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La perception est-elle source de connaissance ?

Publié le 20/01/2004

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perception
Faculté par laquelle le moi se forme, à partir de ses sensations, une représentation unifiée des objets extérieurs à lui. 1. La perception est trompeuse Une grande partie de la tradition philosophique, notamment Platon et Descartes, a rejeté la perception comme instrument de connaissance, au profit de la raison les sens sont trompeurs, changeants, et il ne faut pas se fier à leur témoignage. C'est ce que dit par exemple Platon ici: « [...] la démarche consistant à examiner une chose au moyen de la vue est toute remplie d'illusions et remplie d'illusions aussi celle qui se sert des oreilles ou de n'importe quel autre sens; elle [la philosophie] persuade l'âme de prendre ses distances, dans la mesure où il n'est pas absolument indispensable de recourir aux sens ».Platon, Phédon (IVe siècle avant J.-C.), 82d. 2. Toute connaissance doit passer par la perceptionContre Descartes et contre le platonisme, la philosophie empiriste (qui se base sur l'expérience) a insisté sur le fait que la connaissance a besoin des sens: « Et premièrement nos sens étant frappés par certains objets extérieurs, font entrer dans notre âme plusieurs perceptions distinctes des choses, selon les diverses manières dont ces objets agissent sur nos sens.

 

Analyse du sujet :

Percevoir, c’est faire usage de ses sens pour avoir accès au donné sensible du monde extérieur. A ce titre, la perception n’est pas passive, puisqu’elle présuppose le traitement par l’entendement du vécu sensible. La perception n’est donc pas sensibilité seule, elle ne s’y résume pas, puisqu’elle est à la fois sensibilité et ordonnancement du vécu sensible.

Percevoir, c’est ressentir et faire acte de reconnaissance du vécu sensible. Peut-on aller jusqu’à dire que la perception est source de connaissance ?

 

Connaître, c’est faire usage de l’entendement pour classer le donné en fonction de concepts intellectifs. En ce sens, la connaissance est un acte purement spirituel. Mais ne s’oppose-t-elle pas alors à toute activité concrète basée sur l’expérience sensible ?

 

Problématique :

Le sujet soulève la question de savoir si toute notre connaissance dérive de l’expérience sensible qu’est la perception. L’expérience perceptive n’est-elle pas à l’opposé du processus rationnel de connaissance, à tel point que la perception serait illusion de connaissance comme le pense Platon ? Ou, au contraire, connaître, ne consiste-t-il pas tout simplement à faire le compte-rendu de notre expérience perceptive ? Enfin, la perception ne présuppose-t-elle pas que l’esprit projette sur ce qu’il enregistre des structures de liaison, de façon à rendre le donné de la perception de plus en plus cohérent ?

 

perception

« théoricien de la connaissance (Essai sur l'entendement humain (1690).

Critique de Descartes*, qui défendait l'idéeque l'homme a des idées innées, Locke affirme fortement son empirisme: toute connaissance doit venir del'expérience du monde extérieur. Citation «Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une «table rase», vide de tout caractère, sansaucune idée quelle qu'elle soit.

Comment vient-elle à recevoir des idées? [...] D'où puise-t-elle tous ces matériauxqui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances? A cela je réponds en un mot,de l'expérience: c'est là le fondement de toutes nos connaissances et c'est de là qu'elles tirent leur première origine.» (Essai sur l'entendement humain, 1690, livre II, § 2.) Explication Il n'y a pas pour Locke d'idées innées, qui seraient inscrites dans l'esprit humain à la naissance et qui seraientcommunes à tous les hommes.

Les idées simples viennent de l'expérience, et elles sont ensuite comparées etcombinées par l'entendement, qui produit à partir de là des idées complexes.

Par exemple, une idée qui paraît simple,comme la notion de «substance» (innée pour Descartes), vient en fait de ce que nous percevons des qualitéssouvent réunies, et que nous croyons pouvoir en déduire un support commun à ces qualités. Exemple d'utilisation Une fois de plus [voir Pascal, Spinoza], Locke est un auteur qui permet de critiquer Descartes, ici sur la question del'origine de nos connaissances.

Là où Descartes pose comme un fait l'existence en nous de certaines idées, Lockemontre qu'il y a des processus de formation des idées.Cela a aussi des conséquences politiques: car, puisque la diversité des cultures nous montre bien, d'après Locke,que les opinions ne sont pas universelles et qu'elles varient lorsque l'expérience varie, les hommes pourront vivreensemble, non pas s'ils partagent tous les mêmes idées, mais à condition que la tolérance leur soit une valeurcommune. SUJET TYPE: Toute idée vient-elle des sens ? Contresens à ne pas commettre Il faut bien remarquer que, tout en étant empiriste, Locke ne considère pas l'homme comme une éponge quiabsorberait indifféremment toutes les données qui lui viennent de l'extérieur: la sensation est la première source, quifournit des idées simples, mais la réflexion est une seconde source de connaissance à part entière: c'estl'entendement qui produit les idées complexes de substance, de qualité, de relation de cause à effet, etc.

En cesens, l'empirisme n'est pas l'opposé du rationalisme: il en est seulement une autre modalité, qui prête plusd'attention au rôle de l'expérience, mais n'y réduit pas toute connaissance. 4.

La perception est une activité de la conscience Contre une appréhension naïve de la perception, qui croit qu'elle est simpleréceptivité passive, Kant a montré qu'elle est une activité de synthèseopérée par la conscience: « Si toute notre connaissance débute AVEC l'expérience, cela ne prouve pasqu'elle dérive toute DE l'expérience, car il se pourrait bien que même notreconnaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevons desimpressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître(simplement excité par des impressions sensibles) produit de lui-même » Kant,Critique de la raison pure (2e édition 1787). • La conception de Descartes est si radicale qu'elle revient presque à niertout rôle à la perception dans la connaissance.

Les empiristes comme Locke,pour qui toute connaissance passe nécessairement par la perception,critiqueront sévèrement ce primat donné à la raison par Descartes.• C'est Kant qui essaiera de montrer de manière la plus précise quels sont lesrôles respectifs de la perception et de la raison, en montrant que laperception effectue une première synthèse de l'expérience, qui rend celle-cidisponible pour une appréhension par l'entendement.• Ainsi, selon Kant, l'espace et le temps, que nous croyons être des réalitésextérieures à nous, sont déjà des «formes a priori de la sensibilité», c'est-à-dire des produits de la structure de notre propre conscience.

La perception n'est donc pas neutre par rapport à l'être : elle est une activité de notre esprit qui façonne le cadre spatio-temporel. »

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