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Les origines de l'écologie politique

Publié le 02/08/2012

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L'anarcho-primitivisme, appelé aussi critique anti-civilisationnelle s'inspire du mouvement situationniste (Guy Debord, Raoul Vaneighem), des recherches de certains anthropologues tels que Lévi-Strauss ou Pierre Clastres et se réfère à l'insurrection Luddite. Pour les anarcho- primitivistes, la crise écologique est la suite logique de la démarche de la civilisation, entreprise durant la révolution néolithique où la domestication et la sédentarisation permirent un surplus de ressource, une concentration du capital, l'urbanisation et la séparation du travail qui constitua les classes sociales. Leur conception de la liberté dépasse celle des anarchistes en général au sens où, selon la théorie, l’être humain a lui aussi été domestiqué dans la civilisation et qu’il s'est aliéné à la technologie. La condition de l’homme moderne est donc d'avoir beaucoup mais d'être peu, contrairement au primitif.    Selon le journal Green Anarchy, la vie « pré civilisée était beaucoup plus proche d'une existence d'anarchiste que ce qui est possible dans les sociétés civilisées«. La critique anti-civilisationnelle est une recherche « de plénitude sans compromission, immédiate« vers « l'inexistence d'institutions, l'absence de hiérarchie, la possibilité de conciliation de proximité, une véritable écologie des lieux de vie«. Le primitivisme ne reconnaît ni la légitimité de la civilisation ni l’intégrité matérielle, mais uniquement la liberté et la vie. C'est pourquoi, la mise en pratique de ces idées peut se traduire par des appels à la violence. Les actes de sabotage ou d’attaque incendiaire sont non seulement recommandés, mais c’est la seule défense envisagée contre le "système techno-industriel civilisé".

« de phalanstères – à un pacifisme absolu (…) à une prétendue libération sexuelle conçue comme panacée sociale.

On n'en finirait pas de dresser la liste de toutes lesaberrations « anarchistes » qui vont se donner libre cours". Le "grain de folie" chez les anarchistes s'est souvent traduit par des questions soulevées qui pour certaines ont toujours leur pertinence, mais aussi par des intuitionsprémonitoires.

Après l'écrasement de la commune de Paris en 1871, la fin de l'anarchisme illégaliste (le terrorisme entre 1892 et 1894) et le développement ducapitalisme, le sentiment qui domine dans le mouvement anarchiste est celui de l'impasse, de la gravité de l'échec et que plus rien n'est désormais possible dans la"Civilisation". A cette époque, c'est à dire tout à la fin du XIXe siècle, va naître au sein du mouvement anarchiste, un courant souvent méconnu, qui va dénoncer la déforestation, laville, le machinisme et la civilisation : les naturiens.

Ce mouvement est lancé à l'initiative d'un peintre et dessinateur anarchiste, Emile Gravelle, qui vivait à Parisdans le quartier de La Butte Montmartre et qui publia, en 1894, le journal " L'Etat Naturel".

A cette époque, le quartier de La Butte Montmartre avec ses moulins etses champs constituait encore un village aux abords de la capitale française.

Mais l'expansion urbaine générée par le développement du capitalisme va entraîner la finde cet îlot de nature.

Il n'est donc pas étonnant que les naturiens émergent dans ce contexte d'urbanisation croissante. La publication de "L'Etat Naturel" va créer un mouvement de sympathie et de curiosité.

A côté du groupe montmartrois autour d'Emile Gravelle, un deuxièmegroupe va se constituer rue St Antoine dans le quartier de la Bastille.

Pendant deux ou trois ans, les naturiens vont organiser des réunions et des soirées pourvulgariser leurs idées.

De nouvelles publications vont apparaître : "La Nouvelle Humanité" et "La Vie naturelle".

Les "théories naturiennes" vont se répandre dansquelques grandes villes de province.Chez les naturiens, la conception de la nature est très imprégnée de "rousseauisme" : la nature comme principe de simplicité et d'authenticité, qui rappelle l'homme àses origines contre le vice qui procèderait de la société et l'inscription de l'homme dans des rapports artificiels. "Vivons, aimons, connaissons et protégeons la Nature mais ne la déifions pas, ne l'idolâtrons pas, n'y élevons pas de temples, ne fondons pas un nouveau culte sur lesdogmes supprimés par les cerveaux libres, mais luttons pour l'existence des lois naturelles, les seules lois que nous admettions! Et nous serons heureux, tous et toutes;car la vie sera Joie et Bonheur, car la Terre sera peut être un Paradis et l'Enfer social existant sera disparu avec la Civilisation, inepte, ignoble et immonde, qui l'acréé.

! A bas la Civilisation! Vive la Nature!" (Henri Zisly, "Voyage au beau pays de Naturie", mai 1900). Toutefois, la conscience d'une destruction du milieu naturel est déjà très présente :"L'air est empesté par les émanations chimiques, les fumées d'usine...

L'eau est empoisonnée par les détritus des villes et la coulée des champs charrie 1'infection"(Emile Gravelle, "Le Naturien", 1er juin 1898). Pour les naturiens, "tant que l'Artificiel établi pendant des siècles d'esclavage sera considéré comme base du système de vie, il y aura spoliation, sans parler de ladégradation toujours continue et aggravée de la Nature.

