Devoir de Philosophie

Penser, est-ce dire non ?

Publié le 28/02/2004

Extrait du document

Mais l'esprit est cette puissance seulement en sachant regarder le négatif en face et en sachant séjourner près de lui. » (Hegel, Préface à La Phénoménologie de l'Esprit, tome 1, Aubier, p. 29). Du même coup, le « non » appelle le « oui » à travers la « synthèse » des opposés. Le négatif (non) est le positif, le non s'intègre dans le oui : ce qui se contredit ne se résout que dans la négation de son contenu particulier. Hegel utilise ici le terme de Aufhebung : une négation est opérée, le terme nié étant à la fois dépassé et conservé. Dans la synthèse, se produit une négation de la négation, un mouvement d'unification où le terme nié est conservé. Penser, c'est donc, par la synthèse, intégrer le « non » dans le « oui », le négatif dans l'affirmatif, et ce, à travers la force de l'Esprit, union du positif et du négatif. Penser, exercer une activité rationnelle, c'est obéir à la force de l'Esprit, qui est Idée, Idée se formant selon le rythme de la négativité. Nous avons ici une nouvelle forme de la Pensée, conçue comme démarche dialectique et spirituelle, procédant en allant de la thèse (positif) à l'antithèse (négatif ; non) jusqu'à la synthèse (union du positif et du négatif).

« [S'il est vrai que penser implique dans un premier temps la négation, cela ne suffit pas.

La phase de négation doit être suivie d'une phase positive de création et d'élaboration de concepts.] Pour penser, il faut également affirmer, créer.

Spinoza, dans son Éthique, commence par poser un certainnombre d'axiomes (affirmations indémontrables mais évidentes).

Quant au doute méthodique de Descartes, cen'est pas une fin en soi.

C'est une manière de «déblayer le terrain» avant de poser la première brique quiservira de base à l'élaboration de la pensée rationnelle.Revenons sur la démarche cartésienne.

Si nous poussons le doute jusqu'au bout, nous remarquons qu'ilsuppose une double affirmation : l'existence du cogito, mais, surtout, l'affirmation de Dieu.

Tout comme si uneaffirmation première, fondamentale, soutenait toute la pensée de Descartes.

Penser, ce n'est pas tellement «dire non » que découvrir ce Dieu qui fonde la science et donne sens à mon esprit fini.

Penser, c'est moins direnon qu'affirmer : saisir le cogito, saisir Dieu.

Quant au doute, il est certes un instrument, mais un instrumentqui s'efface devant la suprême affirmation.

Lorsque je considère que je doute, dit Descartes, l'idée d'un êtrecomplet se présente à mon esprit avec clarté et « je ne pense pas que l'esprit humain puisse rien connaîtreavec plus d'évidence et de certitude.

» (Quatrième Méditation).

Donc, penser, ce n'est pas tant nier quedécouvrir la suprême affirmation sous-tendant toute pensée : découvrir Dieu qui fonde le cogito et toutevérité. Pour Hegel, la pensée - qu'il appelle esprit - suit une démarchedialectique qui procède par une unification et un dépassement descontraires.

Une réalité est d'abord niée, puis cette négation est niée àson tour, pour aboutir à une synthèse qui réconcilie les deux réalitésopposées tout en les dépassant.

Au terme de ce processus, la penséeaccède au savoir absolu.

Peut-être la dialectique hégélienne pourra-t-elle nous permettre ici de répondre synthétiquement à la question :dans cette perspective, penser, c'est d'abord dire non, ne pas êtresemblable au positif qui se détourne du négatif.

La force de l'espritconsiste à regarder le négatif en face et à y demeurer.

Penser, c'estdire non, exprimer la négativité.

« L'esprit conquiert sa vérité seulementà condition de se retrouver soi-même dans l'absolu déchirement.L'esprit est cette puissance en n'étant pas semblable au positif qui sedétourne du négatif.

[...] Mais l'esprit est cette puissance seulementen sachant regarder le négatif en face et en sachant séjourner près delui.

» (Hegel, Préface à La Phénoménologie de l'Esprit, tome 1, Aubier,p.

29).Du même coup, le « non » appelle le « oui » à travers la « synthèse »des opposés.

Le négatif (non) est le positif, le non s'intègre dans le oui: ce qui se contredit ne se résout que dans la négation de son contenuparticulier.

Hegel utilise ici le terme de Aufhebung : une négation estopérée, le terme nié étant à la fois dépassé et conservé.

Dans la synthèse, se produit une négation de la négation, un mouvement d'unification où le terme nié est conservé.Penser, c'est donc, par la synthèse, intégrer le « non » dans le « oui », le négatif dans l'affirmatif, et ce, àtravers la force de l'Esprit, union du positif et du négatif.

Penser, exercer une activité rationnelle, c'est obéir àla force de l'Esprit, qui est Idée, Idée se formant selon le rythme de la négativité.

Nous avons ici une nouvelleforme de la Pensée, conçue comme démarche dialectique et spirituelle, procédant en allant de la thèse(positif) à l'antithèse (négatif ; non) jusqu'à la synthèse (union du positif et du négatif).

Dans cetteperspective, c'est le « non » qui est le moteur de la pensée.

Cette négativité, ce non expriment la libertémême de l'Esprit, qui tend toujours à s'élever vers un autre objet et à l'intégrer dans un mouvementininterrompu.Penser, ce serait donc, grâce à la force de l'Esprit, de l'Idée conçue sous sa forme la plus haute, dire non,faire émerger le travail du négatif, de la négation ne s'épuisant pas à exclure le positif, mais le reconstruisantet le « sauvant » dans la synthèse.

Tel est le mouvement incessant de la vie de l'Esprit. Pour la plupart des philosophes, penser c'est aussi être en conformité avec un principe supérieur, quel quesoit le nom qu'on lui donne: idée, Dieu, raison, esprit, bonheur, etc.

Ils posent donc comme principe de leursystème un acquiescement préalable; ils disent «oui», même s'ils soumettent ce «oui» à la critique.

Est-ce que je dois, demain, aller manifester avec mes camarades? Pour répondre à cette question, je doispeser le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles