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Peut-on connaître le monde ?

Publié le 27/02/2008

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Comme l?écrit Patõcka, disciple de Husserl, le monde se présente dans chacune de nos expériences tout en demeurant en retrait, sa présence ne fait pas alternative à son absence puisque si chacune de nos expériences est expérience d?un monde, elle ne peut jamais être expérience du monde en soi. Le monde, en tant que totalité, demeure voilé, notre expérience et notre connaissance du monde ne peut-être que lacunaire.   III-On ne peut pas connaître le monde.               La philosophie ne paraît pas mieux armée que la science pour nous délivrer une connaissance adéquate du monde. Là encore toutes les théories cosmologiques auront une apparence métaphysique, c?est à dire purement hypothétique et donc indécidable. Dans La critique de la raison pure, dans la « dialectique transcendantale », Kant souligne que le monde échappe à notre faculté de connaître, au même titre que l?âme et Dieu.             En effet, précédemment, Kant a montré que pour former une connaissance, deux choses sont indispensables : un concept et une intuition empirique. Autrement dit, je ne peux connaître une chose qu?à la condition d?en avoir une intuition empirique, si je ne peux faire l?expérience de cette chose, c?est que je ne peux pas la connaître. Or, précisément, au chapitre sur les « antinomies de la raison pure », le philosophe prouve que le monde ne nous est jamais donné comme tel dans l?expérience. Le monde est une totalité intotalisable, je peux en avoir l?idée mais aucunement le connaître comme s?il n?était qu?un objet quelconque.

« Pour comprendre notre pouvoir de connaître, il convient de savoir d'oùviennent nos connaissances.La réponse la plus immédiate à cette question consiste à affirmer qu'ellesviennent de l'expérience.

En effet, ce sont les exemples qui permettentd'accéder à l'idée (voir texte 1).

L'esprit ne peut inventer ses objets ou, s'il lefait, c'est en imaginant, sans le secours des données sensibles : il ne s'agitalors pas d'une connaissance mais d'une production fictive, qui intéressel'artiste et non le scientifique ou le philosophe.De ce fait, il ne faut toutefois pas tirer des conséquences hâtives : « Si touteconnaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérivetoute de l'expérience.

» En effet, les impressions sensibles sont données sansliaison, sans ordre : or connaître n'est pas simplement constater mais relier unphénomène à un principe explicatif; cela suppose un dépassement del'expérience immédiate ; mais est-ce possible? Le philosophe écossais Hume(1711-1776) a montré dans Enquête sur l'entendement humain les difficultésauxquelles on se heurte si l'on veut répondre oui.

L'idée de causalité, parexemple, n'a aucune légitimité : chaque phénomène est situé dans un tempset un espace particuliers ; ainsi, rien ne peut nous autoriser à tirer des règlesuniverselles.

Il y a un fossé que l'on ne pourra jamais combler entre ce quel'expérience offre, des faits singuliers, et ce que la connaissance exige, desrègles universelles et nécessaires.L'idée de causalité serait donc une illusion produite par l'habitude que nous avons de voir les phénomènes semblables s'enchaîner.

La seule solution pour dépasser le scepticisme de Hume etrendre compte des lois physiques et de considérer que la connaissance est produite par l'association des impressionssensibles et des règles venant de l'esprit lui-même.Cela suppose l'existence de connaissances a priori, c'est-à-dire qui n'empruntent rien à l'expérience.

L'exemple desmathématiques permet de confirmer cette hypothèse ; en effet, les objets mathématiques ne sont pas dérivés del'expérience.

Même la géométrie euclidienne, qui semble correspondre à notre expérience immédiate, est uneconnaissance de l'esprit seul : la droite est infinie, sans partie, sans épaisseur ; comme telle, elle est un pur objetde l'esprit.

Les mathématiciens ont bien compris cela, qui refusent de donner à un dessin la valeur d'unedémonstration.II est possible d'avoir des connaissances qui, par leur nature abstraite, nécessaire et universelle, dépassentl'expérience, concrète, contingente et singulière, parce que l'esprit peut accéder à des connaissances a priori.L'expérience elle-même peut confirmer l'existence de principes a priori : la notion d'expérience est ambiguë, elledésigne à la fois le donné sensible et une connaissance de l'objet.

Ces deux dimensions ne sont pas conciliables : sil'expérience était le donné sensible, elle ne serait qu'un ensemble de sensations ; or il ne peut y avoir connaissancesans relation ordonnée ; l'expérience elle-même est donc subordonnée à un principe qui dépasse les phénomènes etles rend connaissables.

Si les phénomènes n'étaient pas liés entre eux a priori, nous ne pourrions rien percevoir.

Le monde excède donc l'entendement humain qui ne peut jamais l'appréhender de manière adéquate.

On nepeut donc pas connaître le monde puisqu'il est impossible d'en avoir une intuition empirique complète.

Toutefois, celan'interdit pas de spécifier le statut philosophique du monde, Patõcka montre par exemple que le monde est ce quipermet à la multiplicité des phénomènes d'être liés, puisqu'ils surgissent sur fond d'un même monde, et, en mêmetemps, le monde est au principe de la différenciation des phénomènes puisque ceux-ci se détachent précisément dumonde.

Ils présupposent le monde et le présentent tout en s'en distinguant comme moments singuliers.

Conclusion : Le monde pose donc une difficulté incommensurable à la connaissance humaine, seule une métaphysique peut se risquer à élaborer des thèses sur le monde mais celles-ci ne pourront jamais prétendre au rang deconnaissance.

L'intérêt d'une étude philosophique du monde est peut-être de montrer que si le monde est en soiinconnaissable cela ne doit pas nous dispenser de réfléchir au phénomène du monde et à sa manifestation, en tantque, comme l'ont mis en valeur les phénoménologues, le monde se présente toujours à nous de manière fragmentaireet ne cesse donc de s'absenter par le biais de cela même qui le présente.. »

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