Devoir de Philosophie

L'expression contemplation de l'oeuvre d'art signifie-t-elle que nous soyons passifs dans le plaisir esthétique ?

Publié le 21/03/2004

Extrait du document

Or l'oeuvre véritable propose au contraire - à la sensibilité et peut-être complémentairement à l'esprit - un dispositif qui, n'étant pas en permanence présent dans le quotidien, s'affirme comme singulier.En quoi réside cette singularité ?

- Solution kantienne: dans l'impression d'une finalité sans fin. On peut alors montrer que cette perception d'une finalité sans fin suppose une activité du «consommateur« puisqu'il arrive fréquemment que l'oeuvre, par suite de modifications matérielles, ne corresponde plus à sa première organisation. Donc:

* ou bien l'oeuvre attire immédiatement l'attention par sa forme (le sonnet);

* ou bien cette forme a été transformée et c'est alors l'esprit qui reconstitue une autre version de la finalité intrinsèque. Ex.: statues mutilées, tableaux tronqués, architectures ayant perdu leur coloration d'origine (intérieur des églises romanes), etc.- Confirmation par Hegel: si l'art a une dimension spirituelle, cela signifie que l'esprit y trouve des éléments qui le dirigent sur la voie d'une compréhension pré-conceptuelle.

- Toute oeuvre se présente ainsi comme un carrefour où se rassemblent des significations et des contextes qu'il appartient à l'esprit de parcourir:

* Ex. le goût artistique des ruines (méditation possible sur l'histoire, la civilisation, la mort, etc.

Selon le Dictionnaire , la "contemplation" se définit de la manière suivante :

  •  1. « action de contempler «, c'est-à-dire de « regarder attentivement, avec admiration «.
  •  2. « Profonde application de l'esprit à un objet intellectuel « « Connaissance de Dieu acquise par la méditation. «.

 A première vue, on pourrait croire que seul le premier sens doit être ici considéré : l'œuvre d'art étant une réalité : matérielle, on la contemplerait comme on contemplerait un paysage, le ciel, la mer, etc.. et non pas comme on méditerait un sujet intellectuel, ni, a fortiori comme on contemplerait Dieu. Pourtant il convient sans doute de dépasser cette vue et de se demander si précisément il n'y a pas dans la contemplation de l'œuvre d'art et dans le plaisir esthétique que nous en retirons, un effort et une tension de tout notre être pour nous porter à la rencontre de l'œuvre d'art et pour l'appréhender. Comme la contemplation de Dieu, celle de l'œuvre d'art serait alors un état exigeant le concours de l'intelligence, du sentiment et de la volonté.

« KANT: « La beauté est la forme de la fïnalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans la représentation d'une fin ». Ce qui est beau a l'apparence de la finalité.

Chaque élément semble concourirà l'effet d'ensemble, qu'il s'agisse d'un paysage, d'un tableau, d'une musique.Cette finalité ne se ramène pas au critère classique de la perfection puisquecelle-ci suppose Inadéquation de ce qui est à l'idée ou concept.

Or, nousvenons de le voir, le jugement de goût est toujours particulier et ne procèdepas par concepts.

Cette finalité est sans fin.

On ne peut lui assigner unefonction.

La forme finale de l'objet a l'apparence de la gratuité.

Les êtresvivants ont aussi la forme de la finalité mais cette finalité n'est pas sans finpuisque les parties concourent à une fin, la survie.

Cette troisième définitionmontre que Kant ne définit pas la beauté à partir de la seule qualité de l'émotion.

La beauté n'est pas que dans le sujet.

Tout n'est pas beau, toutn'est pas susceptible de produire le plaisir esthétique, cela ne dépend pas dela seule disposition intérieure.

D'où vient le plaisir? · d'un objet dont la forme finale peut paraître gratuite, ce qui nous prédispose au désintéressement.

Ainsi une machine à café dont toutes lesparties sans exception sont subordonnées à sa fonction de faire le café nepeut être jugée belle et notre rapport à elle ne sera qu'utilitaire.

Par contre lanature est telle que nous pouvons soit la contempler soit l'utiliser. · d'un objet qui a une forme finale.

Pourquoi la juxtaposition d'éléments ne se prête-t-elle pas au plaisir esthétique? Parce qu'il est impossible de lui assigner un sens.

Kant ne veut absolument pas dire que la belle nature ou œuvre d'art ont un sens.

Elles n'ont pas un sens mais elles sont belles dans la mesure où il est possible de leurdonner du sens c'est à dire un sens qui ne s'épuisera jamais, qui suscitera toujours de nouvelles interprétations (cf.votre pratique de l'analyse littéraire: le texte n'est pas l'objet d'une connaissance mais d'une interprétation qui peutindéfiniment s'enrichir).

Un plaisir esthétique a sa source « dans le libre jeu de l'imagination et de l'entendement ». Libre jeu car l'imagination n'est pas subordonnée à l'entendement comme dans la connaissance où elle doit se plier àses règles : si elle ne s'y plie pas elle divague, elle rêve, elle entrave la connaissance.

Face au beau qui n'est pasl'objet d'un jugement de connaissance (en langage kantien déterminant ) l'accord entre l'imagination etl'entendement ne suit aucune règle.

Par exemple lorsque nous écoutons une œuvre musicale, nous associons auxsons des images, ces images s'organisent et prennent un sens mais d'autres associations seraient possibles, unautre sens pourrait jaillir et c'est pour cette raison que le désir d'écouter l'œuvre ne s'épuise pas.

Le plaisir naît dece libre accord et finalement pour Kant de l'expérience intérieure de la liberté de nos facultés.

Ce qui plaît est la liberté.

L'expérience esthétique est une expérience de la liberté comme absence de contraintes, intellectuelles(règles de l'accord des facultés en vue d'une connaissance), morales (le beau n'est pas le bien), sensibles (le beaun'est pas l'agréable), utilitaires (le beau n'est pas l'utile). — Confirmation par Hegel: si l'art a une dimension spirituelle, cela signifie que l'esprit y trouve des éléments qui ledirigent sur la voie d'une compréhension pré-conceptuelle. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère etHésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegeldéfinit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparitiondu christianisme.

La religion chrétienne est essentiellementanthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles