Devoir de Philosophie

Ma perception est-elle une somme de sensations ?

Publié le 17/02/2004

Extrait du document

perception

Ma perception est-elle une somme de sensations ? Ce texte souligne comment l'être humain s'inscrit dans un monde intersubjectif : la perception est le « retour aux choses mêmes « qui se réalise dans le jaillissement d'un sens immanent aux choses. Percevoir, c'est opérer une synthèse vivante et en acte qui m'ouvre au monde et à autrui. « Chercher l'essence de la perception, c'est déclarer que la perception est non pas présumée vraie, mais définie pour nous comme accès à la vérité [...]. Il ne faut donc pas se demander si nous percevons vraiment le monde «, écrit Merleau-Ponty, « il faut dire au contraire : le monde est cela que nous percevons «. Merleau-Ponty s'oppose donc à l'empirisme et à l'idéalisme qui posent le monde comme déjà constitué, tout fait, alors que c'est l'acte même de percevoir qui fait l'unité et la réalité du monde. L'addition des sensations ne peut pas nous mettre en corrélation avec le monde, ne peut pas lui donner sens. Et qu' .est-ce qu'un monde dans lequel je ne suis pas en relation ? Avoir conscience, c'est toujours avoir conscience de quelque chose qui naît en même temps que j'en prends conscience. La conscience est avant tout projet, intentionnalité. Être conscient, c'est donc être présent au monde. La conscience est une activité qui donne sens au monde, qui le signifie. Le sujet pensant est ek-stase — le grec extasis signifie « être hors de soi « —, c'est-à-dire qu'il est sujet d'un monde qu'il pro-jette lui-même. Si ma perception était une somme de sensations, je serais un sujet morcelé, alors que je vis à chaque instant mon unité. Percevoir est donc une opération de synthèse qui actualise en permanence les données perceptives transmises par les sens, et qui fait communiquer entre elles toutes ces données. Merleau-Ponty nous donne ici une conception ouverte et dynamique de la perception : le monde se constitue en même temps que nous le percevons.

perception

« C'est un lieu commun de dire que nous avons cinq sens et, à première vue,chacun d'eux est comme un monde sans communication avec les autres.

Lalumière ou les couleurs qui agissent sur l'oeil n'agissent pas sur les oreilles nisur le toucher.

Et cependant on sait depuis longtemps que certains aveuglesarrivent à se représenter les couleurs qu'ils ne voient pas par le moyen dessons qu'ils entendent.

Par exemple un aveugle disait que le rouge devait êtrequelque chose comme un coup de trompette.

Mais on a longtemps pensé qu'ils'agissait là de phénomènes exceptionnels.

En réalité le phénomène estgénéral.

Dans l'intoxication par la mescaline', les sons sont régulièrementaccompagnés par des taches de couleur dont la nuance, la forme et lahauteur varient avec le timbre, l'intensité et la hauteur des sons.

Même lessujets normaux parlent de couleurs chaudes, froides, criardes ou dures, desons clairs, aigus, éclatants, rugueux ou moelleux, de bruits mous, de parfumspénétrants.

Cézanne disait qu'on voit le velouté, la dureté, la mollesse, etmême l'odeur des objets.

Ma perception n'est donc pas une somme dedonnées visuelles, tactiles, auditives, je perçois d'une manière indivise avecmon être total, je saisis une structure unique de la chose, une unique manièred'exister qui parle à la fois à tous mes sens.

MERLEAU-PONTY 1.

mescaline : substance provoquant des troubles hallucinatoires. QUESTIONS 1.

a.

Quelle est la conception de la perception réfutée par Merleau-Ponty dans ce texte et quelle thèse soutient-il ?b.

Quels sont ses arguments ?2.

a.

Expliquez : « chacun [des cinq sens] est comme un monde sans communication avec les autres.

»b.

En vous appuyant sur les exemples dans le texte, expliquez : « une unique manière d'exister qui parle à la fois àtous mes sens.

»3.

Ma perception est-elle une somme de sensations ? Mots clés • lieu commun : banalité, cliché.• communication : « vient du latin communicatio qui signifie « relations, commerce » et communicare, « mettre encommun ».Communiquer, c'est établir une relation avec quelqu'un ou avec quelque chose.

C'est donc échanger des signes.C'est pourquoi communication et information sont étroitement liées.• se représenter quelque chose : former dans son esprit l'image d'une réalité absente, la concevoir, l'imaginer, se lafigurer.• perception : vient du latin perceptio, « action de recueillir ».

En psychologie, c'est l'acte par lequel l'espritorganise ses sensations et reconnaît un objet extérieur.

C'est aussi le résultat de cet acte.• indivise : qui ne peut pas être divisé, partagé.• structure : construction, composition, forme. Idée directrice Merleau-Ponty pose ici le problème de la perception : contrairement à une idée répandue, la perception n'est pas «une somme de données » mais une activité synthétique.

La dernière phrase du texte vous indique clairement laposition de ce philosophe. Structure du texte Nous pouvons distinguer trois parties dans ce texte :• « C'est un lieu commun [...] sur le toucher ».

Merleau-Ponty constate un lieu commun : nos cinq sens semblentvivre indépendamment les uns des autres, sans échanger d'informations.• « Et cependant [...] l'odeur des objets ».

Merleau-Ponty remet en question ce lieu commun par le moyend'exemples pertinents qui ne touchent pas seulement des cas pathologiques, comme l'aveugle, mais touchentn'importe qui d'entre nous : tous nos sens communiquent entre eux.• Ma perception [...] tous mes sens ».

Merleau-Ponty affirme ainsi sa thèse, conséquence de l'analyse qu'il vient defaire.

Ma perception est une synthèse et non une juxtaposition des cinq sens. QUESTION 1 Merleau-Ponty est un phénoménologue, c'est-à-dire un philosophe du vécu qui veut décrire concrètement le mondeet « revenir aux choses mêmes ».

Dans ce texte, il réfute la thèse selon laquelle nos sens sont séparés les uns desautres, cloisonnés.

La perception n'est pas une « somme de données », une addition de sensations, mais aucontraire, tous nos sens sont en interrelation, en corrélation entre eux.

Percevoir, c'est synthétiser tous ceséchanges et ainsi rendre compte de l'unité du moi, du sujet pensant.

« Le monde est inséparable du sujet [...], et lesujet est inséparable d'un monde qu'il projette lui-même », écrit-il dans la Phénoménologie de la perception (3e. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles