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Peut-on admettre l'existence de Dieu sans être religieux ?

Publié le 22/02/2004

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dieu

EXISTENCE (lat. existere, sortir de, s'élever de)

Gén. Le fait d'être. En ce sens existence s'oppose à néant (il y a quelque chose plutôt que rien) et à essence. Exist. L'opposition de l'existence et de l'essence est, pour l'existentialisme, fondamentale. En effet, ek-sistere, c'est être en dehors de soi-même, en quête de soi. C'est précisément, selon Sartre, ne pas avoir de nature a priori , ne pas savoir à l'avance ce qu'on est, chercher ce que l'on veut être. Alors que les choses sont conçues avant d'exister, ont une essence avant d'avoir une existence, l'homme est libre de se choisir (en lui « l'existence précède l'essence »). L'angoisse fondamentale de l'existence n'est donc pas celle du néant qui s'exprime dans Hamlet (« être ou ne pas être »). Elle est plutôt pour chacun celle du sens qu'il lui revient de donner à sa vie, d'une essence à construire sans aide et sans appui.

RELIGION (lat. religare, relier, attacher)

La religion est, selon son étymologie, un lien ou une mise en relation : elle relie les hommes à plus haut qu'eux, à une puissance qui les dépasse infiniment, les transcende. Ainsi, la religion semble s'opposer à la société, qui est le lien des hommes entre eux. L'homme serait donc à la fois social et religieux, ce double lien pouvant engendrer des conflits comme en témoigne l'histoire de la chrétienté occidentale qui a vu souvent s'affronter l'autorité politique, représentant la société, et l'autorité sacerdotale, représentant la religion. Cependant, le monde antique se caractérisait plutôt par une indistinction entre lien social et lien religieux : pour un Athénien du Ve siècle, la religion n'est pas une affaire privée, mais le signe de son appartenance à la communauté. Aucun lien personnel ne l'attache à un Dieu , les cultes divins étant d'abord des cultes publics. Il faut donc distinguer la religion grecque, qui est une religion sociale, puisque dans sa religion chaque cité s'adore elle-même et magnifie ses vertus, de la religion chrétienne qui suppose avant tout une relation personnelle à Dieu . Or, comme le souligne Hegel, une religion qui se définit strictement par le lien social ne peut prétendre à l'universalité. Ainsi, la multiplicité des dieux grecs les conduit à se combattre et à se haïr comme le feraient des hommes. Hegel évoque alors l'« oubli comique de leur nature éternelle », et conclut que le vrai sentiment religieux ne peut se retrouver dans cette forme de religion sociale. La vraie religion serait donc le christianisme, religion de l'homme libre, qui sépare nettement lien social et lien religieux. Parce que Jésus dit tu à tout homme, abstraction faite des liens sociaux dans lesquels il est pris, la religion chrétienne « rend à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

PEUT-ON : Ce genre de sujet interroge sur la capacité, la faculté, la possibilité de faire ou de ne pas faire quelque chose, d'être ou de ne pas être. Il faudra distinguer la possibilité technique et la possibilité morale.

Lorsque un individu s'interroge sur le sens de l'existence, il est inéluctablement confronté à la possibilité de l'existence de Dieu. L'histoire de la philosophie montre, concernant cette question, qu'elle entretient depuis toujours des rapports étroits et complexes avec celle-ci. C'est bien la philosophie qui met fin à l'attachement et à la croyance aux mythes et qui, successivement, se plonge dans son propre questionnement métaphysique (discours et questionnement sur le suprasensible) et théologique (étude sur « Dieu «, « Théo «en grec). Cependant la philosophie tisse et froisse tout à la fois, en chemin, des liens avec le dogme religieux en place. Nous savons que Descartes, Spinoza ou encore Pascal furent disqualifiés voire persécutés par certains ordres religieux du moment. Il faut dire que les écrits de ces auteurs généraient de vives contestations du dogme établi et des bouleversements concernant l'approche de la nature du divin. Cette intense division entre philosophies du divin et ordre religieux, que Kant appelait « Kampfplatz « (« champ de bataille «), fut grossièrement celle de la raison et de la foi. L'ordre rationnel, philosophique reconnaît une faculté intellectuelle (libre !), propice à admettre l'existence de Dieu et que la religion dénonce comme illusion et corruption de la pureté de la foi. Le divorce entre le Dieu de la raison (philosophie) et le Dieu de la foi (religion) est alors visible. Peut-on admettre, dès lors, l'existence du Dieu des philosophes ? Quelles seront les caractéristiques de cette admission ? Si admettre signifie prouver alors n'est-ce pas le statut même du mystère divin qui est dévoyé ?

dieu

« s'appuie sur rien de concret, sur l'expérience.

L'erreur de la raison lorsqu'elle projette ces idées, c'est de lesconsidérer comme des concepts à valeur objective alors même qu'elle quitte le sol de toute expérimentationpossible.

Dès lors Dieu, comme les autres idées de la raison, ne peut faire l'objet d'une démonstration ou d'unepreuve.

La croyance « rationnelle » qui s'attache à ces idées n'est, des mots même de l'auteur, qu'« illusiontranscendantale », erreur naturelle et inévitable de la raison lorsqu'elle veut justifier et connaître l'expériencesensible par un principe (Dieu), par nature, impropre à la connaissance humaine. La réponse du jeune prêtre Morin (Cf.

le film de Melville, « Léon Morin prêtre ») à la question de la jeune incroyante(Peut-on savoir si Dieu existe et comment est sa nature ?) est représentative de cette critique des pouvoirs duconnaître humain.

C'est un dessin qu'il donne en guise de réponse : Dieu est un cercle contenant le monde mecontenant.

Comment l'humain pourrait-il connaître et encore plus prouver cela même qui le dépasse et le contient ? Kierkegaard nous offre un regard plus radical sur cette question.

