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Ce que c'est que penser tiré des Principes de la philosophie

Publié le 27/02/2008

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philosophie

 

Ce que c’est que penser  tiré des Principes de la philosophie (1644)
René DESCARTES 

 

Ce texte de Descartes est une réflexion sur la pensée. Il développe l’idée que la conscience est le produit d’une activité intérieure, donc de l’esprit, pouvant se manifester indépendamment des sensations. L’objectif de l’auteur est de démontrer que la pensée est le produit de l’activité de la conscience. Pour lui, la pensée consciente d’elle-même rend compte de l’existence du sujet.

Pour développer sa thèse qui articule les notions de pensée, conscience et existence, Descartes développe sa réflexion en trois points présentés dans cet extrait. Pour en comprendre le cheminement il sera fait une explication suivie du passage proposé.

 

 

Dans un premier temps, Descartes relève que la pensée est d’abord une activité perceptive qui s’appuie sur toutes les sensations corporelles.

 

La perception est définie par la réaction du sujet à une stimulation extérieure au niveau des organes des sens. Il s’agit là d’une sensation directe du corps avec le monde extérieur. Ainsi Descartes souligne par le terme « immédiatement » que cette pensée n’est pas réflexive. A titre d’exemple, lorsqu’un individu perçoit une odeur de café, il ne se dit pas: « Je pense que mon nez est en train de sentir l’odeur de café » mais bien « ça sent l’odeur du café ». Il s’agit là de subjectivité absolue, « tout ce qui se fait en nous»  aperçu « par nous-même ». En effet, comme il n’y a pas de distance entre l’individu sentant et l’action de sentir, l’individu aura toujours raison de ce qu’il éprouve corporellement. C’est en ce sens que Descartes affirme que « entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir, est la même chose ici que penser », si on englobe par «penser» toute activité subjective; de là il déduit le  sentiment d’existence. Descartes applique plus particulièrement ce raisonnement au sens de la vision et aux mouvements du corps dans la phrase « Car si je dis que je vois ou que je marche (…) ». Cependant c’est bien cette absence de distance qui amène Descartes à douter du lien entre la pensée perceptive et l’existence.

 

 

En utilisant les mêmes modes sensoriels (vue et marche) il va dans la deuxième partie démontrer la faillite possible de la pensée basée sur la perception.

 

Nos sens peuvent nous tromper dit-il. Il développe cet argument en introduisant un locuteur extérieur (« si j’entends parler […] ») qui lui parlerait de ce qu’il est en train de percevoir (« l’action qui se fait avec mes yeux ou avec mes jambes ») Descartes introduit ici la notion d’illusion liée à la projection de sa propre image (« à cause qu’il peut se faire que je pense voir ou marcher […] »). Ainsi, il affirme que l’image du corps seul ne saurait point nous renseigner sur notre réalité existentielle. Il prend l’exemple du corps immobile du rêveur qui en dormant « n’ouvre point les yeux» et « ne bouge pas de [sa] place», alors même qu’il se voit bouger. Il émet donc l’hypothèse que, même en l’absence de corps réel (« si je n’avais point de corps ») il pourrait voir les mêmes actions.

 

 

Ainsi Descartes se demande alors : comment peut-on affirmer qu’une pensée est consciente ?

 

Comme dans la partie précédente, Descartes, développe son argument en réintroduisant le locuteur extérieur. Ce locuteur extérieur lui parlerait à présent « seulement de l’action de sa pensée ». Le mot « action » souligne ici l’idée de mouvement. Dès lors, cette idée implique la capacité de la pensée à se déplacer, en d’autres termes développer différents points de vue par rapport à l’objet pensé.  Le penseur - par sa pensée en mouvement – va pouvoir se « décentrer ». Il ne s’observe plus lui-même comme face à son propre reflet, mais comme un objet de pensée extérieur. Descartes avec la locution conjonctive « c’est-à-dire », ramène « l’action de sa pensée » sur le même plan que « la connaissance qui est en [lui] ». Cette connaissance ne fait pas intervenir l’extérieur du penseur (soit son corps et ses perceptions), mais bien son propre vécu intérieur ; ses émotions comme sa mémoire du passé. Le penseur conscient de sa pensée ne se contente pas de l’image de l’objet. Il construit par la connaissance de son intériorité, une connaissance globale de l’objet de sa pensée, à tel point comme dit Descartes « Qu’il me semble que je vois ou que je marche […] ».  Ainsi la pensée consciente implique pour l’auteur une séparation entre l’esprit et le corps .

 

 

     En conclusion, Descartes défend l’idée que la pensée consciente résulte seulement de l’usage de la connaissance intérieure du penseur. Enfin dégagé des illusions de la perception et de l’influence de l’environnement, il peut affirmer avec certitude que s’il pense, c’est qu’il existe.

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