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Le pain – PONGE

Publié le 11/09/2006

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Le poète contemporain, Ponge, éprouve dès sa jeunesse le « drame de l’expression «, . Pour lui, les mots sont incapables de traduire avec exactitude les mouvements de notre subjectivité et loin de la traduire, les faussent par leur imperfection. Il rejette les formes et les projets de la poésie traditionnelle. Jusque là, la poésie était inadéquate. En 1927, Ponge adopte Le Parti-pris des choses qui consiste à construire une « définition-description « dans un langage poétique réinventé. Ainsi son projet ultime, l’Homme, n’aboutira jamais. Laissant pour plus tard le complexe, Ponge explore ce que le langage peut dire des choses simples et consacre son écriture à des objets familiers qui nous entourent et s’attache, comme dans le pain, aux réalités les plus quotidiennes. Comment Ronge réussit-il le pari de choisir comme thème de poésie quelque chose de si ordinaire pour en faire un texte qui ne le sera pas ?
I. Un « parti-pris « : le refus des représentations culturelles et poétiques :
Le but de la poésie selon Ponge est d’enfin inventer un langage adéquat à l’objet, c’est-à-dire libéré des déformations que la culture et la subjectivité ont données. A. Le refus des représentations culturelles : Le pain est, à priori, humble mais culturellement et symboliquement il n’est pas anodin : c’est la nourriture primordiale avec le vin. Sa charge culturelle et religieuse a été sacralisée jusqu’à devenir le corps du Christ. Ponge refuse cette déformation symbolique et religieuse, selon lui « le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation «. B. Le refus des représentations poétiques : Ponge rejette les représentations poétiques traditionnelles du beau ou du moi. Un poème ne se limite pas à un sujet noble et il choisit, de ce fait, un aliment ordinaire pour sujet : le pain. Même refus pour les belles formes comme effet stylistiques et sonores ostentatoire du poème est choisit la prose, mais une prose tout de même poétique. Les rimes ne servent pas à identifier le caractère poétique du texte. Le refus de la subjectivité est démontré puisque le poème se veut être une « définition-description «. Le poète crée une distance en n’usant pas du « je « mais du « nous « ou du « on «, comme dans le vers « une masse amorphe […] pour nous « où on en peut identifier le « on « et le « nous «. Même les mots du langage habituel sont utilisés avec précaution (« ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie «). Et pourtant, malgré son refus affiché des traditions culturelles et lyriques au profil de la réalité matérielle, on constate dès le début du poème que l’on passe d’un objet dépeint à une recréation poétique. II. De l’objet à la recréation poétique :
On dépasse le matériel et ordinaire par l’adjectif « merveilleux «, le quotidien devient étonnant par le langage poétique que l’on use pour un objet. A. Le pain comme métaphore du monde : L’adjectif « panoramique « nous rappel comment le langage poétique de Ponge est riche Ainsi il superpose les deux étymologies, vraie et fausse, du mot : pan-oramique veut dire « voir « (ici le pain), est la fausse étymologie, et panoramique qui veut dire « tout voir « est la vraie. Voir le pain comme on peut voir le monde entier, d’où la comparaison qui assimile la croûte du pain à des montagnes dalle ; sous- Le four est à la fois l’espace clos où l’humain cuit son pain, mais est aussi un four stellaire, ouverture du cosmos.De même la fabrication du pain éructant en train de cuire (« four ; durcissant «) peut se comprendre comme la fabrication du monde avec le durcissement de la croûte terrestre à partir du magma que le poète appel « la mollesse ignoble sous-jacente «. B. Le pain comme métaphore de l’écriture poétique : Dans ce poème, deux champs lexicaux se poussent : L’informe et désordre (« masse amorphe ; lâche te froid «). L’ordre et le structuré (« tous ces plans dès lors si nettement articulés «). La transformation du pain dans le four figure le travail même du poète qui crée, Dans le pain, la mie et la croûte sont opposés comme le langage élémentaire l’est aux paroles poétiques. De plus, le jeu du langage est permanant dans ce poème, ainsi le terme « impression « renvoi à la sensation et à l’impression que le poème est en train de s’imprimer. C. Rendre les mots aux choses : Après l’élaboration et la création, la fin du texte évoque l’achèvement et la décomposition par les termes « rassit ; fanent ; rétrécissent ; détachent ; friables «. En utilisant même la ponctuation, le poète donne une impression de friabilité par les points de suspension. Ce texte déconcertant et difficilement qualifiable (texte de description ou poème en prose ?) adopte comme parti-pris l’élaboration du langage, de façon à rendre compte le plus fidèlement possible de l’objet en apparence le plus humble et le plus quotidien : le pain. Donc plutôt qu’une entreprise de réduction à une formule, il s’agit d’avantage pour la poésie de rendre compte du réel.

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