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Peut-on comprendre le présent si l'on ignore le passé ?

Publié le 10/01/2004

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Comprendre le présent : deux sens, le présent renvoie d'abord à la réalité actuelle envisagée d'un point de vue collectif ou individuel, ensuite à la dimension temporelle du présent envisagée indépendamment de tout contenu. Ignorer le passé : sens actif ne pas vouloir le connaître, refuser de lui faire face, ne serait-ce que parce qu'il n'est plus. Sens passif, être aveugle sur sa provenance et ne pas voir que le présent résulte du passé. L'ignorance du passé se présente comme un obstacle à la compréhension du présent, la personne qui ignore son passé, l'amnésique, le peuple sans histoire peuvent-ils comprendre leur présent ? Cette question renvoie au problème de l'importance de la connaissance du passé, pour penser le présent. Comprendre le présent n'est-ce pas l'articuler au passé dont il est issu ? N'est-ce pas s'efforcer de montrer la connexion rationnelle qui unit l'événement présent à la situation antérieure qui l'a rendue possible ? Au fond, la dimension temporelle du présent a-t-elle un sens indépendamment de son articulation au passé ?

« Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas demémoire supérieure.

Seul l'homme dit « je me souviens » et pour cela il lui estimpossible de vivre heureux et pleinement.

En effet :1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert laconscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance detoutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'estplus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présencedu passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vraibonheur.2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marquela limite de sa volonté de puissance.

L'instant présent, ouvert sur l'avenir, estle lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, aucontraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « celaa été ».

Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification dupassé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté.

C'est pourquoi« l'homme s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé quil'écrase ou le dévie, qui alourdit sa démarche comme un invisible fardeau deténèbres ».3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un êtremalade, il est l'homme du ressentiment.

La « santé » psychique dépend de lafaculté de l'oubli, faculté active et positive dont le rôle est d'empêcherl'envahissement de la conscience par les traces mnésiques (les souvenirs). Car alors l'homme réagit à ces traces et cette réaction entrave l'action.

Par elles l'homme re-sent, et tant qu'ellessont présentes à la conscience, l'homme n'en finit pas de ressentir, « il n'en finit avec rien ».

Englué dans samémoire, l'homme s'en prend à l'objet de ces traces dont il subit l'effet avec un retard infini et veut en tirervengeance: « On n'arrive à se débarrasser de rien, on n'arrive à rien rejeter.

Tout blesse.

Les hommes et les chosess'approchent indiscrètement de trop près, tous les événements laissent des traces; le souvenir est une plaiepurulente.

» Le désir de vengeance et le ressentimentCette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de la volonté de puissance peut-elle aller à l'infini? Une ascension infinie n'est pas possible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volonté de puissancevient achopper sur l'essence du temps comme sur sa limite.

Elle peut bien vouloir l'avenir mais non pas le passé.

Sil'avenir est le domaine qui lui est ouvert, le passé semble lui échapper pour toujours : « En arrière ne peut vouloir lavolonté.

»La volonté ne peut vouloir en arrière que sous les formes morbides du désir de vengeance et du ressentiment.

Cettevolonté réactive ne veut pas simplement abolir ou annuler ceci ou cela, c'est contre le devenir lui-même dans cequ'il a d'irréversible et d'inexorable qu'elle s'exerce, parce que c'est à sa propre impuissance à vouloir pour le passéqu'elle se trouve confrontée. V - LES REFERENCES UTILES NIETZSCHE : Secondes considérations inactuellesHEGEL : La raison dans l'histoire, 3ème section.MARX-ENGELS : L'idéologie allemande VI - LES FAUSSES PISTES Ne pas voir que l'ignorance du passé peut aussi être une condition pour comprendre le présent.

Ne pas avoir renduraison de la double dimension de cette ignorance (cf.1).

Déplorer à longueur de pages le fait que les hommes n'ontpas de mémoire historique, qu'ils ne comprennent rien au présent.

Confondre ou réduire le présent à l'actuel.Comprendre le sujet comme une invitation à parler du temps en général. VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Il me semble intéressant d'aborder la question du point de vue opposé à celui qu'on serait tenté naturellement deprendre.

L'oubli est condition de la compréhension du présent non au sens où il permettrait de mieux le connaîtremais au sens où il permettrait de l'éprouver davantage dans son irréductible présenteté.

Le présent n'est présentvivant que dans cette mesure où il ne se réduit pas au passé où il en diffère essentiellement.. »

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