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Que pensez-vous de cette définition de Stendhal : « J'honore du nom de vertu l'habitude de faire des actions pénibles et utiles aux autres » ?

Publié le 27/02/2008

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stendhal

La notion de vertu est intimement liée à la notion de morale. En leur sens le plus général, en effet, les vertus sont les qualités qui font d'un homme un être moral. Aussi n'est-il pas étonnant que l'on trouve autant de conceptions de la vertu que de conceptions de la moralité. Par exemple, la foi, l'espérance et la charité sont les vertus chrétiennes ; la tempérance, le courage, la prudence, la justice étaient les vertus platoniciennes ; Schopenhauer prêchait la pitié, Nietzsche, la dureté... Stendhal nous propose une définition de la vertu qui semble, au premier abord, exprimer le point de vue du sens commun : « J'honore du nom de vertu l'habitude de faire des actions pénibles et utiles aux autres. « Nous allons d'abord essayer de préciser le sens de cette définition.

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« nous découvre l'essentiel de la notion : l'homme est, en effet, un ensemble de « puissances », ou virtualités, oupossibilités, et l'on appellera vertus morales, les qualités qui lui permettront de réaliser ces possibilités, d'être enactes ce qu'il est en puissance, en d'autres termes, de tendre vers sa perfection.

Le contraire de la vertu c'est levice qui empêche l'homme d'être ce qu'il doit être ; la vertu c'est ce qui permet à l'homme d'être véritablement unhomme.

« Etre homme, dit Jean-Paul Sartre, c'est tendre à être Dieu ».

Pourra donc être considéré comme vertutout ce qui permet à l'homme de dominer ce qu'il y a en lui d'animal et de tendre vers cette perfection divine quel'on se représente ordinairement sous la forme de trois attributs essentiels, la bonté, l'intelligence et la force.

C'esten fonction de cette analyse que nous allons essayer maintenant d'examiner la définition de Stendhal. b) Ce qu'il y a de vrai dans la définition de Stendhal. Il est clair que Stendhal a raison lorsque, pour définir la vertu, il met l'accent sur l'effort et l'habitude.

Il faut quelquerésistance à vaincre pour qu'il y ait vertu et, en effet, il n'est pas facile d'être un homme.

Même la station verticale,que l'on considère comme propre à l'homme, suppose un perpétuel effort pour vaincre la pesanteur : « l'homme, ditHegel, ne tient debout qu'autant qu'il veut ».

A plus forte raison, la charité, l'intelligence et le courage supposent-ilsque l'homme triomphe, non point une fois, mais constamment de ses tendances naturelles qui le poussent versl'égoïsme, la sottise et la lâcheté.

Rousseau, après Montaigne, allait même jusqu'à dire que l'on ne saurait parler devertu lorsqu'il s'agit de Dieu, parce que précisément, les perfections en Dieu ne sont point le résultat d'un effort.Etymologiquement d'ailleurs, le latin virtus vient de vir (c'est-à-dire l'homme) et signifie courage, et l'idée chrétiennedu péché originel exprimait bien aussi cette même idée que l'homme ne peut acquérir quelque valeur qu'en luttantcontre sa nature.

Nietzsche lui-même, lorsqu'il dit que « l'homme est quelque chose qui doit être surmonté », veutdire qu'il n'y a de vertus humaines que par l'effort et 'la constance dans l'effort. c) Ce qu'il y a de contestable dans la définition de Stendhal. On peut, toutefois, faire des réserves sur le dernier point de la définition de Stendhal.

Pour être vertueux, selon lui,un acte devrait être utile aux autres.

Et certes nous avons vu que la bonté fait partie des vertus : cette qualité quifait qu'un homme aime ses semblables a reçu, dans le langage courant, le nom d'humanité, et il est assez évidentque celui qui se montre inhumain, c'est-à-dire insoucieux de la peine des hommes, n'est pas lui-même un homme.Cependant, on ne saurait admettre la conception sociologique de la vertu; car ce n'est point tant les autres qu'ils'agit de respecter que l'humanité dans les autres.

Il faut, selon la formule de Kant, «traiter l'humanité en soi-mêmeet en autrui toujours comme une fin, jamais comme un moyen » et cela signifie que la valeur suprême n'est pas plusautrui que soi mais l'homme en général.

Il ne suffit pas d'être utile aux autres pour être vertueux, l'utilité sociale estplutôt une conséquence qu'un but : c'est parce qu'il est vertueux qu'un homme est utile aux autres, ce n'est pointparce qu'il est utile aux autres qu'il est vertueux.

Comme le dit Alain : « dès qu'un homme se gouverne lui-même, ilse trouve et utile aux autres sans avoir seulement à y penser ». CONCLUSION Ainsi la définition que Stendhal nous propose de la vertu est acceptable si l'on considère la vertu dans ses effets.Avoir l'habitude de faire des actions pénibles, c'est bien la vertu.

Mais, considérée dans son principe, la vertu sedéfinit essentiellement par l'effort constant que fait l'homme pour se gouverner lui-même, c'est-à-dire pour êtrehomme et non animal.

Comme dit encore Alain : « La morale consiste à se savoir esprit et à ce titre, obligéabsolument; car noblesse oblige.

». »

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