Devoir de Philosophie

Qu'est-ce que je perds quand je perds mon temps ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

temps

Mais si je laisse échapper une simple donnée de l'expérience, comment mon angoisse - ou mon mécontentement tout au moins - est-elle possible? Ne suis-je point confronté, en profondeur, à un vide ou à un manque exprimant quelque chose d'irrémédiable, à savoir l'existence d'une limite à laquelle je ne puis échapper? Qu'est, en définitive, le temps, pour moi? Une simple forme opératoire? Une durée concrète enveloppant mon existence? Un champ des possibles? Quelle est la signification réelle de cette perte du temps que j'expérimente? Tel est le problème que soulève cet énoncé. Ainsi apparaît un enjeu essentiel : doit-on tirer parti de tous les possibles de la vie? Ce qui est ici en jeu, c'est tout ce qui n'est pas joué d'avance, tout ce qui vaut la peine d'être tenté.

« Perdre son temps « est une expression courante, elle s'emploie lorsqu'on est face à une situation où l'on ne peut employer son temps à faire ce qu'on voudrait. Or le temps n'est pas une chose, on ne peut le saisir alors comment peut on le perdre? Comment peut on perdre quelque chose qui nous échappe? D'où nous vient cette impression de manque lorsqu'on ne peut s'adonner à une activité qui nous satisfait? Pourquoi éprouvons-nous un sentiment de frustration face à une activité que nous aurions pu faire (et donc que nous n'avons pas fait) ? Peut on regretter quelque chose qui n'a jamais été?

temps

« le puis, je sais du moins que, où qu'ils soient, ils n'y sont pas en tant que choses futures ou passées, mais sontchoses présentes.

Car s'ils y sont, futur il n'y est pas encore, passé il n'y est plus.

Où donc qu'ils soient, quels qu'ilssoient, ils n'y sont que présents.

Quand nous racontons véridiquement le passé, ce qui sort de la mémoire, ce n'estpas la réalité même, la réalité passée, mais des mots, conçus d'après ces images qu'elle a fixées comme des tracesdans notre esprit en passant par les sens.

Mon enfance par exemple, qui n'est plus, est dans un passé qui n'estplus, mais quand je me la rappelle et la raconte, c'est son image que je vois dans le présent, image présente en mamémoire.

En va-t-il de même quand on prédit l'avenir ? Les choses qui ne sont pas encore sont-elles pressentiesgrâce à des images présentes ? Je confesse, mon Dieu, que je ne le sais pas.

Mais je sais bien en tout cas qued'ordinaire nous préméditons nos actions futures et que cette préméditation est présente, alors que l'actionpréméditée n'est pas encore puisqu'elle est à venir.

Quand nous l'aurons entreprise, quand nous commenceronsd'exécuter notre projet, alors l'action existera mais ne sera plus à venir, mais présente.

(...) Il est dès lors évidentet clair que ni l'avenir ni le passé ne sont et qu'il est impropre de dire : il y a trois temps, le passé, le présent,l'avenir, mais qu'il serait exact de dire : il y a trois temps, un présent au sujet du passé, un présent au sujet duprésent, un présent au sujet de l'avenir.

Il y a en effet dans l'âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs :un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l'avenir,l'attente.

Si l'on me permet ces expressions, ce sont bien trois temps que je vois et je conviens qu'il y en a trois. Saint Augustin Il est maintenant clair et évident que les choses futures ni les choses passées ne sont point, et que c'estimproprement qu'on dit : il y a trois temps : le passé, le présent, le futur, mais sans doute dirait-on correctement : ily a trois temps, le présent des choses passées, le présent des choses présentes, le présent des choses futures.Car ces trois sortes de choses sont bien dans l'âme et je ne les vois point ailleurs : la mémoire présente des chosespassées, la conscience présente des choses présentes et l'attente présente des choses futures.

Si l'on nous permetde parler ainsi, alors je vois trois temps et j'accorde qu'il y en a trois.

Que l'on dise encore : il y a trois temps, lepassé, le présent et le futur, selon un usage abusif, soit! je n'en ai cure, je ne m'y oppose ni ne le blâme, pourvutoutefois que l'on comprenne ce que l'on dit, à savoir que ni ce qui est futur soit déjà, ni ce qui est passé soitencore.

Car nous parlons de peu de choses correctement, de la plupart incorrectement, mais on voit bien ce quenous voulons dire. II Perdre conscience comme conscience d'un manque Lorsque je perds mon temps, j'ai l'intuition d'avoir perdu une possibilité.

Le temps et l'espace sont les deux lieux où la conscience se situent.

Ainsi, toutes mes capacités d'action setrouvent en eux.

Perdre son temps dérive donc d'un sentiment de frustration liéà une perte d'une partie de sa liberté.

Si perdre son temps, c'est perdre despossibilités c'est donc perdre sa liberté totale, cependant cette conception dutemps ne reste t elle pas imaginaire puisqu'il s'agit d'un temps d'actions qui n'ajamais été? Bergson Quand l'enfant s'amuse à reconstituer une image en assemblant les pièces d'unjeu de patience, il y réussit de plus en plus vite à mesure qu'il s'exercedavantage.

La reconstitution était d'ailleurs instantanée, l'enfant la trouvaittoute faite, quand il ouvrait la boîte au sortir du magasin.

L'opération n'exigedonc pas un temps déterminé, et même, théoriquement, elle n'exige aucuntemps.

C'est que le résultat en est donné.

C'est que l'image est créée déjà etque, pour l'obtenir, il suffit d'un travail de recomposition et de réarrangement, -travail qu'on peut supposer allant de plus en plus vite, et même infiniment viteau point d'être instantané.

Mais, pour l'artiste qui crée une image en la tirant dufond de son âme, le temps n'est plus un accessoire.

Ce n'est pas un intervallequ'on puisse allonger ou raccourcir sans en modifier le contenu.

La durée de son travail fait partie intégrante de son travail.

La contracter ou la dilater serait modifier à la fois l'évolutionpsychologique qui la remplit et l'invention qui en est le terme.

Le temps d'invention ne fait qu'un ici avec l'inventionmême.

C'est le progrès d'une pensée qui change au fur et à mesure qu'elle prend corps.

Enfin c'est un processusvital, quelque chose comme la maturation d'une idée.

Le peintre est devant sa toile, les couleurs sont sur la palette,le modèle pose ; nous voyons tout cela, et nous connaissons aussi la manière du peintre : prévoyons-nous ce quiapparaîtra sur la toile ? Nous possédons les éléments du problème ; nous savons, d'une connaissance abstraite,comment il sera résolu, car le portrait ressemblera sûrement au modèle et sûrement aussi à l'artiste ; mais lasolution concrète apporte avec elle cet imprévisible rien qui est le tout de l'oeuvre d'art.

Et c'est ce rien qui prenddu temps. III L'illusion de la perte Lorsque je perd mon temps, je me trompe donc sur un point : je ne peux perdre ce que je n'ai jamais eu.

Il n'y a d'existence concrète que dans le présent.

Perdre son temps est donc un produit de l'imagination basé sur uneexpérience.

Je sais que pendant une partie de ce temps que j'ai perdu, j'aurais pu faire certaines choses car mon. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles