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Parler est-ce penser ?

Publié le 11/11/2005

Extrait du document

Ainsi Nietzsche raille-t-il le « fait de grammaire « cartésien du je pense donc je suis en dénonçant le caractère absolument arbitraire de cette première personne du singulier. Cet usage ne constitue en fait que l'héritage d'un code, suscitant ainsi des croyances qui lui sont dépendantes. Nietzsche voit la pensée consciente comme une toute petite partie de la pensée qui se déroule continuellement chez l'homme, partie qui doit être communicable afin d'échanger avec son prochain. La parole ne nous sert qu'à penser dans le troupeau. C'est avec la cure psychanalytique que l'inconscient peut passer outre le refoulement et accéder à la conscience. C'est l'échange de paroles avec le thérapeute qui rythme la progression du patient vers la guérison : ainsi, la méthode de la libre association ou de suggestion permettent-elles au malade de prendre conscience des évènements ou émotions qui l'empêchent de progresser. Cet inconscient n'est pas seulement un réservoir de pulsions, il accède à la pensée dès lors qu'il est possible pour lui de s'exprimer par la parole.   III.            PARLER : LA PENSÉE QUI SE FAIT ACTE Parler, ce n'est pas seulement exprimer sa pensée ou la révéler, c'est aussi, dans certains cas, agir. Ce qui fait que le sujet n'est pas seulement celui qui parle, mais celui qui peut avoir un certain pouvoir, qu'il soit politique, morale ou religieux.

Il apparaît aberrant de dire d’un jeune enfant qui n’a pas encore parfaitement accès à la parole qu’il ne pense pas pour autant. La question ne porte pas tellement sur un rapport de simultanéité entre parole et pensée que sur la manière dont est structurée leur relation. Est-ce par le langage que notre pensée prend corps ou est-ce la pensée qui dicte nos paroles ? Ce n’est pas seulement la possibilité d’un échange optimum entre les individus qui pose problème, mais aussi la définition de la nature de cette « pensée « : ne la considère-t-on que dès lors qu’elle est consciente ? Parler, n’est-ce pas sans cesse effectuer des concessions entre le code que nous utilisons et la pertinence de notre pensée forcément intime ? Enfin, si la parole est la mise au monde de notre pensée, celle-ci ne peut-elle pas acquérir un statut différent, transformant le sujet parlant en un sujet moral, religieux ou politique, bref en un sujet agissant ?

« existence la plus haute et la plus vraie. » 1.

La thèse est examinée en chacun de ses éléments.

D'abord la pensée.

Penser c'est avoir conscience depenser, ce qui implique un dédoublement.

Si naïvement toute pensée, en tant que personnelle (« nos pensées »), est crue de l'ordre de notre intériorité (et strictement seulement de cet ordre), philosophiquement, elle est aussi de l'ordre de l'extériorité (et donc différenciée de l'intériorité).

Penser est une activité (« donner »à nos pensées) qui assure le passage d'un ordre à un autre, où l'on passe en même temps de l'abstrait(« penser » dans le vague en général) au concret, de la subjectivité à l'objectivité (des pensées « déterminées », cad qui sont celles-ci ou celles-là).

Enfin, avec une réflexion particulière qui doit être consacrée à l'idée de forme (la « forme » objective) qui, en tant que forme, assure une universalité de la pensée applicable dans la diversité et la multiplicité des situations – s'opposant implicitement à un plein qui ne peut seréférer qu'à l'unique particularité du contenu de ce qui est ici et maintenant.

Forme claire opposée à l'obscur duplein. En suite le mot.

Si pour la pensée, il convenait de distinguer intériorité et extériorité, il faut reconnaître au mot (défini au passage comme « son articulé ») le statut concret (« l'existence ») d'une synthèse de l'intériorité (« l'interne ») et de l'extériorité (« l'externe »).

D'un rapport privilégié du mot et de la conscience, puisque c'est le mot qui est le seul à pouvoir à chaque fois unir (intimement) les deux positions de la pensée. La pensée n'est ni l'intériorité seule (l'intériorité est insuffisante il en faut plus) ni l'extériorité seule (il n'y a d'extériorité que seconde, puisqu'elle est le produit, le résultat d'une activité qui prend naissance dans l'intériorité).Mais seul le mot articule en même temps, à la fois, l'intériorité (c'est moi, je, qui parle) et l'extériorité (la « forme » du langage me permet de dire l'universel). 2.