L'Artificiel est le produit du Progrès et de la Science dont l'un décapite, l'autre empoisonne lentement oubrutalement, (...) puisque le Progrès donne de plus en plus naissance à de nouvelles calamités et à de nouveaux engins meurtriers, soit en machinisme, soit enustensiles de guerre, on lui adjoint la Science pour l'aider et il faut combattre les deux ensemble.

Ce que réclament les Naturiens, ce sont les conditions naturelles dela Terre, conditions qui assuraient l'abri des êtres et des choses contre les éléments, qui donnaient la nourriture à tous par la production indigène, abondante et variéeen chaque région, lesquelles ont été détruites ou tout au moins fortement endommagées au nom d'un Progrès purement nominatif et sous prétexte de Civilisation"(Henri Zisly, La conception du naturisme libertaire, novembre 1918 (Invariance)). Si les naturiens émergent du mouvement anarchiste, tous cependant ne seront anarchistes.

Aussi, les "théories nautriennes" en condamnant la Science et le Progrès,idolâtrés par la majorité du mouvement révolutionnaire de l'époque, ne vont pas manquer de susciter des réactions hostiles des « orthodoxes » du mouvementanarchiste, comme celle de Jean Grave qui écrit dans ses mémoires : "Parmi les divagations que suscita l'idée anarchiste dans certains cerveaux "instables", il fautciter les "Naturiens".

(....) Que, dans ce système, il y ait des principes excellents, nul n'en doute, mais lorsque c'est poussé, en système, à l'absurde, cela devient de laloufoquerie". Seule, pourtant, la presse anarchiste de l'époque va accepter de les publier : en France dans " Le Libertaire " et "Le Père Peinard" ; en Belgique dans « DébâcleSociale" et "Réveil des Travailleurs"; aux Pays-Bas dans "An Archie", aux Etats-Unis dans "Tribune Libre"; en Argentine dans " La Anarquia"; et dans bien d'autresgazettes anarchistes d'Angleterre, du Danemark, de Grèce, d'Espagne et d'Italie.

Ils s'exprimeront ainsi à travers diverses publications jusqu'aux environs, semble-t-il,de 1938.Au tout début du XXè siècle, les naturiens tenteront de réaliser leurs aspirations dans la vie quotidienne.

A la suite de l'expérience de la Cécilia en 1890, colonied'anarchistes italiens au Brésil, l'idée de créer des colonies, des milieux libres, est alors dans l'air du temps.

Le mouvement favorable à la création de ces milieuxdépassera largement les naturiens, pour englober toute une partie des anarchistes individualistes et autres anarchistes communistes.

Les colonies libertairesregrouperont le plus souvent entre cinq et vingt personnes et s'efforceront de vivre ensemble et autrement.

Elles se répandront en France, en Belgique, aux Pays-Bas,un peu partout en Europe, et bien entendu aux Etats-Unis (Ronald Creagh, Laboratoires de l'Utopie.

Les communautés libertaires aux Etats-Unis, Payot, 1983). En France, une quinzaine d'expériences verront le jour, menées par une centaine d'hommes et de femmes.

On peut citer les colonies de Vaux, d'Aiglemont, de SaintGermain en Laye, etc.

Dans certaines colonies, ce sera aussi l'occasion de mesurer un certain nombre d'idées autour de l'amour libre et du naturisme (naturisme quinaît, selon plusieurs travaux universitaires récents, sous le plume encore une fois d'Elisée Reclus).

L'un des principaux animateurs de ce mouvement sera "GeorgesButaud" qualifié en 1921 dans "Le Réveil de l'esclave" de véritable "Thoreau français". Sur ce sujet, il est bon de signaler que les anarchistes ne furent pas les seuls à fonder des colonies et de communautés.

En Allemagne notamment, l'"extrême droite",fit de même : ainsi la communauté végétarienne et raciste "Nueva Germania" fondée par Elisabeth Nietzsche dans l'optique de préserver la pureté de la race aryennedes mélanges raciaux et de la régénérer.

La question de la "nature" a toujours été présente dans les différents courants du fascisme ou d'une certaine droiterévolutionnaire conservatrice comme chez Julius Evola ou aujourd'hui Alain de Benoist, tenant d'une "écologie identitaire". Un peu plus tard, quelques poignées d'anarchistes et naturiens décideront de partir pour des contrées plus lointaines : Tahiti, la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, etc.Ainsi les anarchistes mordront aux mythes du communisme primitif et d'une vie saine et harmonieuse proche de la nature, forgés autour de ces sociétés.Selon un certain nombre de documents et d'archives, il semblerait que ces différentes colonies aient montré un souci écologique particulier en ce qui concerne laquestion de la biodiversité en agriculture et de l'alimentation locale.

Là-dessus, on peut citer également les grandes expériences de sociétés anarchistes et paysannesqui eurent lieu au XX siècle : celles des anarchistes ukrainiens autour de Nestor Makhno ou des anarchistes de Catalogne durant la guerre civile espagnole. Après la seconde guerre mondiale, les "théories naturiennes" ne furent pas reprises par les mouvements anarchistes et tombèrent dans l'oubli.

Pourtant, la vague desannées 1960 et 1970 autour de la redécouverte du corps, du retour à la nature ou de l'amour libre n'a sans doute pas surgi du néant.

Les grands phénomènes sociaux. »

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