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Pense-t-on jamais par soi-même ?

Publié le 05/12/2005

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Deuxième partie : Qu'est-ce que vraiment penser par soi-même ? a) Est-ce avoir une pensée originale ? Si, par cette expression, on entend une pensée singulière, excentrique, solitaire, voire incommunicable, il faut observer que : - nulle pensée ne peut s'affranchir totalement des catégories linguistiques et plus largement culturelles qui l'ont façonnée ; l'imagination la plus folle est inscrite dans une histoire qui la dépasse et permet de la comprendre. Cf. l'ouvrage de L. Febvre : Le Problème de l'incroyance au xvi siècle, la religion de Rabelais ; - l'idée d'une pensée « individuelle », « séparée », « solitaire », est elle-même historiquement datée, comme ce « moi » qui nous est familier ; elle n'aurait guère de sens avant le XVIIe ou le XVIIIe siècle. Le « connais-toi toi-même » de Socrate n'était pas une invitation à l'introspection, mais à la découverte que notre âme est parente des dieux, qu'elle transcende notre singularité. b) Mais il faut surtout remarquer qu'une pensée véritablement originale est d'abord une pensée, c'est-à-dire une idée, un jugement, une construction de représentations qui sont intelligibles, que l'on peut comprendre ; l'opinion, au contraire, ou le préjugé, ne sont ni des pensées originales, ni même tout à fait des pensées, dans la mesure où la réflexion manifeste leurs contradictions, leur insuffisante intelligibilité. C'est le sens de l'ironie socratique : elle rend éclatante l'absence de pensée dans les opinions habituelles. Dès lors, si je comprends une pensée, par exemple celle de Descartes, l'ordre des raisons qu'il institue, je suis en présence de la pensée d'un homme qui a pensé par lui-même ; mais comme sa pensée est une vraie pensée, ce faisant, j'entre moi-même dans la sphère de la pensée, ou, si l'on veut, je pense enfin par moi-même.

« essaient de marcher seuls.

Or ce danger n'est sans doute pas si grand, car après quelques chutes, ils finissent bienpar apprendre à marcher ; un tel exemple rend pourtant timide et dissuade d'ordinaire de toute autre tentativeultérieure. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Les hommes veulent-ils toujours la liberté ?2 Quelle est la cause première de la perte de liberté ?3 Comment les autorités intellectuelles peuvent-elles imposer leur pouvoir ? Réponses: 1 - Non, le plus souvent ils préfèrent la servitude.2 - Le manque de volonté pour raisonner par soi-même.3 - Ce pouvoir leur est volontairement délégué par ceux qui leur obéissent. d) D'autre part, sur le plan de l'action, Descartes sait que nous n'avons pas toujours la possibilité de « discerner lesplus vraies opinions » ; l'urgence de l'action peut contraindre à suivre celles qui sont « communément reçues enpratique », tant que ne sera pas élaborée « la plus parfaite morale qui, présupposant une entière connaissance desautres sciences, est le dernier degré de la sagesse » (Principes, préface). Deuxième partie : Qu'est-ce que vraiment penser par soi-même ? a) Est-ce avoir une pensée originale ?Si, par cette expression, on entend une pensée singulière, excentrique, solitaire, voire incommunicable, il fautobserver que :— nulle pensée ne peut s'affranchir totalement des catégories linguistiques et plus largement culturelles qui l'ontfaçonnée ; l'imagination la plus folle est inscrite dans une histoire qui la dépasse et permet de la comprendre.

Cf.l'ouvrage de L.

Febvre : Le Problème de l'incroyance au xvi siècle, la religion de Rabelais ;— l'idée d'une pensée « individuelle », « séparée », « solitaire », est elle-même historiquement datée, comme ce «moi » qui nous est familier ; elle n'aurait guère de sens avant le XVIIe ou le XVIIIe siècle.

Le « connais-toi toi-même» de Socrate n'était pas une invitation à l'introspection, mais à la découverte que notre âme est parente desdieux, qu'elle transcende notre singularité. b) Mais il faut surtout remarquer qu'une pensée véritablement originale est d'abord une pensée, c'est-à-dire uneidée, un jugement, une construction de représentations qui sont intelligibles, que l'on peut comprendre ; l'opinion, aucontraire, ou le préjugé, ne sont ni des pensées originales, ni même tout à fait des pensées, dans la mesure où laréflexion manifeste leurs contradictions, leur insuffisante intelligibilité.

C'est le sens de l'ironie socratique : elle rendéclatante l'absence de pensée dans les opinions habituelles.

Dès lors, si je comprends une pensée, par exemple cellede Descartes, l'ordre des raisons qu'il institue, je suis en présence de la pensée d'un homme qui a pensé par lui-même ; mais comme sa pensée est une vraie pensée, ce faisant, j'entre moi-même dans la sphère de la pensée, ou,si l'on veut, je pense enfin par moi-même. c) Hegel dénonce en ce sens l'illusion qui consiste à croire qu'une penséeinformée puisse ne pas être une véritable pensée.

Lorsque je connais ladémonstration d'un théorème ou lorsque je comprends un raisonnementphilosophique, je ne reçois pas une pensée étrangère, extérieure, plus oumoins aliénante pour ma propre pensée ; rien n'est en effet « entré » dansmon esprit ; simplement, mais c'est essentiel, une pensée est devenue mapensée ; dès que je pense, je pense radicalement par moi-même.

La véritéest l'acte même par lequel je comprends, elle se confond avec lacompréhension. conclusion L'expression « penser par soi-même » est ambiguë.

Elle peut signifier l'accès àla réflexion philosophique, qui est refus des idées reçues, fantômes depensées ; mais accéder à cette réflexion, c'est tout simplement penser : le «par soi-même » fait pléonasme.

Réfléchir, sur ce plan, c'est aussi prendreconscience, avec Heidegger, que ce qui donne le plus à penser, c'est quenous ne pensons pas encore.. »

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