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«Perdre sa vie pour la gagner» mérite-t-il d'être vécu ?

Publié le 27/02/2008

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« En cela, le travail se distingue radicalement de toutes les autres activités de l'homme, qui sont des activités deloisir, qu'il est « loisible » de faire ou de ne pas faire.

Alors que la contrainte domine le travail, la liberté est aucœur des autres activités telles que le jeu, les activités artistiques, les activités sportives, culturelles,religieuses, politiques, de rencontres amicales, de promenades, etc.

Il faut donc travailler et vivre une vie delabeur, qui n'est par ailleurs vécue librement, agréablement et de manière intéressante qu'en dehors du travail.Certes, il y a des métiers passionnants, qui permettent un épanouissement du travailleur.

Mais le métier le pluspassionnant se fait toujours au-delà d'un certain plaisir, et par là même, porte toujours la marque de lasoumission de l'homme à la nécessité.

Pour le moniteur de ski, par exemple, quel que soit son plaisir à skier etmême peut-être à enseigne le ski, il reste qu'il y a toujours un moment où il aimerait s'arrêter, alors qu'il fautcontinuer encore et encore.

Le skieur en vacances s'arrête, lui, quand il veut, c'est là toute la différence.Ce qui fait du travail une corvée, c'est le caractère obligatoire de cette activité, le fait qu'il faut la pratiquerau-delà de la fatigue ou du dégoût.

Bien peu d'hommes échappent au travail et à ses contraintes, et c'estprécisément ce qui le rend pénible.

La plupart des hommes restent en effet soumis à cette contrainteéconomique que représente la nécessité d'avoir un emploi.

Il s'agit pour eux de « gagner leur vie », autrementdit de gagner les moyens de vivre, et si possible de vivre bien, et, entre autres, de vivre en ayant quelquessemaines de vacances agréables par an, quelques heures de loisir intéressants par semaine où enfin ils peuventenfin être en accord avec leur propre rythme.D'où le rêve constant de l'homme d'échapper au travail.

Pour ne plus subir le joug du travail ou en diminuer lepoids, l'homme a principalement deux solutions : soit il oblige les autres à travailler pour lui et l'esclavage est lepire des cas qu'une telle solution produit, soit il augmente la productivité du travail et se libère d'une partie dutemps consacré à la production des biens de consommation.

L'histoire du travail humain à travers les temps, del'évolution technologique, ainsi que celle des relations économiques et sociales qui en découlent, commed'ailleurs celle des utopies qui inventent des solutions au problème du travail, sont celles de l'alternance de cesdeux solutions.Mais pour autant, cette première phase d'analyse de l'expression « ne pas perdre sa vie à la gagner », que l'onrattache ici toute entière à la nature même du travail dont nous avons ici posés les principes, est-elleréellement liée à l'essence du travail en elle-même et pour elle-même ou n'est-elle, au contraire, quel'expression de l'aliénation du travail qui devient aliénant quand il devrait être production de soi par soi ? II.

Seul le travail en tant qu'il est aliéné nous donne l'impression de perdre notre vie à la gagner Tout se passe en effet, selon l'analyse que nous avons fait précédemment, la vie à proprement parlercommençait aussitôt le travail achevé, comme si l'on commençait vraiment à vivre en sortant du travail.

Or, letravail, dans son essence propre, n'est-il pas justement, tout au contraire, la marque de l'humanité ? Enréalité, l'impression que l'on a de perdre notre vie à la gagner est moins due à l'essence même du travail qu'àune forme aliénée et aliénante de celle-ci.On ne saurait saisir la pleine essence du travail si l'on se contentait d'en étudier cet aspect fortement négatif.Il est vrai que le travail est d'abord vécu comme une contrainte, pourtant, on loin de rabaisser l'humanité aurang de l'animal (signe d'une humanité qui est tombée de son piédestal paradisiaque), le travail est aussi undroit : c'est en ce sens qu'il s'agit d'étudier son pôle positif.On doit semble-t-il, à l'action conjuguée de l'éthique protestante et de l'utilitarisme des Lumières de placer letravail dans la position prépondérante que lui reconnaît le monde moderne.

Selon Max Weber , qui voit leur action convergente s'épanouir au XVIII e siècle, le travail n'est plus incompatible avec l'essence de l'homme si celle-ci est intimement associée à l'image d'un Dieu créateur de toutes choses.Car la fidélité à cette image impose en effet à tout homme l'obligation morale d'approfondir l'œuvre divine enfaisant fructifier les richesses contenues en germe dans la Création : en ce sens le travail n'est plus compriscomme la marque d'une humanité déchue, mais au contraire comme le signe d'une humanité élue pour fairegrandir et enrichir l'œuvre divine.

Ce n'est non pas certes pour consommer égoïstement les fruits, mais pour lesfaire croître et se multiplier en hommage au caractère dispensateur de la création divine (L'Ethique protestanteet l'esprit du capitalisme).

Sans doute comme bien d'autres facteurs qui ne doivent rien à la religion ont pujouer dans cette réhabilitation dont il ressort dans tous les cas que le travail n'est plus considéré comme unefatale malédiction mais, tout au contraire, comme une activité providentielle et une obligation morale.Une activité providentielle : selon Kant , la nature a voulu que l'homme conquière sa liberté dans la culture, c'est-à-dire en développant ses virtualités par le travail ; une obligation morale, car c'est un devoir de l'hommeenvers lui-même de développer ses facultés, sans lesquelles il resterait inachevé.

Dès lors, l'activitéproductrice pourrait être conçue (sinon vécue) non plus comme une contrainte, mais comme une œuvre, dansle double sens d'un geste créateur et d'une action conforme au bien.

(Idée d'une histoire au point de vuecosmopolitique, Proposition 3 e). Observons ainsi que le travail n'est pas une nécessité naturelle : les animaux, au sens rigoureux du terme, netravaillent pas.

Le travail n'est chez l'homme jamais une affaire privée, lors même qu'il serait effectué dans laplus grande des solitudes, il engage la société tout entière.

Pas de travail, en effet, sans organisation dutravail, donc sans système de règles et de lois.

Mais dire que le travail est un droit ne signifie pas seulementqu'il fasse partie du droit : c'est affirmer que tout homme a droit au travail comme à l'expression de sa libertéd'homme.

Puisque la vie dépend de la satisfaction des besoins et celle-ci ne peut être assurée que grâce autravail, le droit au travail apparaît comme aussi élémentaire que la liberté d'expression.Mais si le travail est une nécessité, comment expliquer qu'il puisse être également un droit ? Un droit n'existequ'au-delà de l'évidence naturelle : on ne dira pas, par exemple, que le sommeil est un droit.

En fait, le droit au. »

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