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Peut-on affirmer que l'homme est libre et la nature soumise à des lois ?

Publié le 01/02/2004

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Dieu aurait donné à l'homme le pouvoir de juger et d'agir librement. Au XVIIe siècle, Descartes reprend à son compte l'origine et la nature divines de ce libre-arbitre : « Dieu a fait trois merveilles : quelque chose à partir de rien, le libre-arbitre et l'Homme-Dieu. »Mais les partisans du libre-arbitre placent l'homme au-dessus des lois de la nature, puisque, dit Spinoza, « ils conçoivent l'homme dans la Nature comme un empire dans un empire ».Kant propose de sortir de ce dilemme en distinguant les deux mondes auxquels nous appartenons simultanément : le monde des phénomènes naturels, dans lequel nous sommes déterminés, et un autre monde, hors de l'espace et du temps, auquel nos sens n'ont pas accès, mais dont nous avons des raisons de penser qu'il existe : le monde intelligible. Du fait de sa double appartenance, l'homme est soumis d'une part aux lois de la nature sensible, et, d'autre part, sur un autre plan, au pouvoir de sa raison morale. Celle-ci lui commande d'agir en obéissant aux principes de la loi morale, « de sorte, écrit Kant, que la personne, comme appartenant au monde sensible, est soumise à sa propre personnalité en tant qu'elle appartient en même temps au monde intelligible ». Descartes et Kant admettent donc l'existence d'une opposition entre le mécanisme, qui règne dans la nature, et la moralité de l'homme. Certes, il résulte de cette dualité qu'on ne peut pas démontrer par des causes physiques l'existence du libre-arbitre. Mais, écrit Descartes, la liberté de notre volonté est d'une telle évidence « qu'elle se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons ». Les deux propositions sont-elles en opposition, ou peut-on les affirmer indépendamment l'une de l'autre ?
  • Les deux propositions ("l'homme est libre" et "la nature soulise à des lois") n'ont rien de très étonnant: or, l'énoncé du sujet implique qu'il serait paradoxal de les affirmer ensemble, il vous apparatient donc de découvrir à quelle condition elles sont compatibles.
  • Qui découvre les lois de la nature ? L'homme, bien sûr. Donc, cela vous permet de souligner déjà que l'homme n'appartient pas uniquement à l'ordre de la nature et à ses lois.

« Peut-on affirmer à la fois que l’homme est libre et que la nature est soumise à des lois ? Introduction Depuis la naissance de la science moderne, nous concevons la nature comme soumise à des lois : tout état dans la nature succède à un autre état selon une règle universelle et nécessaire.

Or, l’homme semble bien être une partie de la nature.

L’acte par lequel la volonté de l’homme se détermine doit donc avoir lieu selon une règle universelle et nécessaire, comme tout autre événement dans la nature.

Si tel est le cas, toute acte de la volonté de l’homme est déterminé : l’homme ne veut pas, mais il se meut comme un pantin ; l’homme n’agit jamais à proprement parler, il est agi ; bref, l’homme n’est pas libre, il est déterminé.

L’affirmation que la nature est soumise à des lois semble à première logiquement incompatible avec l’affirmation que l’homme est libre.

En bonne logique, il faudrait donc renoncer à soutenir que l’homme est libre.

Mais reconnaître que l’homme n’est pas libre, c’est mettre en crise toute notre représentation du monde, en particulier notre idée de la morale, qui repose sur l’imputabilité des actions à un libre arbitre.

Réciproquement, renoncer à l’idée que la nature est soumise à des lois, ce serait régresser vers une conception pré -scientifique de la nature, accepter les forces occultes et les miracles, bref le surnaturel, chose qui ne semble pas plus acceptable.

Enfin, il ne saurait être question de mettre en question le principe de contradiction, autrement dit de réviser la logique elle-même, car cela mettrait en cause la possibilité même de tout discours.

En ce sens, la pression de notre représentation du monde exige que nous nous efforcions de re-penser le rapport entre ces deux affirmations, de telle sorte que nous puissions les maintenir toutes les deux.

Faut -il maintenir que l’homme n’existe que comme une partie de la nature ? Faut -il relativiser le sens de l’affirmation selon laquelle la nature est soumise à des lois ? Faut -il redéfinir la liberté autrement que comme contraire de la nécessité ? 1) Position du problème : non les deux affirmations sont incompatibles, mais elles semblent intrinsèquement contradictoires Kant, Critique de la raison pure, IIIème Antinomie, p.

1103-1109 Antinomie : • contradiction réelle ou supposée entre deux lois • chez Kant, il s’agit d’une antinomie de la raison, c’est-à-dire d’une contradiction des lois de la raison. Certaines lois de la raison sont telles qu’elles ne peuvent être démontrées que par l’absurde (il y a un autre mot, mais je ne me souviens plus) ; le problème est alors que, si l’on peut établir la thèse en montrant l’absurdité de l’antithèse, on peut réciproquement établir l’antithèse en montrant l’absurdité de la thèse ; d’où il résulte une contradiction 1) La thèse qu’il y a une liberté authentique (transcendentale) est contradictoire Notre conception scientifique du déroulement des événements dans la nature semble exclure absolument la possibilité de la liberté en général et donc de la liberté humaine en particulier.

En effet, supposer qu’il y a une liberté [au sens transcendental], par exemple que l’homme est libre, cela revient à supposer qu’il y a une espèce particulière de causalité suivant laquelle les événements du monde peuvent se produire, causalité telle que le début d’une série causale ne soit elle-même précédée d’aucune cause.

Cela. »

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