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste. Dans le « Phèdre « (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance. Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).  L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ?   1)       Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper.   a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions. Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes «, en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

 

Analyse du sujet :

Art : Pendant longtemps, l’art a été considéré sur le modèle de l’imitation : on affirmait que l’art se contentait de reproduire ce qui existait déjà dans la nature. Suivant cette conception, l’art aurait pour tâche de conserver ce qui n’est plus, de figer dans le temps ce qui ne ferait sinon que passer. Cependant, on assure maintenant que l’art a peut-être une tâche plus métaphysique, car l’art nous révèle quelque chose du monde, quelque chose qui serait resté caché à nos yeux sans lui. L’artiste pourrait être ainsi un génie qui voit la réalité du monde et qui parvient à la montrer à ses pairs. Mais cette conception est inféodée à l’hypothèse de la vérité. Pour qu’elle soit fondée, il faudrait que, d’une manière objective, le génie voie la vérité du réel. Or l’art est également profondément subjectif et il est problématique aujourd’hui de soutenir qu’une œuvre d’art est plus « vraie « qu’une autre. Peut-être est-ce justement là qu’est la fonction la plus essentielle de l’art : nous montrer à quel point ce monde est subjectif ?

Imitation : C’est l’action d’imiter quelque chose. En art, il s’agit donc de reproduire artificiellement des objets, ce qui peut s’apparenter à en faire une copie. On se réfère souvent au terme grec mimèsis par lequel les anciens Grecs caractérisaient le processus artistique d’imitation du réel.

Réalité : La réalité définit ce qui est véritablement. Le terme provient du latin res qui veut dire « chose «. Le réel, c’est donc l’ensemble des choses qui sont, celles qui ont une existence objective et constatable. En philosophie, on considère généralement que le réel étant ce qui contient l’être véritable des choses, on peut l’opposer à l’apparence : le réel incarne les choses dans leur vérité, et non telles qu’elles nous apparaissent. Ainsi  Platon considère-t-il que le réel se situe dans le monde des Idées, alors que le monde sensible dans lequel nous vivons est constitué d’apparences. Cela pose problème, car comment pourrions-nous vivre dans l’irréel ? La réalité peut-elle être autre chose que la façon dont les choses nous apparaissent ?

 

 

 

Problématisation :

Si l’art n’était qu’imitation de la réalité, alors on pourrait se demander dans quel but l’art existe, car finalement, à quoi nous sert d’avoir une copie de la réalité à côté de la réalité elle-même ? Cette démarche, qui plus est, semble vouée à l’échec, car avec tout le génie artistique dont on peut faire preuve, une copie ne sera jamais aussi parfaite que l’original. Un tel art semble ainsi un art de perdre son temps. Cependant, d’où l’art pourrait-il tirer son suc si ce n’était de la réalité ? Peut-on postuler que l’art trouve son fondement ailleurs que dans la réalité ? Ce serait soutenir que l’art posséderait quelque chose d’irréel. Mais considérer les choses de ce point de vue, c’est voir les choses d’une manière irrationnelle, ce qui reviendrait à disqualifier l’art en tant que discipline capable d’élever l’homme.

 

« · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonnéla matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'ilimite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans lemiroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On vaau théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avonspu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elleest une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme àl'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Uncheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'estpas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle maistoujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existepleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

Lalaideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beaucheval ou un beau corps d'athlète, leur œuvre, pâle esquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Lepoète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. Cette analyse de Platon soulève plusieurs difficultés que nous examinerons successivement: · si l'art est divertissement, est-il un di-vertissement ? · l'imitation est-elle l'essence de l'art ? L'art figuratif n'est-il qu'imitation ? · s'il n'est pas qu'imitation ne peut-on pas lui accorder une valeur de vérité ? · le Beau est-il objectif ? 2.

La réhabilitation de la mimesis. »

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