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Peut-on dire avec Alain que "la passion est toujours malheureuse" ?

Publié le 03/01/2004

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alain
A tel point que le fait de nommer, de qualifier un Pouvoir, lui donne sa cohérence, sinon son existence: qui dit monarchie se met en mesure d'élaborer le système monarchique, formule la série des concepts qui se trouvent mis dans la langue. Toutes les institutions majeures ont pour rôle de tester et d'élaborer le langage du Pouvoir. L'un des privilèges les plus incontestables du milieu dirigeant est précisément de conserver la langue. Le langage de la culture se confond avec celui de la classe dirigeante. Les faits langagiers montrent la capacité "performative" des classes dirigeantes. Et, le propre de ces dernières est d'éviter ou d'intégrer la "gheottisation" du langage: culture jeune (BD, musique, expressions "branchées"...). Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à son tour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique et politique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsque la France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg. De même, à la limite, on obtient le phénomène de la langue de bois qui est une conséquence de la glaciation du langage et/ou de la glaciation du Pouvoir. Aussi, il faut bien qu'un jour, change ce langage jugé rétrograde.

Le sujet pose une question fermée à laquelle il faudra répondre par oui ou par non. On vous demande de déterminer si la parole est un pouvoir. Pour pouvoir répondre à cette question, il faudra vous demander quel type de pouvoir pourrait être le langage, et donc examiner les différentes sortes de pouvoirs qui existent (force physique, charisme, force de persuasion).  On tentera de faire une analyse aussi complète que possible de la notion de pouvoir, en remarquant en particulier que son sens ne se réduit pas au politique.  On remarquera que l'idée d'un pouvoir de la parole ne va pas de soi dans la mesure où l'on a plutôt coutume d'opposer les actes (qui peuvent quelque chose) aux paroles, censées se limiter à l'expression et à l'information, quand elles ne servent pas purement et simplement à masquer l'impuissance.

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