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Pensez-vous que l'on puisse traiter de sujets graves et sérieux sur le mode plaisant et humoristique ?

Publié le 22/02/2010

Extrait du document

« Plantu ou Jean Plantureux de son vrai nom, par exemple, illustre par l'un de ses dessins dans le journal "Le Monde",sa vision de La liberté de la presse.

On y voit une main en train d'écrire avec un crayon, la "tête" de ce crayon n'estautre qu'un gendarme ou un militaire à la mine sévère qui surveille tout ce que ce crayon écrirait.

Ce mode est légerpour aborder et dénoncer un problème qui reste grave aujourd'hui dans de très nombreux pays tels que la Chine, oubien encore la Russie pour ne citer que quelques pays.

Ce problème que dénonce ici Plantu est, bien entendu, lacensure.

Par ce mode peu conventionnel qu'est le dessin caricatural, et aussi par le mode plaisant qu'il emploie pourtraiter ce genre de sujets sérieux, Plantu transmet bien au lecteur sa vision revendicatrice et son message contre lacensure.

Cemode plaisant qu'il emploie ici est un outil à part entière pour aider à la compréhension du lecteur quiobserve cette opinion sur la caricature et peut l'accepter avec légèreté comme une réalité.

Traiter de sujet sérieuxet aussi grave sur le mode plaisant est donc possible.Toujours au sein de l'information, on trouve cette forme d'ironie dans Le Canard enchaîné et aussi, à la télévisionavec Les Guignols de l'info qui traitent l'information avec une ironie comparable à celle qu'emploie Plantu, mais aussiplus flagrante.

Les Guignols de l'info vont plus loin en se montrant plus piquants dans leur caricatures, et parfoismême jusqu'à atteindre la satire.

De plus l'image télévisée apporte naturellement plus d'effet et aussi plus d'impactauprès du téléspectateur que ne saurait apporter une simple image inanimée.

Ces deux journaux recherchent alors àdénoncer par la caricature, la parodie, et même la satire, soit les erreurs et les maladresses de certainespersonnalités en accentuant l'aspect ridicule ou incohérent de leur action, soit les réalités du monde plus gravetelles que les guerres ou les génocides.

Ces registres sont alors des outils, et même des armes particulièrementefficaces lorsqu'elles sont bien utilisées pour protester contre les actes d'une personne touchant à un sujet grave.Lorsque les Guignols de l'info exagèrent sciemment les incohérences des propos américains lors de la guerre en Irak,l'opinion publique est rapidement fixée sur les motivations réelles que pouvaient avoir les Etats-Unis à entreprendrecette guerre.

Ils dénoncent par là les manoeuvres abusives que cette guerre à pu faciliter, en rapport avec lepétrole Irakien dont les Etats-Unis ont cruellement besoin, ou encore en rapport avec l'industrie américaine quifonde sa croissance industrielle sur la fabrication d'armes et qui a besoin de ces guerres pour justifier au public sesproductions d'armes excessives.

Le Canard enchaîné, lui, tourne en dérision plus gentiment cette fois le PremierMinistre Français, Monsieur Dominique De Villepin tourmenté par un corbeau, à cause de l'affaire Clearstream.La force qu'apporte l'ironie pour appuyer un reproche devant le public a même été utilisée au cinéma pour traiter desujets tout à fait sérieux, et manifester une opposition aux pratiques d'une politique gouvernementale ou d'unhomme politique en particulier.

C'est ce que fait le metteur en scène Michael Moore pour tenter de déstabiliser lamentalité de certains Américains notamment par rapport au port d'arme autorisé aux civils dans Bowling forColumbine en 2002 et aussi dansFahrenheit 9/11 en 2004.

Il parvient en effet à poser les bonnes questions, cellesqui amènent chacun à réfléchir, et ce, sur un ton toujours humoristique ou cocasse pour ne pas laisser lespectateur sombrer dans une déprime devant les accumulations de faits accablants énumérés et développés contreces politiques gouvernementales, ou bien directement contre le Président lui même. L'humour par la dérision ainsi que les modes plaisants dans toute leur diversité: parodie, jeu de mots légers, ironie,ou encore le non-sens sont donc parfois très appropriés au même titre qu'un registre raisonnable pour traiter plussérieusement qu'il n'y parait de sujets graves. Lorsque l'on traite d'un sujet sérieux dans un registre tout aussi sérieux, il peut y avoir des risques.

Tout d'abord,prenons par exemple certains reportages de journalistes envoyés spécialement pour informer le public sur unévènement bien précis de gravité, ou d'importance tel que la guerre.

Nous ne citerons qu'une enquête parmi tantd'autres, celle réalisée par des reporters de France 3 diffusé dans l'émission "Thalassa" l'an dernier et qui s'est vuedécerner le prix de la meilleur investigation en 2005 sur les conséquences des essais nucléaires français dans lePacifique sur les populations, ainsi que sur les responsabilités politiques.

Ce documentaire à en effet étépartiellement censuré, comme de nombreux autres documents télévisés qui traitent parfois "trop" sérieusement desujets sensibles.

Ainsi, même lorsque nous sommes face à la réalité et que l'on souhaite la traiter sérieusement, iln'est pas toujours bon de la dévoiler totalement, des précautions s'imposent.Aussi, derrière ceux qui parlent sérieusement, il y a en France une certaine personne qui fait régulièrement parlerd'elle lorsqu'elle affirme sur un ton soi-disant sérieux des aberrations sur des sujets parfaitement sérieux.

Ici il s'agiten particulier de M.

Jean Marie Le Pen, qu'il est toujours délicat de mentionner.

Pour ne citer de lui qu'un uniqueexemple, il affirme en 1991, que l'utilisation des chambres à gaz comme technique d'extermination utilisée par lesnazis n'était "qu'un détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale".

Il sera tout de même condamné par la justicepour ces paroles, à verser des dommages et intérêts pour banalisation de crimes contre l'humanité et consentementà l'horrible.

Ainsi donc, même le ton sérieux et grave ne représente pas forcément une garantie de l'authenticité despropos.

Parmi les précautions à prendre pour traiter un sujet sérieusement, au-delà du sérieux du locuteur, il fauts'assurer de la teneur de ses opinions. Enfin, en littérature, pour exprimer toute la dureté de la vie dans les mines et plus généralement de la vie ouvrièreau XIX° siècle, Emile Zola décrit, sans retenue, dans son oeuvre naturaliste des "Rougon-Macquart, histoirenaturelle et sociale d'une famille sous le Second-Empire", les difficultés matérielles ainsi que les déboiresrelationnelles, et même la "déchéance fatale d'une famille ouvrière" comme le dit Zola lui même.

L'adaptation auThéâtre de cette oeuvre sera même censurée par le second Empire.

L 'Assommoir par exemple, dès sa parution en1872 dans un journal, fut immédiatement attaqué par la critique littéraire car le langage des personnages, qui estcelui des ouvriers de l'époque, nombreux à Paris, est un peu cru, mais aussi parce qu'au-delà du sérieux des proposdans l'écriture et dans la narration sur un sujet parfaitement sérieux, Zola par son écriture, transmet aux ouvriersFrançais une vision de destinée impitoyable.

Aucune nécessité de vérité sur un fait précis, ni même aucune volonté. »

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