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La pensée de la mort importe-t-elle à la vie ?

Publié le 03/01/2004

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La mort est ce qui fait sombrer la vie dans le néant absolu ; la mort semble donc la négation radicale de la vie. Comment la vie pourrait-elle espérer quoi que ce soit de la pensée de la mort, sa négation totale ? La sagesse ne commande-t-elle pas au contraire, si l'on veut vivre, d' « oublier « la mort ? La pensée de la mort importe-t-elle à la vie ?  Pourtant, la mort est l'horizon inéluctable de toute vie. Vie et mort forment un couple indissociable. Pouvons-nous dès lors faire totalement abstraction de la mort ? Pouvons-nous, devons-nous vivre comme si nous ne devions jamais mourir ? N'y a-t-il pas lieu, au contraire, pour qui veut vraiment exister, de penser autant qu'il est possible cet événement qui viendra interrompre sans prévenir l'accomplissement de tous nos projets, de réfléchir à la meilleure manière de préparer sa « sortie «, afin de ne pas être (si c'est possible) « pris au dépourvu « ?

« plus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, lavie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le pluslongtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. -Spinoza : la mort est un évènement qui ne peut venir de notre propre puissance de vie, qui tend naturellement àse conserver.

Elle est le fruit de rencontres extérieures trop puissantes, qui viennent menacer l'expression du sensde notre existence, constitué par nos désirs comme expressions de notre tendance à la conservation ( Éthique ).

La mort marque donc une faiblesse de notre puissance d'existence face aux autres puissances du monde.

Penser à lamort est donc une pensée néfaste : il faut plutôt pour Spinoza consacrer l'effort de l'entendement à concevoir desrencontres positives dans le monde, rencontres qui viendraient soutenir notre désir de conservation. II La pensée de la mort comme négation d'un sens existentiel : Freud et Nietzsche -Freud : la pulsion de mort est présenté comme un principe qui vient s'opposer à l'action formatrice de l'énergiepsychique qu'exerce notre conscience.

Elle est une tendance naturelle à la décomposition psychique, et à ladestruction du sens qui soutient notre existence (structure du moi comme compromis entre le ça pulsionnel et lesurmoi moral) ( Le ça et le moi ).

La mort est donc chez Freud un principe de destruction du sens de l'existence qui lui est soutenu par un principe positif de liaison de l'énergie psychique.

La mort est donc chez Freud un modepsychique d'existence, marqué par un affaiblissement de la force de liaison de la conscience : la pensée de la mortest donc d'abord pour lui une mort tendancielle de la pensée, qui vient déterminer l'orientation de notre existence. -Nietzsche : cette négation du sens exercée par le principe de mort n'aboutit cependant pas à une absence desens, ni à une absence de pensée.

Désirer la mort, vouloir son néant, pour Nietzsche, cela demeure une forme devolonté, une certaine pensée, certes destructrice, mais pas totalement nulle ( La Généalogie de la morale ).

La pensée de la mort est donc ce qui vient remettre en cause la présence d'un sens de l'existence : mais de cetteépreuve imposée par la pensée peut surgir pour Nietzsche un sens plus intense, raffermi par cette négation. III La pensée de la mort comme fondement du sens de l'existence : Heidegger et Blanchot. »

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