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Peut-il y avoir une morale scientifique ?

Publié le 10/03/2004

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morale

Peut-il y avoir une morale scientifique

Pendant des siècles, l'activité humaine à été dirigée par des recettes d'origine mystérieuse, transmises religieusement de génération en génération. Mais, peu à peu, à cette conception plus ou moins magique de l'action se substitue la conception scientifique, fondée sur la connaissance expérimentale des choses. On a même tenté d'introduire la méthode scientifique jusque dans le domaine moral et de constituer une morale scientifique.  Mais, étant donné la nature de la science et la nature de la morale, peut-il y avoir une morale scientifique?

I. Commençons par préciser ce qu'il faut entendre par morale et par sciences.  

II. Ces précisions données, examinons la question : peut-il y avoir une morale scientifique ?  

morale

« Observation. — Sans être tout à fait équivalents, ces deux sujets ont bien des points communs.

Nous les traitons donc conjointement.

Position de la question. Au cours du XIXe siècle et au début du XXe, le culte de la science, alors à son apogée, avait amené à croire que la science suffit à diriger l'action humaine.

D'où plusieurs tentatives de « moralescientifique n, qui furent une des manifestations du « scientisme ».

Mais une Morale peut-elle être purementscientifique? Les tentatives à rejeter. A.

— Les plus résolument « scientistes » de ces tentatives furent celles qui s'appuyèrent sur la Biologie.

Sousprétexte que l'homme est un être vivant et que son action est soumise, par conséquent, aux lois générales de lavie, on prétendit lui appliquer purement et simplement ces lois, que ce fût celle de l'évolution, de la « lutte pour lavie » ou, au contraire, de la « solidarité » qui règne dans les organismes vivants. B.

— Toutes ces Morales péchaient par un vice essentiel, à savoir qu'elles méconnaissaient la spécificité propre dufait moral, et même celle de l'être humain dont la caractéristique est précisément qu'il ne s'incline pas devant lesprétendues fatalités naturelles et qu'il s'efforce de les modifier conformément aux exigences de sa conscience, —sans compter que les prémisses d'où elles partaient, étaient souvent d'ordre pseudo-scientifique plutôtqu'empruntées à une science authentique. L'étude objective de la moralité. A.

— Mais il y a une tout autre façon d'aborder l'étude scientifique de la moralité.

En un sens, celle-ci constitue uneréalité objective : il existe indiscutablement des faits moraux.

Ceux-ci peuvent donc être étudiés scientifiquement, àcondition que l'on prenne soin de leur conserver leurs caractères spécifiques.

La réalité morale se présente ainsisous deux aspects : — 10 sous un aspect psychologique, à l'intérieur de la conscience : on peut donc faire lapsychologie de la vie morale; on peut étudier psychologiquement les concepts et les sentiments moraux et l'actionmorale elle-même; — 2° sous un aspect sociologique : une sociologie, qui se garde de réduire la société à une sortede grand organisme et qui fait une juste place à l'aspect idéal de la vie sociale, ne peut manquer de reconnaître lesmoeurs comme un élément essentiel de cette vie; d'où la constitution d'une science sociologique des moeurs. B.

— La psychologie morale et la « science des moeurs » peuvent donc „être des disciplines scientifiques, employantrespectivement les méthodes de la psychologie et de la sociologie.

Mais on a prétendu en tirer — de la secondesurtout — une véritable Morale qui se substituerait à la Morale théorique telle que l'ont conçue les philosophiestraditionnelles.

Faut-il aller jusque-là? Insuffisance du point de vue scientifique. En réalité, le point de vue scientifique est insuffisant :A.

— Pratiquement : la Science ne suffit pas à diriger l'action, parce que l'homme n'est pas une pure intelligence;même si la science était capable de lui démontrer en quoi consiste le bien moral, il resterait encore à le lui faireaimer et vouloir.B.

— El même théoriquement : il existe en effet une différence fondamentale de point de vue entre la Science et laMorale.

La première se place exclusivement au point de vue positif; elle ne porte que des jugements de réalité; laMorale est essentiellement normative; elle porte des jugements de valeur.

Le mot loi n'a pas le même sens dans laScience et en Morale .

Par suite, la Science ne peut fournir que des moyens d'action (technique).

Mais nos fins, nosbuts d'action résultent d'un choix qui, sans certes être gratuit ni même étranger à l'intelligence et à la raison, doitêtre fondé en fonction de la notion de valeur, donc philosophiquement et non scientifiquement.

La psychologiemorale et la « science des moeurs » peuvent donc rendre des services à la Morale, mais elles ne doivent pasprétendre se substituer à elle. Conclusion.

La Morale peut s'appuyer sur la Science, principalement sur la Psychologie et la Sociologie.

Mais elle ne saurait être purement scientifique et ni théoriquement ni pratiquement la Science ne suffit à diriger l'action.. »

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