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Est-ce par son travail que l'homme prend conscience qu'il a une histoire ?

Publié le 09/09/2004

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travail

Les salaires ne sont pas proportionnels au travail et la division du travail, de plus en plus complexe dans un système industriel de type capitaliste, engendre de nouvelles inégalités et opère de nouveaux partages. Pourtant le travail n'est pas seulement un moyen de survivance, coextensif à la culture, tout comme la technique qui le suppose ; le travail est une activité par laquelle l'homme se distingue totalement de l'animal. Mais est-ce bien par le travail que l'homme prend conscience de son histoire ? N'est-ce que par le travail ? Le travail, épuisant les forces de l'homme, n'est-il pas pour l'homme un obstacle à la prise de conscience de soi ? N'est-ce pas un paradoxe de vouloir penser le travail comme le moyen de prendre conscience de son histoire ? I.   L'homme prend conscience de son histoire par le travail (exposition de la thèse de   Hegel)La relation du maître et de l'esclave lie dans l'inégalité deux consciences de soi, habitées par un même désir de reconnaissance. L'esclave survit à la lutte à mort originelle en intériorisant sa propre mort, en reconnaissant la puissance de son adversaire et partant, en abdiquant la liberté. Le maître, pour être reconnu dans sa dignité humaine, a risqué sa vie, a affronté la mort.

  • I. L'homme prend conscience de son histoire par le travail
  • II. Pourtant le travail aliéné dans un système de production industriel de type capitaliste est un facteur d'occultation de la conscience et de la conscience historique en particulier
  • III. Cependant les contradictions qu'engendre un système dans lequel le travail est aliéné conduisent l'homme à une prise de conscience de l'histoire
  • IV. Mais le travail ne suffit pas à l'homme pour prendre conscience qu'il a une histoire
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« l'homme par le travail, car à ses yeux le but de la vie humaine n'est pas le travail.

Il analyse ici en termes hégéliensle renversement dialectique qui s'opère dans l'exercice du travail.

Si les hommes travaillent, c'est en vue desubsister, d'assurer leur existence matérielle.

En d'autres termes, le travail traduit notre dépendance biologique.Mais par la prise de conscience de son travail, l'individu donne une signification à son activité qui échappe alors à lalogique du seul besoin. Le travail est « aliéné », il diffère de la vraie vie, séparée du travail.

Le travail réduit l'ouvrier à mener une vieanimale en vue d'une satisfaction de ses besoins, séparée du travail.Le temps libre, octroyé au XXe siècle grâce au développement économique, est souvent utilisé par les plus pauvrespour un travail supplémentaire dans le but d'améliorer leur niveau de vie.

Les travailleurs se trouvent ainsi tenus àl'écart des loisirs et des plaisirs qu'ils offrent (cf.

J.

Baudrillard, La Société de consommation ).Le travail abrutit, épuise, consume (cf.

Nietzsche, Aurore) ; il occulte la conscience de soi.

Il ne peut être pourl'homme le moyen de prendre conscience de lui-même ni par conséquent de son histoire. Nietzsche dira: Le travail constitue la meilleure des polices. C'est dans « Aurore », dans un paragraphe intitulé « les apologistes du travail», que Nietzsche déclare que le travail constitue la meilleure des polices.On connaît Nietzsche par ses attaques contre la religion et la morale, par sonprojet de création de nouvelles valeurs, mais on oublie souvent sa critique dela société de son temps, société du commerce, du travail, de ce l'on nommera« culture de masse ».

Dans une optique strictement opposée au socialisme,méprisé par Nietzsche, il s'agit d'une dénonciation en règle du nivellement desvaleurs, de la promotion de la médiocrité.« Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur la‘bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louangesadressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de toutce qui est individuel […] on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matinau soir - qu'un tel travail constitue la meilleure des polices.

»NIETZSCHE comprend la société de son temps (mais la nôtre correspond àses analyses) comme celle du culte de l'activité, du travail, du commerce.Derrière cette boulimie d'activité se cache toujours le même but : la sécurité« et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ».Or le danger, pour la foule, réside toujours dans l'individualité.

Le travail etson culte imposent une fatigue telle, une dépense d'énergie, si immense, quetoute cette force est soustraite « à la réflexion, à la méditation, à la rêverie,aux soucis, à l'amour, à la haine, il présence constamment à la vue un butmesquin et assure des satisfactions faciles et régulières.

»La sécurité, c'est la routine et le nivellement.

Le gaspillage des forces à des buts mesquins au lieu d'une pensée durisque.

Le monde moderne est l'anti « il faut vivre dangereusement ».

Le travail et le commerce imposent le manquede distinction entre les choses, les activités et les valeurs, l'incapacité à s'affirmer par soi-même et la nécessité detout juger selon autrui.

Or tout cela signifie refuser l'individu, l'individualité, tout ce qui est grand ou seulement soi-même. « On assiste aujourd'hui […] à l'apparition de la culture d'une société dont le commerce constitue l'âme tout autantque la rivalité individuelle chez les anciens Grecs et que la guerre, la victoire et le droit chez les Romains.

»Les sociétés antiques étaient des sociétés antagonistes, polémiques, où l'on se battait pour s'affirmer, se faire valoircomme individualité.

Le monde moderne est un monde de commerçants et de travailleurs.Le commerçant est celui qui taxe « d'après les besoins du consommateur, non d'après ses propres besoins les pluspersonnels ».

Cela est d'autant plus dramatique que ce type d'estimation est appliqué à l'art et aux sciences, à lapolitique.

« A propos de tout ce qui se crée, il s'informe de l'offre et de la demande, afin de fixer pour lui-même lavaleur d'une chose.

» C'est abaisser toute création au rang de marchandise, tout fruit de la culture à celui d'objetde vente, toute réussite d'un individu à une valeur d'échange.Le travailleur est celui qui s'abêtit en gaspillant ses forces au lieu de se former lui-même, de devenir une œuvre Dès« Aurore », NIETZSCHE voyait le modèle de la société moderne dans la culture américaine, une non-culture envérité, une « sauvagerie » dans l'aspiration à l'or et la frénésie au travail.Les textes sont on ne peut plus explicites et scandent la mort de la haute culture, de l'individu, de la méditation etde l'art.« On a maintenant honte du repos et on éprouverait presque un remords à méditer […] Car la vie, devenue chasseau gain, oblige l'esprit à s'épuiser sans trêve au jeu de dissimuler, duper […] la véritable vertu consiste maintenant àfaire une chose plus vite qu'une autre […] le goût de la joie s'appelle déjà ‘besoin de repos'.

» (« Gai Savoir »,$329).Le culte du travail et la valorisation de l'argent imposent une activité continuelle : on se détermine face à autrui ens'oubliant, et le loisir ne peut plus être ce qu'il signifiait pour les Grecs, « le temps libre », mais seulement l'indice dela nécessité du repos.

Nul rapport véritable à soi—même et encore moins aux autres n'est possible dans une tellesociété.Cette société est régie par la nécessité, cad par l'absence de distinction et de reconnaissance.

« On veut vivre etl'on doit se vendre, mais on méprise celui qui exploite cette situation inévitable et qui achète l'ouvrier.

». »

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