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Peut-on attribuer à l'homme un désir d'éternité ?

Publié le 09/12/2005

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C'est en sens que Platon définit la sagesse comme le fait « d'apprendre à mourir ». Le désir peut donc bien prendre pour objet l'éternité, en tant qu'elle est la perfection qui manque à l'homme dans sa condition sensible, et qui constitue la destination de son âme.   2° Le désir d'éternité provient de l'intime expérience que nous sommes éternels   Comme nous l'avons déjà suggéré, si l'on définit l'objet du désir comme ce qui nous manque essentiellement, peut-on dire que ce désir, à savoir le désir de l'éternité, est un véritable désir, s'il ne connaît pas son objet ? Pour Platon, dans la mesure où l'âme provient du monde intelligible, s'élever vers l'éternité consiste à se souvenir de notre vie intelligible, mais il n'en reste pas moins que l'éternité n'est pas accessible comme telle dans notre vie sensible. Ne peut-on alors soutenir qu'on ne peut attribuer de véritable désir d'éternité à l'homme que si celui-ci possède, dès cette vie, une expérience de sa destination éternelle ? Spinoza définit le désir comme le propre de l'homme, il est ce qui le pousse à persévérer dans son être, c'est-à-dire à accroître sa puissance de vie. Notre entendement a la capacité d'accéder à la connaissance de ce qui est nécessaire et éternel, et nous faisons ainsi l'expérience que notre esprit est éternel, c'est-à-dire qu'il peut s'unir à la connaissance divine. Le désir d'éternité n'est pas dans cette perspective désir de ce qui manque essentiellement à notre condition, il est désir d'atteindre la perfection dans cette vie même en nous unissant à la puissance divine qui détermine toute chose. Désirer l'éternité n'est donc pas désirer ce qui manque à notre condition, mais coïncide au contraire avec le désir d'accroître notre puissance de vie, car c'est par la connaissance de ce qui nous détermine que nous faisons à la fois l'expérience de l'éternité et d'une augmentation de notre puissance de vivre et d'agir.   3° L'homme ne peut s'échapper du temps   Ne peut-on cependant dire qu'accéder dès cette vie à une expérience d'éternité, qui donnerait sens à notre désir d'éternité, est contradictoire, au sens où sortir du temps semble contradictoire avec la condition humaine elle-même ?

Intuitivement, nous nous représentons l’éternité comme une durée sans fin, comme un temps illimité. Cependant, l’éternité renvoie davantage à ce qui est en dehors du temps, car elle ne connaît ni commencement, ni succession, ni rythme, et ne possède pas en ce sens les caractéristiques du temps. Se demander si on peut attribuer à l’homme un désir d’éternité amène à se demander si l’éternité peut constituer un objet pour le désir. Dans la mesure où le désir apparaît comme le mouvement qui nous pousse à nous approprier ce dont nous manquons et qui nous semble bon, il semble que l’on puise donner sens au désir d’éternité, car la condition humaine étant caractérisée essentiellement par le temps et par la finitude, l’éternité semble par excellence être ce dont on manque et ce à quoi l’on aspire pour sortir de cette finitude. Cependant, si l’éternité est hors de notre condition humaine, il semble, comme nous l’avons suggéré, que l’homme ne puisse comprendre qu’imparfaitement ce qu’est l’éternité, car il ne peut la penser qu’à partir de ce qu’il connaît, le temps : comment peut-on alors désirer ce qui nous est par essence inconnu ? Si l’homme est défini par le temps, peut-il désirer sortir du temps ? Après avoir vu que nous pouvons attribuer à l’homme un désir d’éternité comme désir de ce qui lui manque et qui constitue sa véritable destination, nous verrons que si l’homme peut désirer l’éternité, c’est qu’il est possible d’en faire l’expérience durant la vie. On pourra alors se demander si l’homme peut posséder un désir de sortir du temps, qui définit sa condition.

« comme un raisonnement, ni comme une science », lesquels, malgré leur abstraction, restent encore trop pris dans ledomaine du sensible auquel ils se réfèrent.

Cette beauté, purement intelligible, nous permet enfin de sortir de larelativité des jugements que ses incarnations sensibles suscitaient auparavant.

Alors que la beauté des corps esttoujours relative à ce à quoi on la compare, comme l'avait montré le dialogue de Platon intitulé Hippias (la beautéd'un humain est relative à celle d'autres humains et inférieure à celle d'une déesse), il se trouve aussi toujours despersonnes pour affirmer laid ce qu'une autre trouvera beau.

Or, la beauté intelligible échappe à cette relativité carelle n'est pas matérielle : « beauté qui n'est point belle par un côté, laide par un autre, belle en un temps, laide enun autre, belle sous un rapport, laide sous un autre, belle en tel lieu, laide en tel autre, belle pour ceux-ci, laide pourceux-là ».

