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L'oeuvre d'art permet-elle une réalisation de soi ?

Publié le 04/11/2004

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Peut-on concevoir un art qui n'aurait aucune fonction particulière ? L'art peut-il être considéré comme l'expression d'une pure liberté, dépourvue de toute contrainte ? Quelle est la force de l'art, comment peut-il agir sur le spectateur ? Cette question conduit à revenir sur le statut du plaisir, car il apparaît que cette notion ne rend pas compte de toute la richesse de l'expérience esthétique ; en effet, que dire de ces oeuvres qui nous troublent, voire nous choquent profondément ? Doit-on exercer sur les arts la fonction critique de l'entendement ? L'exigence rationnelle de vérité a-t-elle un rôle à jouer dans l'expérience esthétique ? L'art se présente comme un langage ; encore faut-il se garder, sur ce plan, d'une approche trop simpliste, qui ne verrait dans l'art qu'un moyen ou un instrument d'expression dont la forme est en elle-même indifférente. Le sens d'une oeuvre n'étant pas toujours patent, il semble que le goût exige quelque éducation, quelque formation. Une telle éducation semble d'autant plus nécessaire et utile que l'art apporte une dimension bien à lui, originale, à l'existence humaine. Lorsque nous disons qu'une oeuvre d'art doit être « reconnue comme telle, nous attribuons une fonction importante au jugement.

« Cette marque de l'ouvrier sur son ouvrage n'est pas expression de soi au sens où on l'entend trop souvent ; elle nemanifeste pas un parti pris délibéré de s'exhiber ou de parler de soi ; ce n'est pas l'auteur qui parle en premièrepersonne, c'est l'œuvre qui parle, en personne : c'est elle qui porte témoignage du geste, du travail singulier qui l'aproduite, et le créateur n'est rien d'autre que le fils de ses œuvres.

L'étude du style implique donc l'étude del'œuvre : l'étude de la marque de l'ouvrier, et non l'étude de l'ouvrier.

Elle vise à expliciter ce qu'il y a d'incomparabledans cette œuvre, ce par quoi, même si on peut l'inscrire dans un genre, elle échappe aux lois du genre pours'affirmer unique.

La fonction du concept de style est donc exactement inverse ici de celle que nous lui assignions.Avant que ne cherche à s'élaborer une science du style, cette fonction se manifeste au mieux dans la pratique del'expertise, qui a été longtemps la principale tâche que revendiquait l'histoire de l'art : le jugement d'attributionrequiert la détermination des traits qui peuvent singulariser une œuvre.

Dans quelle mesure l'investigation de cestraits peut-elle être théorisée ? Y a-t-il une science de l'individuel ? Ce sont les questions que se posera unestylistique scientifique, qui elle aussi a hésité entre les deux notions de style que nous avons exposées.

3) Une œuvre d'art reflète l'âme de l'artiste.

L'artiste et le génie en particulier ont toujours exprimé des choses que personne encore n'avaient vu, ils ouvrentdes territoires de l'imaginaire et de l'art encore vierge.

Marcel Proust dans A la recherche du temps perdu écrit : « Par l'art seulement noue pouvons sortir de nous, savoir ce que vois un autre de cet univers qui n'est pas le mêmeque le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir dans la lune.

».Par « autre monde » il faut entendre un monde imaginaire bien différent que ce que chacun peut voir.L'artiste peut avoir pour but de nous apprendre à voir la réalité d'une manière inédite.

On reproche souvent à l'artqu'il est illusion.

Au contraire, Hegel dira son Esthétique que l'apparence est essentielle à l'essence.

Il n'y aurait pas de vérité s'il n'apparaissait pas pour elle-même et pour autrui.

On a tendance a opposer le Monde Extérieur,matériel, jugé véritable et le Monde Intérieur et sensible de l'art d'illusoire.

Justement, il faut voir au-delà de laréalité pour trouver la vérité.

Ce qui est réel est pour soi et en soi.

C'est la substance de la Nature et de l'Esprit quimalgré le temps et l'espace continue d'exister en soi et pour soi.

Le monde est imparfait, chaotique.