Laphilosophie, tout comme la pratique religieuse commune, ne nous permet pasd'admettre adéquatement l'idée de Dieu.

Seule la foi personnelle à le pouvoirde conduire à une pensée véritable de l'ordre divin.

Celle-ci sera certesalimentée par les textes sacrés, mais pas par une église que Kierkegaarddénonce comme étant devenue une « compagnie d'assurance pour l'au-delà ».

Mais cette admission à un prix fort.

Vivre en harmonie avec la foi enDieu ne relève pas, à en croire le danois, d'une sinécure.

C'est bien plutôt àun lourd choix existentiel que se confronte l'individu.

Pour être à la hauteur dela foi, celui-ci doit opérer un véritable « saut qualitatif » (intellectuel etpratique) dans le stade religieux (Cf.

Etapes sur le chemin de la vie ). Kierkegaard conclue, ironiquement, que l'admission de l'existence de Dieuimplique de perdre toutes les traditions éthiques, rationnelles et mêmereligieuses.

Seul un choix absolu et totalement personnel peut présider àcette admission radicale.

L'existence s'en trouve alors bouleverséefondamentalement. C'est sur le terrain de la raison que la raison a raison et, s'il n'y a rien endehors d'elle, elle est réponse à tout (« Tout le réel est rationnel et tout le rationnel est réel »).

A tel point qu'elle ne pourrait tenter de se nier qu'en s'affirmant.

Mais peut-elle rendre raison d'elle-même ? Le croire seraits'engager dans un processus de régression à l'infini, dont on ne peut sortirque par un saut hors de la raison… un acte de foi dans la raison… tout à fait irrationnel.

Il n'y a pas de raison de laraison.

Et si la raison trouve sa limite dans une réflexion sur son fondement, elle en rencontre une autre en seheurtant à l'existence.

Kant avait bien montré que l'existence, absolue position d'une chose, échappe à toute démonstration, mais il persistait à aligner l'existence du sujet éthique sous l'universalité de la raison pratique (ledevoir).

Le sujet, de Descartes à Hegel , n'est qu'une abstraction qui ôte à l'existence son existence : tel est le point de départ de la révolte de Kierkegaard contre le rationalisme.

La conversion à l'existence est l'acte par lequel le peseur subjectif se détourne de l'universalité des règles de la raison uniformisant les règles de vie, pour sepenser comme individu, « être particulier existant, qui prend la décision absolue sur le plan de l'existence » (« Post- Scriptum… »).

La vérité de l'existence humaine est toute entière dans le sens que lui assigne le choix subjectif de l'individu.

Si chez l'animal, l'espèce est plus importante que l'individu, car celle-ci impose en quelque sorte à celui-làses règles.

Chez l'être humain, l'individu prévaut sur l'espèce qui ne décide pas pour lui.

L'individu doit choisir pourson propre compte sans pouvoir se dérober.

L ‘homme n'a donc pas un existence spéculative mais concrète et c'estdans et par cette confrontation concrète aux « possibles » que l'homme donne forme à sa singularité et devient parlà même un « individu ».

Mais l'individu paie cette liberté du choix par l' « angoisse » qui est sentiment de malaise devant l'inconnue de la possibilité.

L'existence est possibilité cad « angoisse ».

Et c'est cette vérité subjective que recherche Kierkegaard dans les « Etapes sur le chemin de la vie ».

Or la leçon que donne l'existence de la raison est qu'elle ne se plie pas à ses exigences.

Elle est par essence paradoxale, car chaque vérité existentielle asa contrevérité, non moins vraie qu'elle [1].

Ainsi, l'homme esthétique qui a choisi l'aventure, la jouissance instantanée fera l'amère expérience de l'insatisfaction.

Pour avoir placé le définitif dans l'instant, sa vie ne seraqu'un temps vide, car il faut que l'instant meure pour que l'instant naisse.

Avec le juif errant et Faust , Don Juan sera la figure de l'existence esthétique oscillant entre le plaisir immédiat et le désespoir.

Pour avoir choisi de ne pass'attacher, Don Juan , de conquête en conquête, ne connaîtra que des échecs, sa victime se dérobe au moment même où elle s'abandonne et la femme en soi n'est jamais possédée.

Pour lui, chaque femme représente unepossibilité d'existence.

Mais il choisit de ne pas choisir et reste suspendu entre toutes les possibilités qu'offrent sesconquêtes.

A les vouloir toutes, Don Juan sombre dans l'angoisse du rien du tout, de la vacuité.

Puisque l'instant est son plaisir, son plaisir ne dure qu'un instant.

Vivant en prédateur et non en constructeur, Don Juan ne peut jouir que dans l'instant et le particulier et non dans le général et le durable.

A courir trop de proies, le chasseur nerevient qu'avec l'ombre.

L'ironie –présence implicite de l'éthique dans l'esthétique- peut permettre à l'individud'échapper à cette existence inconsistante pour se convertir à l'existence éthique.

L'ironie, définie comme laplaisanterie derrière le sérieux, lui fera prendre conscience que la liberté du vide n'est qu'un vide de liberté.

Et que lechoix est nécessaire, car il est le facteur le plus puissant d'individualisation de sa personnalité.

La volonté del'homme éthique pose le bien et le mal en s'opposant à la velléité de l'homme esthétique.

L'instant qui représentaittout pour l'esthète n'était rien puisqu'il ne servait pas à faire un choix essentiel, existentiel et décisif mais àmaintenir l'individu entre différents possibles.

L'éthicien, homme de bonne volonté, soumet l'existence à l'unité de larègle (le devoir dans la vie conjugale, familiale, professionnelle, confessionnelle, la vie éthique selon Hegel ).. »

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