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Peut-on affirmer, comme le dit Daniel Ménager à propos de Gargantua, que dans nos deux romans, Pantagruel et Gargantua, « la métamorphose du géant en homme est pratiquement terminée » ?

Publié le 26/08/2012

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gargantua

Par ailleurs, le corps est tellement important dans les deux œuvres, qu’il peut même littéralement contenir tout un monde. En effet, Alcofribas fait l’étrange expérience du monde intérieur de Pantagruel : pour s’abriter d’une averse, le narrateur entre dans la bouche du géant où il se retrouve dans un véritable « nouveau monde « : « je y cheminoys comme faict en Sophie à Constantinople, et y veiz de grans rochiers, comme les monts des Dannoys (...) et de grans prez, de grans forestz, de fortes et grosses villes, non moins grandes que Lyon ou Poictiers «. La bouche de Pantagruel devient ainsi une réplique du monde réel où l’on peut se promener à sa guise et où il y a une structure de vie : des champs sont cultivés, puis les aliments sont vendus au marché, il y a des habitations, des villes de plus ou moins grande importance... Le géant est donc un porteur de monde qui d’après ses habitants « est plus ancien «. On peut relever la comparaison faite par Alcofribas de ce monde avec l’ancienne église Sainte-Sophie à Constantinople. En effet, la traduction grecque étant « Sainte-Sagesse « on peut penser que cette comparaison n’est pas anodine : le géant abriterait alors un monde de sagesse, de vérité en son corps, un monde qu’on pourrait alors imaginer comme étant parvenu à intégrer les préceptes humanistes. 

gargantua

« moments de détente seront une excuse pour réviser les connaissances du géant.

De la même manière, les habitants de Thélème sont libres de faire ce qu'ils veulent,sans contrainte ni obligation en suivant le rythme de la journée.

Ainsi, la nature est au centre de l'éducation humaniste ce qui attise la curiosité de l'élève à qui l'ondemande de garder l'esprit ouvert et critique.En plus de ce carcan éducatif, Rabelais critique la perception que peut avoir l'autorité sur le corps.

Pour le christianisme, le corps terrestre n'est qu'un entre-deux,l'important étant sa forme céleste.

Par ce fait, en plus de dénigrer l'esprit, l'éducation scolastique dénigre le corps, l'abîme en le méprisant.

A cela, Rabelais va encoreune fois exposé un programme différent et emprunt d'humanisme.

Si avec son premier précepteur, Gargantua se montrait grand buveur et fainéant, Ponocrates lepousse à régler son alimentation, à faire de l'exercice et à prendre soin de son corps.

Éduqué de la sorte, il conseillera dans sa lettre à Pantagruel de faire de même :« il te faudra issir de ceste tranquillité et repos d'estude et apprendre la chevalerie et les armes ».

On voit alors apparaître l'importance du corps dans la visionhumaniste qui se montre beaucoup plus optimiste que le christianisme dans sa perception de l'homme : le passage sur terre n'est pas juste un obstacle à l'élévationcéleste, il est un moyen pour l'homme de se cultiver et cela n'est possible que dans un corps sain (« galentement se exercens les corps comme ilz avoient les ames auparavant exercé »).

Ainsi, la taille du corps des deux géants est surtout là pour nous montrer son importance, il ne peut être oublié.

Par ailleurs, le corps est tellement important dans les deux œuvres, qu'il peut même littéralement contenir tout un monde.

En effet, Alcofribas fait l'étrange expériencedu monde intérieur de Pantagruel : pour s'abriter d'une averse, le narrateur entre dans la bouche du géant où il se retrouve dans un véritable « nouveau monde » : « jey cheminoys comme faict en Sophie à Constantinople, et y veiz de grans rochiers, comme les monts des Dannoys (...) et de grans prez, de grans forestz, de fortes etgrosses villes, non moins grandes que Lyon ou Poictiers ».

La bouche de Pantagruel devient ainsi une réplique du monde réel où l'on peut se promener à sa guise etoù il y a une structure de vie : des champs sont cultivés, puis les aliments sont vendus au marché, il y a des habitations, des villes de plus ou moins grandeimportance...

Le géant est donc un porteur de monde qui d'après ses habitants « est plus ancien ».

On peut relever la comparaison faite par Alcofribas de ce mondeavec l'ancienne église Sainte-Sophie à Constantinople.

En effet, la traduction grecque étant « Sainte-Sagesse » on peut penser que cette comparaison n'est pasanodine : le géant abriterait alors un monde de sagesse, de vérité en son corps, un monde qu'on pourrait alors imaginer comme étant parvenu à intégrer les précepteshumanistes. Gargantua et Pantagruel sont indéniablement des géants : comment faire pour remettre cela en question lorsque l'on lit leurs exploits alimentaires et guerriers.Cependant, Daniel Ménager met en avant un point important de leur caractéristique : ils possèdent des qualités humaines.

Et c'est en les créant de la sorte queRabelais réalise un tour de génie.

Ainsi, leurs qualités physiques passent au second plan lorsqu'il s'agit pour l'auteur de traiter de questions importantes.

A ce momentlà ce sont leurs qualités morales et intellectuelles qui prennent le dessus et c'est ce qui nous fait oublier que ce sont des géants, c'est cela qui nous pousse à dire que« la métamorphose du géant en homme est pratiquement terminée ».

Pourtant, le choix du géant n'est pas anodin puisqu'il est au service des idées de Rabelais : il luipermet d'être sûr de capter l'attention des lecteurs sans prendre de risque et d'en faire le porte-parole des valeurs humanistes.

Mais si ces valeurs sont prônées par lebiais d'un thème populaire et irréel, c'est aussi un moyen pour Rabelais de montrer l'utopisme de l'humanisme ; après tout, qui pourrait ingérer telle quantité deconnaissances comme l'a fait Gargantua et son fils ? Ainsi la présence, de ce « nouveau monde » dans la bouche de Pantagruel nous indique l'irréalité de cette visionhumaniste.

Le géant est à la fois le symbole de ce que doit être un homme complet mais également le signe que ce but reste une utopie.. »

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