Penser, cad tenir à la fois l'intériorité et l'extériorité, n'est possible qu'avec les mots.

D'où logiquement(« par conséquent ») la réfutation d'une thèse, qui pourtant a cours, et selon laquelle, croit-on, il serait possible de « penser sans les mots ». Prétention démesurée d'un vouloir (« vouloir » penser) qui s'oppose à un pouvoir limité, et qui prend la figure d'une tentative (qui est peut-être même une tentation) impossible et insensée.

Tout à la fois dans le sens de tentativefolle (désespérée), qui n'a pas de sens (qui ne s'oriente nulle part, car sans issue) et vide (ça ne veut rien dire,puisque justement pour penser il faut des mots…). Prétention de l'ineffable à dénoncer.

Selon la métaphore architecturale d'une construction où il y a un haut et unbas (et par là même une fondation, « un fondement ») la croyance répandue (« ordinairement ») en l'ineffable (ce qui échappe à l'expression) est celle d'un haut sur-valorisé (« ce qu'il y a de plus haut »), mais qui ne s'appuie sur rien (« sans fondement »).

Ce qui fait que ce qui est pris par l'opinion, pour le haut n'est en réalité –à l'opposé de l'apparent- que superficialité, qui s'oppose à la solide épaisseur du profond. Cette métaphore, imaginée pour dire l'ineffable, ne pouvant jouer qu'à vide, on peut aussi en proposer une autre,plus réelle (« en réalité… »), mais ici, à peine suggérée : celle d'un baquet, où une chimie secrète (« obscure ») opère sa fermentation.

L'ineffable n'est pas apparemment dans la clarté de ce qui est « le plus haut », mais, en réalité, dans l'obscur de ce qui est au plus profond.

Mais cet obscur fait l'objet d'un travail caché qui s'accomplit au-dedans, dans le bruissement discret de la fermentation.

Mais cette pensée sobre est incomplète, « obscure » au sens d'incompréhension, impossible à déchiffrer, comme on parle d'un sens difficile à comprendre, de quelque chosed'embrouillé ou de fumeux (les vapeurs de la fermentation).

Elle ne sera pensée qu'une fois accomplie, achevée,rendue claire par le mot qui donne le sens. 3.

D'où la reprise de la thèse, mais en insistant maintenant sur le processus à l'œuvre qui permet un passage, versle plus (« le plus haut », « le plus vrai »).

Extrême du mot qui, mené à son terme, fait passer de l'essence à l'existence, du possible au réel.

Langage qui dit le vrai, qui explicité l'implicite de la pensée : « Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. » L'intérêt de ce texte tient à la dénonciation de la thèse d'une dénaturation de la thèse d'une dénaturation de la pensée par le langage.

Ce dernier, soutient-on parfois, par sa simplification, ne parviendrait jamais à rendre comptede la complexité de la pensée.

Aussi ce texte est-il une condamnation de l'hypothèse d'un ineffable de la pensée,irréductible à tout langage. Positivement, Hegel , par le langage, fait le lien entre l'intérieur et l'extérieur, en affirmant, dialectiquement, qui ce lien ne peut se produire, que par l'extériorisation de l'intériorité. Cependant, quelle que soit l'habileté dialectique, son présupposé hostile à l'intériorité, son déni de la capacité del'homme à atteindre l'ineffable, amènent Hegel à laisser échapper une partie de la vérité.

Il y a malgré tout une certaine partie de la pensée qui ne peut que rester obscure.

Et, contrairement à ce que soutient Hegel , non par manque, mais plutôt par un trop-plein.

Sinon, comment expliquer la notion d'inconscient, que Hegel refuse de prendre en charge ? II.

PENSER PAR LA PAROLE Mais le langage que nous utilisons est avant tout un code que nous utilisons pour penser.

Ainsi Nietzsche raille-t-il le. »

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