On dira alors qu'elle n'est pas relative mais absolue. Ce à quoi s'oppose cet extrait: Ce discours de Diotime décrit une expérience qui n'est pas sans rappeler l'ascension de l'esprit vers l'Idée du Bienque décrivait Platon dans l'allégorie de la caverne.

Or, il ne s'agit pas seulement d'une analogie car, pour Platon, leBien, réalité suprême, est aussi le Beau, ce qui signifie que le Beau est la splendeur du Bien.

Derrière cetteconception se cache l'idée que la beauté existe de manière absolue et qu'elle n'est pas qu'une simple affaire de goûtsubjectif.

Aussi, ce texte s'oppose aux mêmes penseurs déjà mis en cause dans l'allégorie de la caverne, à tousceux qui, comme Protagoras, font de l'homme la mesure de toute chose, y compris pour les jugements portant sur lebeau.

La doctrine de Platon est à rapprocher de la conception très mathématique que les Grecs se faisaient de labeauté, considérée comme règle de juste proportion « objectivement » formulable selon des lois mathématiquespurement intelligibles.

Toutefois, Platon va encore plus loin, car nous pouvons ne pas être tous d'accord sur lavaleur esthétique de l'harmonie qui se dégage de la forme d'un objet sensible.

Ici, Diotime dépasse la référencemême à toute réalité sensible, ce qui sauve la conception d'une beauté absolue de toutes les difficultés liées à laconsidération de beautés matérielles.

Ainsi Platon espère fonder absolument l'Idée du Beau, en la protégeant detoutes les contestations qui proviennent de la relativité des jugements portant sur le sensible et qu'impliquel'expression « chacun son goût ».

2° Le désir d'éternité provient de l'intime expérience que nous sommes éternels Comme nous l'avons déjà suggéré, si l'on définit l'objet du désir comme ce qui nous manque essentiellement, peut-on dire que ce désir, à savoir le désir de l'éternité, est un véritable désir, s'il ne connaît pas son objet ? PourPlaton, dans la mesure où l'âme provient du monde intelligible, s'élever vers l'éternité consiste à se souvenir de notrevie intelligible, mais il n'en reste pas moins que l'éternité n'est pas accessible comme telle dans notre vie sensible.Ne peut-on alors soutenir qu'on ne peut attribuer de véritable désir d'éternité à l'homme que si celui-ci possède, dèscette vie, une expérience de sa destination éternelle ? Spinoza définit le désir comme le propre de l'homme, il est ce qui le pousse à persévérer dans son être, c'est-à-dire à accroître sapuissance de vie.

Notre entendement a la capacité d'accéder à laconnaissance de ce qui est nécessaire et éternel, et nous faisons ainsil'expérience que notre esprit est éternel, c'est-à-dire qu'il peut s'unir à laconnaissance divine.

Le désir d'éternité n'est pas dans cette perspectivedésir de ce qui manque essentiellement à notre condition, il est désird'atteindre la perfection dans cette vie même en nous unissant à la puissancedivine qui détermine toute chose.

Désirer l'éternité n'est donc pas désirer cequi manque à notre condition, mais coïncide au contraire avec le désird'accroître notre puissance de vie, car c'est par la connaissance de ce quinous détermine que nous faisons à la fois l'expérience de l'éternité et d'uneaugmentation de notre puissance de vivre et d'agir. 3° L'homme ne peut s'échapper du temps Ne peut-on cependant dire qu'accéder dès cette vie à une expérience d'éternité, qui donnerait sens à notre désir d'éternité, est contradictoire, ausens où sortir du temps semble contradictoire avec la condition humaine elle-même ? Dans la perspective d'Heidegger, l'être de l'homme est définiessentiellement par la temporalité, et se comprend comme « être-pour-la-mort ».

Le temps est ainsi ce sans quoi on ne peut penser la condition humaine, et va de pair avec une finituderadicale, car la vie humaine ne prend sens que par l'horizon de la mort.

Lorsque l'homme cherche à fuir l'angoisse dela menace de cette mort, notamment en rapportant la mort aux autres et jamais à lui-même, on peut dire qu'ilcherche davantage à nier la mort comme fin des possibilités, en se créant l'illusion d'une immortalité, qu'à sortir dutemps lui-même par une recherche de l'éternité.

En effet, l'homme se définit par sa manière de se rapporter autemps, et notamment à l'avenir, par le projet.

Cette conception de la condition humaine est contradictoire avec undésir d'accéder à au-delà du temps, où il n'y aurait pas même d'avenir : l'avenir est le lieu du devenir, de la création,et est donc le seul lieu où nous pouvons nous réaliser en réalisant nos projets.

L'homme qui cherche l'immortalité enfuyant la possibilité de la mort ne sort donc pas du temps, mais il vit déjà une existence inauthentique car seulel'idée de notre finitude peut donner sens à nos projets qui se réalisent dans le temps.. »

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