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Peut-il y avoir un usage légitime de la violence ?

Publié le 27/02/2008

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Ne pas s'égarer dans une réflexion sur l'efficacité ou non de la violence ou (et) de la non-violence (à mois que cette réflexion ne soit finalement parfaitement intégrée à la problématique convenant à ce sujet, cad une problématique d'ordre moral.). La violence est-elle toujours condamnable ? Peut-on en faire un usage légitime, cad moralement défendable?

 

  • 1. L'État, monopole de la « violence légitime «

   a) Max Weber : État et violence légitime  b) Fondements de la légitimité de la violence légitime  

  • 2. Une violence réellement légitime ou seulement légale?

   a) La légalité est-elle la force érigée en droit ?    b) Hobbes, la force constitue le droit    ■ Le droit naturel, c'est-à-dire la guerre  ■ La force de l'État fonde et garantit le droit  ■ Critique de la force comme fondement du droit  c) Rousseau : l'État, force au service du droit    ■ Le droit idéal  ■ « On le forcera d'être libre «...  ■ Kant : le droit est lié à la faculté de contraindre  

« L'Etat juste, selon Hobbes, est donc celui dont la puissance sans limite assure paix et sécurité.

Son Souveraincumule pouvoir exécutif et pouvoir législatif.

Il définit la totalité des lois positives qui rendent possible l'existencesociale.

L'individu ne peut jamais se prévaloir d'un droit naturel quelconque, puisqu'il y a précisément renoncé pourassurer sa propre conservation.Selon la formule de R.

Polin, pour Hobbes, « pactes sans sabres ne sont que palabres ».

Le Souverain, qui a reçu deses sujets la totalité de leurs forces pour leur propre conservation, ne constitue pas seulement le droit : il le faitnaturellement respecter, puisqu'il concentre en sa personne toute la puissance de l'État.

Dans cette philosophiepolitique, la force du Souverain fonde et fait respecter le droit. Critique de la force comme fondement du droitRousseau : « On dira [c'est la thèse de Hobbes] que le despote assure à ses sujets la tranquillité civile, soit; maisqu'y gagnent-ils, si les guerres que son ambition leur attire, si son insatiable avidité, et les vexations de sonministère les désolent plus que ne feraient leurs dissensions ? Qu'y gagnent-ils, si cette tranquillité même est une deleurs misères ? On vit tranquille aussi dans les cachots : en est-ce assez pour s'y trouver bien ? Les Grecs enfermésdans l'antre du Cyclope y vivaient tranquilles, en attendant que leur tour vînt d'être dévorés » (Contrat social,1762, I, 4).

On comprend que Rousseau refuse de fonder le droit sur la force : ce serait le détruire.

« Où règne laseule force, l'État est détruit » : il n'a en effet, lui et sa violence, aucune légitimité. c) Rousseau : l'État, force au service du droit Le droit idéalSelon Rousseau, les hommes doivent constituer « une forme d'association qui défende et protège de toute la forcecommune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtantqu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant » (ld., I, 6).

Les lois, donc le droit, sont alors l'expression de laVolonté générale du peuple assemblé, seul souverain légitime.

En leur obéissant, le citoyen obéit à sa propre volontérationnelle, puisqu'il est capable de vouloir le bien commun : il est donc libre.

D'autre part, dans cette Cité, le droitn'est pas fondé sur la force, mais sur le pacte social, l'accord des citoyens.

Rousseau définit ce que nous appelonsaujourd'hui un idéal démocratique ; exclut-il pour autant tout recours à la force et à la violence ? « On le forcera d'être libre »...Dans un État parfait, celui qui fait la loi doit être aussi celui qui sait le mieux comment elle doit être exécutée ; maisce gouvernement démocratique « ne convient pas à des hommes » : « s'il y avait un peuple de dieux, il segouvernerait démocratiquement ».

Les hommes, n'étant pas des dieux, peuvent se donner des lois justes, un droitqui oblige sans contrainte ; mais un pouvoir exécutif, un gouvernement qui met en acte cette volonté générale, estnécessaire.

Au service de la Puissance souveraine (le peuple), le gouvernement légitime doit simplement fairerespecter le droit qu'il n'a pas lui-même élaboré (il substituerait en effet sa volonté particulière à la volontégénérale).On peut imaginer un citoyen qui n'accepterait les lois de la Cité que dans la mesure où il pourrait en tirer bénéfice,qui refusera de leur obéir lorsqu'elles ne serviraient pas ses intérêts particuliers.

Alors, écrit Rousseau, « afin que lepacte social ne soit pas un vain formulaire, il renfermera tacitement cet engagement qui seul peut donner de laforce aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui nesignifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre» (ld., I, 7). Dans la problématique de Rousseau, par conséquent, s'il est impossible de fonder le droit sur la force, il est enrevanche légitime et nécessaire de faire respecter le droit par la force, lorsque le citoyen ne se sent pas obligé enconscience par une loi qui, pourtant, formule nécessairement le bien commun, c'est-à-dire, pour l'essentiel, ce quiest bon pour chaque citoyen.

C'est en ce sens que la violence de l'État est légitime. Kant : le droit est lié à la faculté de contraindre« Le droit est l'ensemble des conditions sous lesquelles l'arbitre de l'un peut être uni à l'arbitre de l'autre selon uneloi universelle de la liberté » (Doctrine du Droit, 1797, Vrin, p.

104).

Dès lors, « si un certain usage de la libertémême est un obstacle à la liberté suivant des règles universelles (c'est-à-dire est injuste), alors la contrainte, qui luiest opposée, en tant qu'obstacle à ce qui fait obstacle à la liberté, s'accorde avec cette dernière, c'est-à-direqu'elle est juste ; par conséquent une faculté de contraindre ce qui lui est nuisible est, suivant le principe decontradiction, liée en même temps au droit» (pp.

105-106). Conclusion « Faire respecter le droit par la force » n'est pas nécessairement « fonder le droit sur la force ».La première expression rappelle que l'État, s'il ne fait naturellement pas sans cesse appel à la force, est bien, commele dit Max Weber, l'institution qui revendique « le monopole de la violence physique légitime ».

La seconde formuleengage une analyse du fondement du droit qui a pu être discutée.

Certes, chacun peut constater qu'au cours del'histoire, « ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force » (Pascal) ; mais à cette « justification », on peuttoujours opposer avec Rousseau que « force ne fait pas droit et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissanceslégitimes ». Indications de lecture • Hobbes, Le Léviathan, 1650, trad, fr., Sirey, 1971.. »

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