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Peut-on concilier les exigences de la liberté et celles de l'égalité ? (Liberté et égalité)

Publié le 06/02/2004

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, à la structure sociale de base ; ils commandent l'attribution des droits et des devoirs et déterminent la répartition des avantages économiques et sociaux. Leur formulation présuppose que, dans la perspective d'une théorie de la justice, on divise la structure sociale en deux parties plus ou moins distinctes, le premier principe s'appliquant à l'une, le second à l'autre. Ainsi, nous distinguons entre les aspects du système social qui définissent et garantissent l'égalité des libertés de base pour chacun et les aspects qui spécifient et établissent des inégalités sociales et économiques. Or, il est essentiel d'observer que l'on peut établir une liste de ces libertés de base. Parmi elles, les plus importantes sont les libertés politiques (droit de vote et d'occuper un poste public), la liberté d'expression, de réunion, la liberté de pensée et de conscience ; la liberté de la personne qui comporte la protection à l'égard de l'oppression psychologique et de l'agression physique (intégrité de la personne) ; le droit de propriété personnelle et la protection à l'égard de l'arrestation et de l'emprisonnement arbitraires, tels qu'ils sont définis par le concept de l'autorité de la loi. Ces libertés doivent être égales pour tous d'après le premier principe.Le second principe s'applique, dans la première approximation, à la répartition des revenus et de la richesse et aux grandes lignes des organisations qui utilisent des différences d'autorité et de responsabilité. Si la répartition de la richesse et des revenus n'a pas besoin d'être égale, elle doit être à l'avantage de chacun et, en même temps, les positions d'autorité et de responsabilité doivent être accessibles à tous. On applique le second principe en gardant les positions ouvertes, puis, tout en respectant cette contrainte, on organise les inégalités économiques et sociales de manière à ce que chacun en bénéficie.Avez-vous compris l'essentiel ?

« par une égalité juridique formelle ou transcendante» (ibid.).

C'est le sens de nombreux combats, comme celui duféminisme.Mais comment être certain que la loi exprime bien l'intérêt général et non celui d'une classe particulière, s'érigeanten norme de toutes les autres ? En nivelant les différences factuelles, la passion de l'égalité ne risque-t-elle pasd'aboutir à une uniformisation unilatérale des individus, fort préjudiciable à la liberté ? [II.

L'égalitarisme contredit la liberté] [1.

L'égalisation des individus bride les énergies]Calliclès le soutient avec force contre Socrate dans le Gorgias : « La loi est faite par les faibles et par le plus grandnombre.

C'est donc par rapport à eux-mêmes et en vue de leur intérêt personnel qu'ils font la loi.

» Afin de seprotéger des plus puissants par nature, « les faibles » inventent un redoutable stratagème : faire passer leursvaleurs pour des valeurs absolues.

Égaliser les conditions signifie en ce cas brider les énergies des plus fougueux : «Ils racontent que toute supériorité est laide et injuste, et que l'injustice consiste essentiellement à vouloir s'éleverau-dessus des autres : quant à eux, il leur suffit [...] d'être au niveau des autres, sans les valoir ».

Donner raison etpouvoir à celui qui vaut le moins par rapport à celui qui vaut le plus revient, pour Calliclès, à nier totalement laliberté. [2.

L'égalitarisme uniformise les individus]La forme pervertie de l'égalité des droits, c'est-à-dire l'égalitarisme, induit ainsi une uniformisation des individus.Chacun devient interchangeable et finit par s'assoupir, perdant tout sens du devoir et de l'initiative qui pourraitl'élever au-dessus du rang commun.

C'est l'usage de la liberté lui-même qui est mis en péril.

Alexis de Tocquevilledénonce une telle mollesse sous la forme du « despotisme démocratique » : « Je vois une foule innombrabled'hommes semblables et égaux [...] chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous lesautres [...] les esprits les plus originaux et les plus vigoureux ne sauraient se faire jour sans dépasser la foule » (Dela démocratie en Amérique).

L'égalitarisme pouvait procéder, à l'origine, d'une intention louable.

Mais il finit pardégénérer en laisser-aller et en démission de la raison : on délègue à autrui jusqu'à sa liberté, dès l'instant que l'onconserve ses petits privilèges et son patrimoine. [3.

Égalitarisme et totalitarisme]L'égalitarisme est ainsi une des conditions du totalitarisme qui procède, comme l'explique Claude Lefort, de « ladénégation de la différence » (L'Invention démocratique).

Le projet de maîtrise et d'uniformisation du systèmetotalitaire récuse l'hétérogénéité sociale et craint par-dessus tout les débordements.

Les modes de vie, les pensées,les croyances...

doivent se couler dans le moule qu'il a forgé pour se pérenniser.

À trop valoriser l'égalité, on finitpar nier toute forme de liberté.Peut-on en ce cas concilier l'égalité des droits des citoyens et la préservation des différences des individus ? [III.

Pour conditionner la liberté, l'égalité doit préserver les différences] [1.

L'égalité suppose la différence]On a vu que la notion de justice présupposait l'égalité et l'interchangeabilitéde chacun devant la loi : en théorie du moins, le Noir et le Blanc, l'homme etla femme, l'ouvrier et le chef d'entreprise...

ont autant de droits les uns queles autres.

Mais si elle reste trop générale, la justice risque de se fourvoyer etde s'éloigner à jamais des situations concrètes.

Pour qu'il y ait vraimentégalité entre les citoyens, il est donc requis d'introduire des différences, ausein même de la loi : « Lorsque la loi dispose d'une manière toute générale etque, dans les cas particuliers, il y a quelque chose d'exceptionnel, alors il estnormal, là où le législatif est en défaut, et où il s'est trompé parce qu'il parlaiten termes absolus, de redresser et de corriger l'omission» (Aristote, Éthique àNicomaque).

Personne ne trouve injuste de réserver des places pour leshandicapés ou d'aider financièrement des personnes âgées, ayant travaillétoute leur vie, pour qu'elles bénéficient de soins à domicile. [2.

Les enjeux de la législation]Afin d'être juste, la loi doit donc tenir compte des différences, et faire lechoix de les inscrire ou non dans la loi.

Le danger (et l'intérêt du débatpolitique) consiste à faire de mauvais choix et à donner à certaines minoritésdes droits les élevant injustement au-dessus des autres.

Doit-on ou non allerau bout de la logique égalitaire en donnant aux couples homosexuels la possibilité de se marier et d'adopter ? L'instauration de quotas pour permettre aux femmes d'accéder à la viepolitique est-elle ou non une bonne chose ? On voit que, par-delà la nécessité de compenser des injustices, ledébat sur l'égalité brasse la culture, l'éducation et les préjugés de chacun. [Conclusion] Trouver le juste équilibre entre un égalitarisme qui nivellerait la société par le bas et la revendication du droit à ladifférence à tout prix, qui nous ferait sombrer dans l'aberration voire l'anarchie, n'est pas chose aisée.. »

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