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Pensons-nous dans les mots ?

Publié le 13/01/2004

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Il y aurait donc un lien nécessaire, irréductible entre la pensée et les mots ; mais est-ce parce qu'ils ne peuvent fonctionner l'un sans l'autre ou parce qu'ils ne le doivent pas ?1. UNE NÉCESSITÉ DE FAIT ?A - Les mots : outils ou lieu de la pensée ?■ L'activité de l'esprit dans sa complexité n'est pas réductible à la seule articulation de mots, comme si penser n'était qu'une fonction logique, selon un système de codes (lingua mentis) sur le modèle des ordinateurs et du calcul. Pourtant, pour s'exercer, la pensée a besoin des mots dans lesquels elle trouve une matière et un contenu : des idées (les concepts), des significations.■ En effet, les mots ne sont pas de simples étiquettes posées sur les choses, ils portent la trace de la pensée qui les a formés : pour réfléchir sur ce qu'est une démocratie, on peut par exemple chercher dans le mot ce qu'il signifie étymologiquement : le pouvoir (crateo, être fort) du peuple (demos). Il nous faudra d'autres mots pour définir ce «peuple », soit comme l'ensemble de tous les individus, soit seulement de « citoyens » (dans la cité grecque ancienne, les esclaves ne font pas partie des citoyens). Si la pensée est au fondement du langage, penser c'est retrouver la pensée sous les mots.B - Une liaison intime et nécessaire■ Une pensée ne serait qu'une vague impression à l'état de 'fermentation si elle ne prenait pas forme dans et par les mots.

Par langage, au sens large, on entend tout système d'expression et de communication, qu'il s'agisse de signes vocaux ou graphiques ou encore naturels. C'est ainsi qu'on parle du langage des animaux, du langage gestuel, du langage des arts, etc. Mais, au sens strict, celui qui nous intéresse ici, on entend par langage le langage humain articulé en sons et en mots. L'interrogation philosophique sur le langage peut difficilement ne pas tenir compte de l'apparition récente (début du XXe siècle) d'une science nouvelle, la linguistique. Sont désormais scientifiques les problèmes des modalités du fonctionnement du langage. La philosophie, elle, réfléchit sur la nature du langage en tant que moyen d'expression de la pensée.

« Introduction Le concept de « pensée » possède au moins deux acceptions majeures.

Au sens strict, c'est la penséeintellectuelle, passant par les idées, par les concepts, par les mots : c'est le jugement.

Au sens large, la penséedésigne tout phénomène conscient, comme par exemple l'imagination ou encore la perception.

D'un côté, toutepensée semble passer nécessairement par le langage, mais de l'autre, elle semble facilement ne pas toujoursemprunter la voie du langage pour se réaliser.

Mais doit-on se satisfaire d'une telle dichotomie ? N'y a-t'il pas tout d'abord des formes d'intellections non conceptuelles, dont l'intuition intellectuelle semble être unparfait exemple ? Le langage n'est-il alors qu'un simple instrument de la pensée (puisqu'ici la langage semble excédercelle-ci) ? Celle-ci serait alors indépendante, antérieure, voire plus large que le langage par lequel elle s'exprime.

Lelangage n'est-il pas au contraire une condition nécessaire de la pensée, c'est-à-dire ce sans quoi il n'y a de pensée,d'une part communiquée (c'est évident), d'autre part solitaire (semble moins évident).

C'est ici entre autre leproblème de l'ineffable : existe-t-il de l'indicible néanmoins pensé ? D'autre part, si la pensée comprise commel'ensemble de la vie consciente, psychique semble bien pouvoir se passer d'un langage, n'est-ce pas une apparencetrompeuse ? Des opérations de l'esprit comme l'imagination ou la perception sont-elles vraiment « sans langage » ?Et si ces opérations avaient un langage, ne serait-ce pas en un sens plus large que celui de la pensée conceptuelle? Quel est donc le rapport entre la pensée et le langage : est-il extérieur, accidentel, ou au contraire constitutif ?Bref : peut-on penser sans langage ? I- La pensée indépendante du langage La thèse selon laquelle il serait possible de penser sans langage revient entre autre à considérer le langage commeun simple instrument de la pensée.

La pensée est alors ici une réalité préexistante, antérieure, dont le langage sefait simple médiateur.

En ce sens la pensée conceptuelle, passant par des mots ne serait qu'une espèce du genrepensée, ce ne serait qu'une forme, restreinte, qu'elle peut prendre.

La pensée serait du spirituel, de l'immatériel quipeut se matérialiser avec la langage ou bien rester immatérielle.

On en arrive alors par exemple au problème del'adéquation du langage avec la pensée qu'elle doit exprimer : la langage est-il un bon intermédiaire ? La pensée nese fait-elle pas en quelque sorte en dépit du langage, dans le sens où les mots, les concepts, les langues neseraient que des outils imparfaits pour la matérialisation et la transmission de la pensée ? Le fait que l'on chercheparfois nos mots peut par exemple être interprété en faveur de cette thèse, du moins en faveur de la thèse selonlaquelle la pensée serait antérieure au langage, celui-ci extérieur à celle-là. Certains philosophes ont souligné les limites de la pensée conceptuelle, c'est-à-dire les limites du concept pourexprimer au moins certaines formes de pensée.

Bergson a par exemple mis en exergue l'impossibilité de saisirconceptuellement ce qu'est la vie, et notamment sa forme la plus élevée qu'est la vie consciente, du fait d'unesorte de raideur des concepts.

Notre existence est profondément temporelle.

Il s'agit de ressaisir en deçà de touteactivité consciente la vie de l'esprit comme durée, flux.

Saisir ce flux temporel, c'est saisir quelque chose detoujours identique en moi, c'est atteindre une vérité.

Cette vérité est saisie par une intuition, c'est-à-dire ici unevision de soi par soi : cette intuition intellectuelle peut être comprise comme le contact immédiat entre la pensée etson objet, sans le passage par l'intermédiaire d'un concept.

Ce qui signifie que l'accès à cette vérité que notre vieconsciente est profondément durée se fait par un mouvement qui va contre l'intellect et s'enracine dans le vouloir,comme si la volonté se retournait sur elle-même.

C'est un acte de l'esprit, donc en ce sens il existerait une penséenon conceptuelle, prenant ici la forme de l'intuition intellectuelle.

Tout le problème est alors de dire, de communiquercette durée, car elle est au-delà du langage.

La pensée conceptuelle montre ici ses limite.

En un sens, notre duréeest quelque chose d'ineffable, d'indicible : il y a ici une inadéquation entre la pensée intuitive et le langage.

Mais onpeut tout de même en faire une monstration, une description.

C'est ce que ait Bergson, souvent par des formulesnégatives et limitatives, mais également par des métaphores comme « mélodie », « organisme »...

C'est comme s'iltentait d'encercler l'objet de son intuition sans pouvoir le montrer directement.

Ainsi, chez Bergson, d'une part, il. »

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