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Peut-on concilier liberté et égalité dans la vie sociale ?

Publié le 12/03/2004

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... en effet tout être qui est susceptible d'obligation étant un être intelligent... je ne vois pas pourquoi sa conscience devrait lui faire de secrets reproches toutes les fois qu'il suit sa volonté plutôt que celle d'un autre doué d'une nature plus excellente «. Le principe de l'égalité naturelle est donc celui d'une égale liberté. Au terme de ce développement nous pouvons comprendre le principe de la démocratie : l'autorité est donnée à la loi - oeuvre de la volonté générale que tous contribuent à élaborer. Il n'y a donc pas de maîtres et de sujets mais des citoyens égaux en dignité et en droits - et par suite dans un tel état tous sont libres d'agir dans les limites fixées par des lois établies d'un commun accord.Cette analyse n'est pas cependant sans poser quelques problèmes : en admettant cette définition de la liberté comme « obéissance à la loi qu'on s'est prescrite « reste la question de savoir si tous sont d'accord quant au contenu de la loi. L'idéal en démocratie c'est que la loi soit oeuvre de l'unanimité et à défaut de l'unanimité, de la majorité.  L'obéissance au seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. (Du Contrat Social) La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs. Elle n'est pas dans l'absence de contraintes mais dans le libre choix des contraintes que l'on se donne à soi-même.

La passion pour l'égalité conduit à une nouvelle forme d'égoïsme. chaque homme veut pour lui-même être l'égal de son semblable. Cet objectif atteint, il préfère son bien-être au pouvoir de vivre librement.

MAIS...

L'égalité parmi les hommes est le fondement même de la liberté. Cette idée explique à elle seule les raisons de la Révolution française, laquelle est à l'origine de toutes lesdémocraties modernes.

« Cette analyse n'est pas cependant sans poser quelques problèmes : enadmettant cette définition de la liberté comme « obéissance à la loi qu'ons'est prescrite » reste la question de savoir si tous sont d'accord quant aucontenu de la loi.

L'idéal en démocratie c'est que la loi soit oeuvre del'unanimité et à défaut de l'unanimité, de la majorité. L'obéissance auseul appétit estesclavage etl'obéissance à la loiqu'on s'estprescrite estliberté.

(Du ContratSocial) La liberté ne consiste pas àsuivre nos désirs.

Elle n'estpas dans l'absence decontraintes mais dans le librechoix des contraintes que l'onse donne à soi-même.

On peutappliquer cette idée au peuple.Un peuple libre est celui qui sedonne à lui-même ses propreslois, ce qui définit ladémocratie. Qu'en est-il alors de la liberté en ce qui concerne la minorité? D'autre part — après avoir admis l'égalité des droits,égalité morale en somme, les citoyens peuvent entendre par là une égalité des biens : puisque je suis l'égal de monvoisin, pourquoi aurait-il plus que moi?A vrai dire, l'étude des systèmes démocratiques nous conduit à nous interroger sur la conciliation de la liberté et del'égalité dans la pratique : la majorité ne risque-t-elle pas d'opprimer la minorité, les différences de fortune ne sont-elles pas .un défi à l'égalité proclamée en principe? Bref — dans ce système n'y a-t-il pas comme dans tous lesautres des individus plus libres, des individus « plus égaux»? II - Difficultés de cette conciliation dans la pratique Les citoyens, nous l'avons vu, sont libres parce qu'ils obéissent à une loi établie d'un commun accord et égaux parcequ'ils participent tous à l'élaboration de cette loi.

Mais il y a là dans la pratique bien des équivoques : en effet, dansun grand État, les citoyens ne participent qu'indirectement par leurs représentants — leur volonté court alors lerisque d'être déformée.

Rousseau remarquait que dans un tel système (représentatif), le peuple n'est libre — etencore ! — que le temps du vote, le reste du temps, il n'est rien.

Le souverain (le peuple) doit donc constammentveiller à ce que les représentants n'usurpent pas sa souveraineté — ce qui laisserait sans doute subsister l'égalitédu grand nombre — mais ce serait celle de sujets — non de citoyens.

Remarquons que nombre d'adversaires durégime démocratique ne se font pas faute d'utiliser de nos jours cet argument.

Admettons que cet obstacle soitsurmonté — restent d'autres questions : la majorité ne risque-t-elle pas d'opprimer la minorité? Là encore je suislibre si mon avis l'emporte, mais ne puis-je être dans le vrai et pourtant minoritaire? On affirme que la majorité araison puisque la sagesse étant également présente chez tous, il est vraisemblable qu'elle se rencontre davantagechez cent que chez dix.

Si donc, l'avis contraire du mien l'emporte, je dois m'y soumettre parce que je m'étaistrompé, et Rousseau ira jusqu'à dire : « celui qui refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout lecorps, ce qui ne signifie rien d'autre sinon qu'on le forcera d'être libre ». On trouve cette formule énigmatique au septième chapitre du premier livre du « Contrat social ».

Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le corps social, mais il ajoute que cette contrainte sert en fait la liberté de celui qui y est soumis.

Ceparadoxe met en évidence la tension qui existe entre notre existence d'individu et notre existence de citoyen, et interroge sur la conciliation del'obéissance civique avec la liberté. Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est naturellement libre et autonome, chacun d'entre nous a naturellement le droit de décider de ses propres actions, dans son propre intérêt.

Or, l'intégration à un Etat nécessite une organisation sociale, deslois, un pouvoir commun.

Le problème central qu'examine le « Contrat social » est de savoir ce qu'est une loi légitime, ou encore de déterminer à quoi chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoir commun.

Qu'est-ce que je donne de mon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? enl'échange de quoi ? Ou encore, dans quel but véritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner des lois communes ? Alors que Hobbes pense que le souci d'être en sécurité est le principal moteur de la vie sociale, Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme ».

Non seulement la liberté est inaliénable, et nul ne peut vouloir être soumis à un autre, mais surtout les hommes s'associent pour conserver leur liberté et se préserver des rapports de dépendance personnelle. Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi librequ'auparavant. » Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse de Rousseau est apparemment simple : « Le peuple soumis aux lois doit en être l'auteur. ». »

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