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Pascal, Le Divertissement

Publié le 23/11/2010

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pascal

1 -  Les liens logiques

       Dans cet extrait des Pensées, Pascal nous explique sa thèse en utilisant un certain nombre de liens logiques.

Expression de la cause : l.32, emploi de la conjonction de subordination «d’où vient que cet homme.. «  

Expression de la concession : l.35, (L’homme), « quelque… « et l.37, « quelque « (heureux qu’il soit,..) emploi de la conjonction de subordination « quelque «.

Expression de la condition : l.35, « si « (on peut gagner…) l.37, « s’il « (n’est diverti…) emploi de la conjonction de subordination si et s’.

2 -  L’auteur illustre ses idées par des exemples. Il prend l’exemple de l’homme le plus puissant, le roi, qui occupe« le plus beau poste du monde «, entouré de ses courtisans. Il ne cesse de se divertir mais Pascal prétend qu’il deviendrait aussi malheureux que « le moindre de ses sujets « si on lui enlevait les plaisirs et les jeux  Il nous donne un autre exemple, celui du père accablé par la perte de son fils qui oublie ses tourments dans une partie  de chasse au sanglier. De plus, Pascal , pour insister sur la condition faible et misérable de l’Homme , utilise le champ lexical du tragique : l.1 et 2 « périls et les peines «, « tant de querelles «, l.3 « tout le malheur des hommes «. L.9 « tous nos malheurs «. L .19 à 21 « …révoltes…la mort et des maladies, qui sont inévitables «. L.29 « notre malheureuse condition «. L.38 « chagrin et malheureux «. Ainsi le même champ lexical est utilisé pour les deux personnages.

3 -  Les étapes de la démonstration

De la l.1 à 8, Pascal fait le constat de la recherche permanente par l’homme d’activités sérieuses ou de loisirs, qui l’empêchent de se retrouver face à lui-même.  Il évoque ainsi la cause de « tout le malheur des hommes «. 

De la l.9 à 12, l’auteur donne la raison de ce divertissement. C’est une lutte contre le malheur existentiel.

De la l.13 à 36, Pascal fait la démonstration de sa thèse en donnant des exemples précis, celui du roi, puis celui du chasseur.

De la l.36 à 41, conclusion dans laquelle il reprend toutes ses affirmations.

 

4 -  Reformulation de la thèse soutenue par Pascal

 

  L’homme est incapable d’accepter sa condition d’Etre faible et mortel. Pour échapper à cette réalité, il se réfugie  dans  la recherche du divertissement et de l’action.                                                                                                                                                                           

 

        Pascal énonce dans ses Pensées  « j’ai dit souvent que tout  le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans sa chambre «. L’homme se réfugie dans des activités diverses, il cherche à se tromper et refuse de penser. Cela lui permet d’échapper à sa misère existentielle. Dans un premier temps, nous analyserons comment, selon l’auteur, l’homme oublie l’essentiel  de la  condition humaine dans le divertissement. Puis, nous  verrons que le divertissement est peut être  le seul moyen de supporter  « l’insupportable «. Nous pourrons ensuite nous demander si de nos jours,  à l’heure du développement  des   moyens de communication, de la société de loisirs, l’homme peut « demeurer  en repos «  et s’il n’est pas encore plus sollicité pour      s’éloigner de ses préoccupations existentielles.

        Qu’est-ce qui pousse l’homme à quitter « sa chambre «, son lieu intime qui pourrait être son havre de paix pour aller dans le tumulte, l’agitation ? Il cherche avant tout  à échapper à l’ennui, qui l’amènerait immanquablement à la réflexion sur le fond angoissant de l’existence humaine. Il préfère se perdre dans des activités,  pour ne plus être accablé par sa condition de mortel. C’est donc par une fuite éperdue vers l’action qu’il tente d’occulter ces questions existentielles. Cette agitation peut prendre bien des aspects : la distraction, les jeux, mais aussi les affaires, les passions, les guerres. Pascal nous donne l’exemple  du roi, et  de sa cour, lieu où de trouvent les deux formes de divertissement, celle  de tous les  plaisirs mais  aussi  celle des affaires .C’est en quelque sorte le modèle de la vie humaine en général, car aucun être humain ne semble échapper à cette frénésie d’action.    

          En effet, le divertissement est peut être le seul moyen de nous consoler de l’idée de la mort, il nous permet de nous évader d’une réalité trop lourde  à porter et  de moins souffrir,  il nous procure aussi souvent de la joie. Comment pourrait- on vivre sans cette lutte contre le désespoir ? Pourrait-on  connaitre un moment de bonheur, si nous ne cessions de penser à ce que nous sommes  et à ce que nous allons devenir ?

        Un des faits marquant de  notre époque, c’est l’impression que tout est accéléré. Nous entendons souvent des hommes ou des femmes dire « je n’ai pas le temps «. Nous avons le sentiment que tout va plus vite et que nous n’avons plus le temps de la réflexion. Cela parait être un trait typique de la modernité de s’éloigner  de tout souci métaphysique  .Une des différences importantes avec l’époque de Pascal est le développement des moyens de communication. Qu’il s’agisse des moyens de transport, de la télévision ou d’internet et du téléphone, nous avons rapidement accès à presque toute la planète. Il paraît donc difficile de rester en repos dans sa chambre, car nous sommes en permanence sollicités  par ces outils de communication modernes. Cette agitation encore plus grande de notre monde moderne nous pousse dans une vie qui parait artificielle, pour combler le vide.  On peut  alors comprendre que des hommes qui ont de grandes situations ou peuvent gagner beaucoup d’argent, laissent  tout pour s’isoler dans un coin du monde,  pour  se retrouver face à eux-mêmes, convaincus que le  vrai bonheur est  ailleurs, « dans le repos «,  comme Mathieu Ricard, brillant scientifique devenu moine bouddhiste , il a choisi la voie de la réflexion et de la méditation.

Je peux aussi parler de ma  propre expérience. Il m’arrive  assez souvent de chercher à m’isoler, et c’est dans ma chambre que je me trouve alors le mieux. J’éprouve le besoin d’être seul,  au calme. C’est là que je prends le temps de la réflexion. Des questions me viennent alors à l’esprit, m’assaillent, et souvent m’angoissent.  Je reconnais que certaines d’entre elles me sont 

 

insupportables, ce n’est pas tant l’idée  de ma mort  qui m’impressionne, sui s -je peut-être encore 

trop jeune, mais celle de mes parents qui me parait effroyable. Je pense  aussi à notre planète si petite, noyée dans l’immensité de l’univers et je réalise combien je suis peu de chose. J’avoue que bien souvent,  désemparé  et attristé,  je finis  par ressentir le besoin  de ne plus  penser  à rien, alors je  m’empresse de retrouver  ma famille  pour  tout oublier , en me replongeant dans l’agitation quotidienne.  

 

        On peut ainsi penser  avec Pascal, et cela est encore vrai de nos jours, que le  divertissement est avant tout une fuite de soi même et que le fait «d’occuper notre esprit « nous détourne de la question essentielle de la condition humaine Si l’homme ressent, certes parfois le besoin de se retrouver avec lui-même, seul  « en repos «, « dans sa chambre «, il finit toujours par quitter ce lieu intime qui le renvoie à sa condition de mortel .Mais je m’interroge , comment  pourrait il  vivre autrement ? 

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