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LES PARADIS ARTIFICIELS DE BAUDELAIRE

Publié le 10/07/2011

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baudelaire

« On pourrait dire des Paradis artificiels qu'ils contiennent la « philosophie « des Fleurs du Mal «, écrivait un contemporain. C'est peut-être aller trop loin, mais ce jugement a du moins l'intérêt d'éclairer le véritable caractère des Paradis artificiels. Cet ouvrage n'a pas le caractère d'une fantaisie, en marge des préoccupations dominantes de Baudelaire. Il se relie directement à sa pensée profonde et projette sur elle un éclairage précieux. Le sujet, pris en lui-même, n'était pas original. Mais parmi ceux qui l'ont abordé, il faut distinguer les plus nombreux, qui voient seulement dans les stupéfiants un moyen d'échapper au tourment de la vie, et ceux qui leur demandent des sensations nouvelles et un enrichissement de leur inspiration. Dès le dix-huitième siècle, certains, comme Mlle de Lespinasse, avaient pris l'habitude de chercher dans l'opium « comme le soutien et la ressource du désespoir «. C'est aussi le cas d'Alphonse Rabbe, de Lefèvre-Deumier, de Théophile Dondey et de beaucoup d'autres pour qui l'opium est avant tout « un élixir d'oubli «. Mais, à côté de ce profit négatif, certains découvrent la possibilité d'un avantage positif : « L'infortuné veut oublier un moment et son sort et lui-même, et l'heureux cherche un bonheur plus grand. « Sénancour, qui s'exprime ainsi, semble avoir été le premier à considérer le sujet sous cet angle et à passer en revue les divers produits utilisés à cette fin : vin et liqueurs spiritueuses, thé, café, tabac, opium, béthel, coca. Après lui, Thomas de Quincey en Angleterre, Hoffmann en Allemagne, en France Joubert, H. de Latouche, Eugène Sue lui-même, Barbey d'Aurevilly, enfin Théophile Gautier, avaient célébré, sous des formes diverses, soit les bienfaits de l'ivresse, soit « la poésie de l'opium « (Eugène Sue), « un breuvage intellectuel, un poison céleste « (Latouche). Barbey, devançant Baudelaire, écrivait dès 1836 dans son Mémorandum : « Si j'étais poète, je ferais une ode à l'alcool, ce feu de Prométhée qui nous coule la vie dans notre misérable et flasque argile. « Joubert avait même attribué à l'ivresse une action spirituelle : « L'ivre de vin sent Dieu «.

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