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Peut-on concevoir une société sans art?

Publié le 03/01/2005

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La prudence est chez EPICURE fronhsiV : sagesse pratique, calcul des plaisirs. La raison relaie la nature : le corps ne suffit pas pour indiquer par les besoins ce qu'il est nécessaire de satisfaire et ce qu'il est inutile et même dangereux de satisfaire. Il y a un risque : "mettre ainsi son âme dans une plus grande dépendance". L'âme n'est pas dépendante dans le luxe ; elle est dans : "une plus grande dépendance" : elle est dépendante avant le luxe. Mais de quoi est - elle dépendante ? - sans doute moins du corps que des besoins du corps. Ainsi, le corps semble veiller à l'intégrité de l'âme alors que l'âme qui devrait effectuer la discrimination entre les désirs institue par le luxe ce qui la met dans la dépendance. ROUSSEAU propose un exemple. On attend EPICURE et l'on a SOCRATE ("Ce n'est pas sans raison que Socrate, regardant l'étalage d'une boutique, se félicitait de n'avoir à faire de rien de tout cela"), - encore est - ce un SOCRATE plus proche des Cyniques Grecs que du SOCRATE de PLATON. SOCRATE est l'homme du raisonnement et c'est lui que ROUSSEAU, dans un exemple emprunté à DIOGENE LAERCE, choisit.

L'art n'est pas utile pour assurer le fonctionnement de la société. L'artiste est un parasite social qui s'adonne à une activité inutile. Mais, l'art est une réalité spirituelle sans laquelle l'homme ne peut vivre. Il est la manifestation de la liberté et dela culture humaines.

« 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .

Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact de l'expérience(empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèserend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.

C'estparce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons le connaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonné la matière encontemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée. Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'il imitece qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans le miroir.

Elle estle reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparence trompeuse,apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissance trompeuse, maisencore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent, excitent les sens etl'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite lapremière justification théorique de la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abordparce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition-, indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs derichesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nouspouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant anspectacle des malheurs d'autrui et nous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.Mais cependant nous avons pu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elle est une Idéeet précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme à l'Idée du cheval ouarchétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Un cheval est plus ou moinsbeau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doitêtre, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le chevaldans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plusgrande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

Labeauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque lepeintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâle esquisse de la beautéidéale, en est tout de même le reflet.

Le poète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraînerdans son sillon ses auditeurs.

Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. L'art est artificiel. »

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