Devoir de Philosophie

Peut-il y avoir une société sans État ?

Publié le 27/01/2004

Extrait du document

Pour Marx et Engels, Hegel a commis l'erreur d'identifier le réel à la Raison, car celle-ci n'est pas « la rose dans la croix du présent », mais l'avenir que l'humanité doit bâtir de ses propres mains, en détruisant les structures qui font du monde un lieu de misère et d'oppression. La vie humaine possède bien sûr une rationalité, qui n'est cependant ni proprement spirituelle, ni en elle-même positive. Aussi le véritable réalisme consiste-t-il à la penser en partant de ses déterminations les plus élémentaires. La thèse marxienne est que les institutions de la société et leur évolution procèdent non pas de la conscience de l'homme, qui est un phénomène second, mais de sa vie matérielle, c'est-à-dire de ses besoins premiers et des conditions concrètes de la production (ressources, travail, technique, etc.). « Les rapports sociaux, écrit Marx, sont intimement liés aux forces productives. En acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant  le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tous les rapports sociaux.  Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel. » (« Misère de la philosophie »,  p. 119).

Aristote définit trois ensembles nécessaires : la famille, le village et la cité. La famille organise la parenté et assure la filiation ; le village quant à lui pourrait correspondre à ce que nous nommons la société civile : il assure la prospérité économique et pourvoit aux besoins des familles par l'organisation du travail et des échanges. Enfin, il y a la cité, parce que les seules communautés familiales et économiques ne satisfont pas tous les besoins de l'homme : il lui faut vivre sous une communauté politique, qui a pour fonction d'établir les lois. Selon Aristote, la cité, c'est-à-dire l'organisation politique, est pour l'homme « une seconde nature « : par elle, l'homme quitte la sphère du naturel pour entrer dans un monde proprement humain.

« L'État de la domination d'une classe sociale chez Marx « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et letravail, le pouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoirpublic organisé aux fins d'asservissement social d'un appareil dedomination d'une classe.

Après chaque révolution, qui marque un progrèsde la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir d'Étatapparaît de façon de plus en plus ouverte» [La Guerre civile en France,p.

60-61].

La conception marxiste de l'État est ici résumée dans sonprincipe essentiel : l'État capitaliste est l'appareil de domination de laclasse ouvrière par la bourgeoisie, y compris par la violence comme cefut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotisme absolu d'uneclasse sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bienplutôt un produit de la société à un stade déterminé de sondéveloppement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans uneinsoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositionsinconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.

Mais pour que lesantagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne seconsument pas — elles et la société — en une lutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenirdans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elle et lui devientde plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.

156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmesraisons, l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la dominationd'une classe sur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] —l'ordre social.

D'où l'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avecquelques difficultés sur les moyens d'y parvenir. « L'ÉTAT, PRODUIT DE LA LUTTE DES CLASSES.» « L'origine de la famille... » vise à doter la pensée politique marxienne d'un fondement scientifique.

S'appuyant sur les données de l'ethnologie naissante, Engels souligne qu'il a existé des sociétés sans Etat, et affirme que seules la division du travail et la constitution de classes aux intérêts antagonistes rendent celui-ci nécessaire.

Ilentend rompre ainsi avec la conception idéaliste de l'État, et notamment la thèse hégélienne selon laquelle celui-ciest « la réalité effective de l'Idée morale ». En fait, Hegel ne niait pas que du point de vue de sa genèse, l'État fût lié au développement des tensions économiques, écrivant lui-même qu' « un véritable État et un véritable gouvernement ne se produisent que quand il y a une différence de classe, quand la richesse et la pauvreté deviennent très grandes et qu'il apparaît unesituation telle qu'un grand nombre de personnes ne peut plus satisfaire ses besoins comme il en avait coutume. » (« La Raison dans l'Histoire », p.

239).

Seulement, il considérait les contradictions sociales comme l'élément contingent à travers lequel s'accomplit progressivement l'essence de l'homme, autrement dit sa nature génériqued'esprit libre.

Pour Marx et Engels , Hegel a commis l'erreur d'identifier le réel à la Raison, car celle-ci n'est pas « la rose dans la croix du présent », mais l'avenir que l'humanité doit bâtir de ses propres mains, en détruisant les structures qui font du monde un lieu de misère et d'oppression.

La vie humaine possède bien sûr une rationalité, quin'est cependant ni proprement spirituelle, ni en elle-même positive.

Aussi le véritable réalisme consiste-t-il à lapenser en partant de ses déterminations les plus élémentaires. La thèse marxienne est que les institutions de la société et leur évolution procèdent non pas de la conscience del'homme, qui est un phénomène second, mais de sa vie matérielle, c'est-à-dire de ses besoins premiers et desconditions concrètes de la production (ressources, travail, technique, etc.).

« Les rapports sociaux , écrit Marx , sont intimement liés aux forces productives.

En acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changentleur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tousles rapports sociaux.

Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur, la société avecle capitalisme industriel .

» (« Misère de la philosophie », p.

119).

Les forces productives se développant, apparaît la division du travail, qui implique la répartition inégale des tâches et des produits, la « propriété privée », et finalement la contradiction entre l'intérêt de « l'individu singulier » et « l'intérêt collectif de tous les individu » (« L'Idéologie allemande », p.

31).

Dans le passé, tous les modes de production ont été caractérisés par l'opposition entre les détenteurs des moyens de production, qui forment la classe économiquement et politiquementdominante, et ceux qui, d'une manière ou d'une autre, en sont réduits à soumettre leur force de travail à autrui.Ainsi, loin d'avoir consisté dans les progrès de la liberté, l'histoire n'a été qu'aliénation, déchirement de la société etfragmentation de l'homme.

La désintégration de la communauté en un agrégat d'êtres incomplets et malheureuxculmine dans la société civile et l'État modernes, qui ne réconcilient nullement, comme le croit Hegel , l'unité politique et l'indépendance personnelle, mais constituent la forme de l'exploitation bourgeoise.

« Là où l'Etat politique. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles