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LE PERSONNAGE de Pyrrhus chez Racine

Publié le 12/04/2011

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PYRRHUS EST L'UNIQUE ACTEUR DU DRAME QUI POSSÈDE L'AUTORITÉ EFFECTIVE, qui puisse prendre des décisions souveraines. Sans doute son union avec Andromaque dépend de la Troyenne, mais il peut, s'il le veut, épouser Hermione et livrer Astyanax. A dire vrai ses résolutions ne sont point libres et dépendent des mouvements impulsifs de sa passion. C'est en cela qu'il est éminemment tragique. Il est le centre de l'intrigue: SON ACTION TEND A DISSOCIER L'UN DES DEUX GROUPES HECTOR-ANDROMAQUE OU ORESTE-HERMIONE. Sans lui, pas de pièce possible, il est le lien qui joint tous ces personnages dont le destin n'est qu'un fragment du sien.

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« Hermione, l'oblige à participer à la cérémonie, et le charge de prévenir la princesse.

Il est difficile de s'acharnerdavantage sur un homme qui n'est pour rien dans la déconvenue qu'on vient de ressentir (acte II, se.

4).

Le Pyrrhusde Racine veut satisfaire ses désirs, quels que soient les moyens à employer : « Le fils me répondra des mépris de la mère.

» (v.

370).

Rien de tout cela qui rappelle « l'Astrée », ou le « GrandCyrus », et les promenades dirigées au pays du Tendre. EN VÉRITÉ PYRRHUS EST FORMÉ DE CONTRASTES, tour à tour prêt à brûler des villes, et raffiné dans ses propos,vrai quand il est violent, et vrai quand il est tendre, car il a parfois des sentiments de collégien naïf, presquecomique : « ...crois-tu si je l'épouse « Qu'Andromaque en son cœur n'en sera point jalouse ?...

» (v.

669), « Retournons-y, je veux la braver à sa vue...

» (v.

677); et parfois aussi, le cynisme du guerrier : « Je puis meplaindre à vous du sang que j'ai versé, « Mais enfin, je consens d'oublier le passé.

» (v.

1343). Il y a, dit Lemaître, « vingt-cinq siècles entre le langage de Pyrrhus et certains de ces actes ».

Mais Andromaque, lapure, la douce, la vertueuse, n'a pas craint non plus de faire tuer un enfant pour sauver le sien, et ces apparentesdissonances sont la marque des personnalités fortes.

Plus : en dépit des anachronismes, PYRRHUS EST CEPENDANTPLACÉ PAR RACINE DANS UN MILIEU OU IL NE MANQUE PAS DE VÉRITÉ RELATIVE.

Il y a « TRANSPOSITION », loinécessaire de l'art : on ne peut parler qu'avec la langue, mais aussi qu'avec l'esprit de son temps.

Il faut êtrecompris de ceux qui vous écoutent, et surtout il faut se comprendre soi-même.

Virgile n'a pas agi autrement avecHomère.Pyrrhus est par essence un homme qui se regarde agir, qui n'ignore rien de ses fautes, qui, même esclave de sapassion, se juge avec lucidité. Subligny, à propos du Roi d'Epire se défaisant de ses gardes (et ensuite de Phœnix), écrit : « Il n'y a personne » quine prenne cela « pour une bévue insupportable ».

Il prouve aussitôt qu'il n'a rien compris aux mobiles de Pyrrhus.

Lefils d'Achille s'abandonne au crime en toute conscience.

Il dit à Hermione : « Je ne viens point, armé d'un indigne artifice, « D'un voile d'équité couvrir mon injustice: « Il suffit que mon cœur me condamne tout bas.

» (v.

1277); « ...Eclatez contre un traître « Qui l'est avec douleur, et qui pourtant veut l'être.

» (v.

1301). IL SE SAIT COUPABLE.

Il accepte tous les risques de son forfait : « Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes,« Combien je vais sur moi faire éclater de haines.

» (v.

962). Il achève la partie, cartes sur table : masser sa garde autour d'Astyanax et aller seul au Temple, c'est le coupd'audace d'un joueur qui en est arrivé à défier les dieux offensés par son parjure.

Loin d'être une « bévue ».

l'envoides soldats près du fils d'Hector couronne le personnage de Pyrrhus, met en évidence L'ANALOGIE SENTIMENTALEDE PYRRHUS ET DE RACINE amoureux, inquiet, véhément et mal aimé.. »

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