L'art dégage lavérité des apparences et la dote d'une réalité plus haute crée par l'esprit lui-même.

Aussi notre relation habituelleaux choses est de l'ordre du désir.

Quand on désire une chose, on ne laisse pas l'objet dans sa liberté.

Désirer unechose, c'est supprimer son indépendance, en faire usage et donc la détruire.

Mais l'art n'est pas de l'ordre du désir.L'objet existe pour lui-même.

La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels.

Pour Hegel, levéritable art donne à penser puisqu'il ouvre le domaine de la spiritualité.

Il n'est pas à confondre avec le simpleplaisir des sens qui ne vise qu'à la satisfaction du désir.

L'art, milieu entre sensible et intelligible, aura ne peutsatisfaire entièrement l'esprit, la présentation de l'intelligible y sera toujours défectueuse, et l'esprit ne serapleinement satisfait que dans la religion car l'absolu ne pourra être présentée que dans la pensée pure.

4) Le reflet du divin ? La notion de création, appliquée à l'homme, l'a toujours été dans la perspective d'un rapport de l'homme à Dieu,rapport positif lorsque, en créant une œuvre, l'homme avoue qu'il ne fait que manifester, à travers sa proprefinitude, l'infinie puissance du Créateur, rapport négatif lorsque l'homme affirme sa créativité comme dévoilement del'insuffisance, de l'imperfection de l'œuvre divine, c'est-à-dire finalement comme une preuve de l'inexistence de Dieu.Mais un tel homme, qui prend la place de Dieu, en prend aussi l'essence, et c'est pourquoi la négation radicale detoute perspective théologique explicite ou implicite est celle d'une telle essence d'un Soi qui, par sa seule réflexionen lui-même ou identité à lui-même qui le constitue comme tel, se pose en principe absolu de ce qu'il fait, commelibre origine de son agir, c'est-à-dire comme créateur, bref, elle est une critique de la notion de création.

Si la pensée religieuse attribue essentiellement à Dieu la puissance créatrice, elle affirme une différencefondamentale entre les créatures : la créature humaine, image de Dieu, coopère à l'œuvre divine, et la Bible dit queDieu plaça l'homme dans le jardin d'Éden pour qu'il le cultive.

La philosophie religieuse, qu'on pense à saint Augustin,à Malebranche ou à Fichte, accentue et radicalise la thématique qui se rencontre dans des philosophies qui,païennes (Platon, Aristote, ...) ou bien chrétiennes (Descartes, ...), se construisent autour de l'idée théologique enaffirmant que Dieu est la mesure de toutes choses, le premier moteur ou le libre créateur des vérités et valeurséternelles.

Lors même que ces philosophies concèdent à l'homme un être et une liberté propres, de telle sorte que l'on peuttout au plus parler d'un accord entre la volonté humaine et la volonté divine, ce pouvoir d'adhérer ou non aucontenu du monde des vérités et des valeurs ou à la puissance qui les maintient ou qui les pose, cette volontéformellement infinie n'a aucun pouvoir de créer par elle-même une vérité ou valeur nouvelle .

La liberté humaine quiveut s'opposer à l'agir divin ne peut engendrer que l'erreur et le mal, que le négatif.

La logique de ces philosophiesthéologiques amène, en fait, à voir dans la volonté et la liberté humaines l'être même de la volonté divine, seulecause efficace, en tant que par un don gracieux elle s'offre à la participation de la créature.

L'« humanisme »chrétien met la grandeur de l'homme, sa sainteté, dans son humble renoncement à lui-même, et identifie la suprêmemanifestation de la créativité humaine à l'extrême passivité dont la liberté de l'homme s'est rendue capable en selaissant porter sans réticence par la grâce.

Selon Fichte, « tout le nouveau, le grand et le beau qui est venu aumonde depuis le commencement du monde et qui viendra en lui jusqu'à sa fin, est venu et viendra en lui par l'Idéedivine qui s'exprime en se particularisant dans des individus élus », et cette élection apparaît dans l'acte de l'hommequi « par la liberté suprême renonce à sa liberté et indépendance propre ».

L'originalité authentique consiste dans leplein consentement, constitutif du talent et du génie, à la créativité divine.. »

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