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PASCAL: Qu'est-ce que le moi ? (Commentaire de texte)

Publié le 26/01/2011

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pascal

« Qu'est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on? moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. «  Blaise PASCAL, Pensées 

La conscience de soi est d'abord celle de l'évidence de sa propre identité. Nous nous rapportons immédiatement à nous-mêmes en tant que sujet de nos sensations, de nos actions ou de nos pensées. Ce que je ressens, je sais que c'est moi qui le ressens, il en est de même avec ce que je fais ou ce que je pense. Nous vivons donc continuellement dans la certitude d'être soi même. La philosophie interroge cette évidence et la prescription de l'oracle de Delphes : « Connais-toi toi même. « est l'une des interrogations inaugurales. C'est à partir de cette évidence d'être soi que Pascal questionne le moi. La présence de l'article indique que l'auteur va chercher à définir cette « réalité « du moi. Qu'est ce qui nous définit comme un moi ? Plus surprenant encore la question : « Qu'est ce que le moi ? « devient vite cette autre question : Qu'est ce que l'on aime en moi lorsque l'on m'aime ? Pourquoi cette appréhension du moi par l'amour ? En considérant le moi à travers son corps et à travers son âme, Pascal cherche à le localiser mais le moi n'est-il pas ce qui nous échappe toujours alors que paradoxalement nous sommes toujours pour nous-même « moi « ? Comment comprendre alors cette dernière prescription morale qui nous interdit de nous moquer des gens d'honneur et de responsabilités...

pascal

« qualités, les qualités d'une âme, les qualités du corps.

On n'aime pas la personne, on aime personne, c'est à direaucune singularité déterminée et repérable comme telle.

On ne peut aimer une personne abstraitement.

Pascalprécise qu'il serait injuste de n'aimer que des qualités abstraites de l'âme (ou du corps) car on n'aurait aucune raisond'aimer une personne plus qu'une autre. Le dernier paragraphe est une prescription morale qui clôt le raisonnement de l'auteur, nous n'aimons chez les autresque des qualités empruntées, c'est à dire des qualités qu'ils ont pour un temps et qu'ils rendent d'une certainemanière, ces qualités non substantielles ne définissent pas les personnes, aucune qualité en ce sens ne vaut mieuxqu'une autre, aucune n'exprime mieux que l'autre ce qu'est la personne.

Lorsqu'on se moque, on se moque decertaines qualités (que nous appelons défauts) que nous n'aimerions pas avoir ou que nous avons peur d'avoir.

Maisces défauts ne définissent pas les personnes, pas plus que leurs qualités, lorsque nous nous moquons, nous ne nousmoquons que des qualités qui ne sont pas ce qui font les êtres.

Ceux qui acceptent les charges et les offices sontceux qui ont des responsabilités institutionnelles, ceux qui cherchent à se faire aimer par leur action.

La chargeétant une mission à accomplir, l'office pouvant représenter la responsabilité religieuse.

Toutes les qualités se valent,Pascal critique ceux qui par exemple valorisent les qualités de l'âme au détriment des qualités du corps, aucunequalité n'est durable, celui qui se met par exemple au service du roi, ou le roi lui-même qui ne doit son titre qu'à safiliation vaut autant que le philosophe et ses facultés intellectuelles qui ne dit devoir que de lui-même.

Aucunhomme n'est suffisamment supérieur à un autre pour pouvoir s'en moquer car chacun de « brille » qu'un moment quepar des qualités qui ne lui sont pas inhérentes. La question initiale de Pascal subit un déplacement, le moi cesse progressivement de faire l'objet d'une recherchedéfinitionnelle de type métaphysique pour devenir l'objet introuvable d'un amour impossible.

Le moi n'existe que dansl'amour, celui que l'on se porte à soi-même, celui qu'on nous porte en tant que nous sommes aimé.

Mais cetteexigence d'amour excède l'amour dû aux qualités.

Les autres ne m'aiment que pour des qualités finalement aussi peuessentielles que des qualités institutionnelles, sans jamais m'aimer, moi, comme je voudrais qu'ils m'aiment, c'est àdire pour moi même.

Cependant cette revendication du moi est injuste, car il est injuste de n'aimer une personneque pour des qualités qui la rendent aimable mais cette injustice es le signe d'une misère, celle de notre condition etde l'impossibilité de faire correspondre notre désir d'amour (celui que l'on donne ou veut recevoir) avec un être aimé. \Sujet désiré en échange :Hume: La société améliore-t-elle l'être humain ?. »

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