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Parle-t-on comme on pense ou pense-t-on comme on parle?

Publié le 15/04/2005

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• Parle-t-on comme on pense?  — N'aurions nous pas une expérience de l'inadéquation de notre parole à notre pensée?  Ne nous semble-t-il pas souvent que nous possédons la pensée mais que le langage se dérobe à nous (ne disons-nous pas parfois que nous avons « le mot « sur le bout de la langue?)  — Ne pourrait-on toutefois objecter que cette distance n'est pas une distance entre notre pensée et son « expression verbale « mais entre une pensée informe (informelle parce que non formulée) et une pensée formée (qui aurait enfin pris forme dans et par le langage).  — Plus même, l'idée d'une pensée pure, purement vécue et antérieure à toute formulation (même « schématique «, au sens propre du terme) ne serait-elle pas un mythe?  • Pense-t-on comme on parle?  Notre pensée (aussi bien perceptive que conceptuelle) serait-elle réglée par la langue qu'il nous est possible de mettre en œuvre?  Cf. un certain nombre de travaux, notamment de Whorf sur la langue amérindienne hopi où il apparaît que la pensée (aussi bien perceptive que conceptuelle) serait déterminée par la langue mise en œuvre.  Ces travaux sont certes une mise en cause salutaire de la fonction langagière comme pur instrument de communication et d'expression. Mais un certain nombre de questions se posent.  — N'est-il pas possible de penser la même chose sous des signifiants différents?  Par exemple, le linguiste Frédéric François fait remarquer que tout nom peut toujours être remplacé par un syntagme et que la richesse lexicale n'est nullement un indice incontestable de richesse conceptuelle.  — Ne peut-on concevoir des « systèmes de signes distincts correspondant à des idées distinctes « indépendants des langues ?  Certes Roland Barthes en doute :  « Il paraît de plus en plus difficile de concevoir un système d'images ou d'objets dont les signifiés puissent exister en dehors du langage : percevoir ce qu'une substance signifie, c'est fatalement recourir au découpage de la langue : il n'y a de sens que nommé, et le monde des signifiés n'est autre que celui du langage. « Degré zéro de l'écriture, page 80.  Pourtant ne peut-on constater que les hommes sont capables de constituer des « systèmes de signes « qui ne comportent pas nécessairement les deux articulations ni le caractère vocal spécifique des langues humaines?  — La symbolisation peut-elle se réduire au langage?  — La pensée peut-elle être réduite à la symbolisation?  • Quel est ce on qui parle?  • Que peut-on penser sous le terme « pensée «?  « 1) Tout ce qui est vécu par une conscience humaine; toute activité purement mentale d'un sujet : « Par le mot pensée, je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous en sommes immédiatement connaissants. Ainsi toutes les opérations de la volonté, de l'entendement, de l'imagination et des sens sont des pensées « (Descartes)  « 2) Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est sensée caractériser l'homme par opposition à l'animal ; synonyme : entendement, raison.  • Prendre garde, en ce qui concerne l'ordonnancement de la dissertation, de partir du sujet tel qu'il est posé : qu'est-ce qui « commande « l'un sur l'autre : penser ou parler ? (même si ce problème repose sur le postulat implicite d'une adéquation entre penser et parler et vice versa).  La mise en cause éventuelle de ce postulat ne peut venir qu'après un essai de résolution du problème tel qu'il est posé sous peine de hors sujet.