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Les origines du langage

Publié le 13/04/2004

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langage

c. La tâche du législateur Selon Socrate, de même que le menuisier qui fabrique une navette pour le tissage a les yeux fixés sur la forme de la navette (la navette en soi), de même le législateur devrait savoir ce qu'est le «nom en soi«, «le nom naturellement approprié à chaque objet« pour l'imposer aux sons et aux syllabes. Il y aurait donc pour chaque chose un nom unique mais qui se trouverait appliqué par le «faiseur de nom« ou le législateur à une matière sonore variable selon les lieux. D'où les variétés des langues. «De même que tous les forgerons n'opèrent pas sur le même fer en fabriquant pour le même but le même instrument«, de même chaque législateur n'opérerait pas sur les mêmes syllabes chez les Grecs ou les Barbares mais donnerait néanmoins à toutes «la forme du nom requise par chaque objet«.

d. Le législateur devra être guidé par le dialecticien Et qui devra diriger et juger ensuite l'ouvrage du législateur ? N'est-ce pas celui même qui s'en servira? Or celui-là est l'homme qui connaît l'art d'interroger et en même temps celui de répondre, c'est-à-dire le dialecticien. Ainsi le nom, ouvrage du législateur, devra, pour être bon, être fait sous la direction du dialecticien ou de la dialectique.

On peut définir le langage comme un système de signes ordonnés suivant des règles. Il est une spécificité humaine dans la mesure où il comporte des caractéris­tiques propres absentes de la communication animale, en particulier sa plasticité et son caractère articulé, qui rendent possible une infinité de combinaisons à partir d'un nombre réduit d'éléments.

langage

« convention.

Il y aurait une seule juste dénomination pour chaque chose qu'imitent plus ou moins bien les noms desdifférentes langues.

Il reste maintenant à Socrate à expliquer en quoi consiste cette justesse naturelle du nom. e.

Des noms dérivés aux noms primitifsIl faut d'abord, dit Socrate, examiner les noms appliqués à ce qui a, par nature, une existence éternelle.

Car c'est làsurtout que l'attribution des noms doit avoir été faite avec soin.

Socrate passe alors en revue troisgroupes de noms dont il indique l'étymologie : ceux des Dieux, ceux des astres et des phénomènes naturels, ceuxdes notions morales.

Mais ces noms sont des dérivés et des composés.

Pour les interpréter, il faut remonter auxnoms primitifs dont ils proviennent.

Ainsi, par exemple, agathon (bien) est composé de agaston (admirable) et dethoon (rapide) ; ce n'est pas tout : le mot thoon pourrait sans doute être tiré de noms différents, et ceux-là,d'autres encore, jusqu'à ce qu'on parvienne à un élément qui ne puisse plus être rapporté à d'autres noms. f.

La justesse des noms primitifsLes noms primitifs ne pouvant être expliqués par d'autres noms, il faut faire intervenir la notion d'imitation.

Leurjustesse consisterait dans une certaine imitation des objets.

Selon Socrate, le nom serait «une façon de mimer parla voix ce que l'on mime et nomme, quand on se sert de la voix pour mimer ce qu'on mime».

Mais si l'on ne veut passoutenir cette absurdité que les «gens qui imitent les brebis, les coqs et les autres animaux» nomment ce qu'ilsmiment, l'imitation devra être obtenue au moyen des syllabes et des sons élémentaires d'une langue, de ses voyelleset de ses consonnes, et ne porter ni sur les sons émis par les choses ainsi nommées (sans quoi elle se confondraitavec la musique), ni sur la forme ou la couleur (ce qui est le propre de la peinture) mais sur ce que les choses sonten elles-mêmes, sur leur essence.

Et puisque c'est avec des syllabes et des lettres que se fait l'imitation del'essence, il convient d'abord de distinguer les éléments, les voyelles, les muettes, les demi-voyelles et de lesclasser par espèces.

Puis on distinguera correctement tous les êtres auxquels doivent s'appliquer les noms.

Dès lors,on saura attribuer chaque élément, d'après sa ressemblance avec l'objet.

Ces distinctions nécessaires, Socrate sedéclare incapable de les faire.

Il essaiera pourtant car si l'on ignore en quoi consiste la justesse de ces nomsprimitifs, il est impossible de connaître celle des dérivés et on ne dira dès lors que des sornettes.

Ainsi, même si sesimpressions personnelles sur les noms primitifs lui semblent «au plus haut point téméraires et risibles», Socrate tentede préciser les idées que suggèrent les sons ou les lettres : le «r» semble propre à l'expression du mouvement ; le«i» exprime la légèreté..., etc.

(voir extrait du Cratyle p.

61-62)Ainsi, conclut Socrate, pour chaque être, le législateur a créé un signe et un nom, et est parti de là pour composerle reste, par imitation, avec ces mêmes éléments.

Voilà en quoi consiste la justesse des noms.3 Entretien de Socrate avec Cratyle (428a-440e)Cratyle approuve la théorie du langage proposée par Socrate : «Je trouve tes oracles tout à fait à mon gré, que tudoives ton inspiration à Euthyphron, ou que depuis longtemps quelque autre muse t'habitât à ton insu.» MaisSocrate «se méfie de sa propre sagesse» et souhaite soumettre la question à un nouvel examen. Dans son dialogue Le Cratyle, deux interlocuteurs s'opposent : Cratyle soutient que les mots expriment la véritablenature des choses, c'est-à-dire leur essence, tandis que Hermogène ne voit dans les mots que des signesconventionnels institués pour rendre possible la communication.

Socrate, que Platon met en scène, critique tour àtour les deux thèses, mais ne prend pas position, dans le pur style du dialogue aporétique. L'hypothèse de Rousseau • Le langage naît des passions : l'origine des langues n'est pas due auxpremiers besoins de l'homme (on peut subvenir à ceux-ci sans parler).

Enrevanche, pour émouvoir, pour repousser un agresseur, la nature a fait jaillirles premières voix. « Comme les premiers motifs qui firent parler l'homme furent ses passions, sespremières expressions furent des tropes.

Le langage figuré fut le premier à naître, lesens propre fut trouvé le dernier.

On n'appela les choses de leur vrai nom que quandon les vit sous leur véritable forme.

D'abord on ne parla qu'en poésie; on ne s'avisade raisonner que longtemps après.

[...] Un homme sauvage en rencontrant d'autres se sera d'abord effrayé.

Sa frayeur luiaura fait voir ces hommes plus grands et plus forts que lui-même; il leur aura donné lenom de Géants.

Après beaucoup d'expériences il aura reconnu que ces prétendusgéants n'étant ni plus grands ni plus forts que lui, leur stature ne convenait point àl'idée qu'il avait d'abord attachée au mot de géant.

Il inventa donc un autre nomcommun à eux et à lui, tel, par exemple, que le nom d'homme, et laissera celui deGéant à l'objet faux qui l'avait frappé durant son illusion.

Voilà comment le motfiguré naît avant le mot propre, lorsque la passion nous fascine les yeux et que la première idée qu'elle nous offre n'est pascelle de la vérité.

Ce que j'ai dit des mots et des noms est sans difficultés pour les tours de phrases.

L'image illusoire offertepar la passion se montrant la première, le langage qui lui répondait fut aussi le premier inventé; il devint ensuite métaphoriquequand l'esprit éclairé reconnaissant sa première erreur n'en employa les expressions que dans les mêmes passions qui l'avaientproduite.

» Rousseau, Essai sur l'origine des langues, chapitre 3.. »

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