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L'oubli est-il une déficience de la mémoire ?

Publié le 05/02/2004

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Nous définissons communément l'oubli comme une « défaillance « ou une « déficience « de la mémoire. Cette conception négative de l'oubli ne peut-elle être remise en cause ? L'oubli ne serait-il pas, comme la mémoire, nécessaire, d'une certaine manière, à la vie? En un mot, peut-on vivre sans oublier ?

  • 1) Bergson : l'oubli, condition de l'action
  • 2) Nietzsche : l'oubli, condition d'une vie heureuse
  • 3) approche psychanalytique

« « Se souvenir de tout serait, en bien des circonstances, aussi fâcheux que ne se souvenir de rien; il faudrait,pour nous rappeler une portion déterminée de notre passé, exactement le temps qu'il fallut pour la vivre, et nous neviendrions jamais à bout de penser.

» William James, Principes de psychologie, 1890. « Imaginez l'exemple extrême : un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voirpartout qu'un devenir; celui-là ne croirait pas à son propre être, il ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudreen une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du devenir.

» Nietzsche, Considérations inactuelles, 1873-1876. « Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l'instant présent ne pourraientexister sans faculté d'oubli.

» Nietzsche, La Généalogie de la morale, 1887. « Nous n'avons pas encore totalement oublié ce que nous nous souvenons d'avoir oublié.

Nous ne pourrions pasrechercher un souvenir perdu si l'oubli en était absolu.

» Saint Augustin, Les Confessions, vers 400. C'est là le paradoxe de la mémoire : dans l'oubli même, tout n'est pas oublié.

Le fait que nous fassions parfois appelà notre mémoire pour retrouver un événement passé que nous avons « oublié » prouve qu'il demeure bien une tracede cet événement.

Autrement, nous n'aurions même pas conscience de l'avoir oublié. La mémoire-habitude, « fixée dans l'organisme, n'est point autre chose que l'ensemble des mécanismesintelligemment montés qui assurent une réplique convenable aux diverses interpellations possibles.

» Bergson, Matière et Mémoire, 1896.Quand on me demande mon numéro de téléphone, je le donne mécaniquement, sans faire aucun effort pour m'enressouvenir.

En effet, je l'ai communiqué tant de fois que je le connais « par coeur ».

Ainsi ce souvenir a bien toutesles caractéristiques de l'habitude. La mémoire-souvenir « retient et aligne à la suite les uns des autres tous nos états au fur et à mesure qu'ils seproduisent, laissant à chaque fait sa place, et par conséquent lui marquant sa date, se mouvant bien réellementdans le passé définitif, et non pas, comme la première lia mémoire-habitude, dans un présent qui recommence sanscesse.

» Bergson, Matière et Mémoire, 1896. Si l'on me demande comment j'ai réussi à apprendre mon numéro de téléphone, là je dois réfléchir.

Je dois précisément faire appel à ma mémoire pour retrouver mes premièreshésitations, les procédés mnémotechniques dont je me suis servi, les endroits où j'ai commencé par noter monnuméro...

Tous ces souvenirs sont datés et appréhendés comme des événements du passé.

Seule la mémoire que jemobilise de cette façon est la mémoire vraie.. »

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