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Peut-on se connaitre soi-meme ?

Publié le 28/09/2011

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L'inscription Delphique \"Connais-toi toi-même\" aurait été à l'origine de la vocation philosophique de Socrate. Il peut paraitre étonnant que cette injonction soit devenue chez lui une quête de toute une vie alors que ses concitoyens ne se posaient même pas la question. On peut alors se demander s'il est si facile de se connaître soi-meme.En réalité, le caractère immédiat et évident de la connaissance de soi-même parait problématique. Effectivement, je peux me demander si je suis le mieux placé pour me connaître en toute impartialité. Par ailleur, je peux avoir parfois l'impression d'être étranger à moi-même, de ne pas toujours être capable de me maitriser comme s'il y avait en moi une part d'inconnu. Si il est indignable que la connaissance de soi concerne tout Homme alors qu'il est conscient de lui-même, de nombreux obstacles viennent à contrarier sa réalisation. Dans ce cas, qu'est ce qui limite cette connaissance ? Comment accéder à une connaissance de soi-même plus approfondie ?Si la connaissance de soi a pour condition la consciense de soi, nous verrons quelles en sont les limites. Nous réfléchirons alors sur les conditions à remplir pour accéder à une connaissance plus authentique de soi.

         Il n'y a pas de connaissance de soi possible en dehors de la prise de consciense d'être un être unique et singulier. Le sujet est capable de ramener l'ensemble de ses pensées, de ses émotions, de ses agissements, à un seul et même centre qui est \"MOI\" ou \"JE\". Sans cette prise de consciense, je n'aurais aucune connaissance de la réalité extérieure et de ma vie intérieure. La consciense est donc la condition de connaissance de soi. Je suis le mieux placé pour me connaître. L'inscription Delphique \"Connais-toi toi-même\" s'adresse à tous les Hommes quels qu'ils soient car nous sommes conscients et partageons tous la même condition existencielle. Cette aspiration existencielle de la connaissance de soi a fait apparaitre un genre littéraire: le roman autobiographique avec des auteurs comme Rousseau ou Montaigne. En parlant de soi, on ne fait jamais que parler des autres. En effet, on retrouve cet argument chez Baudelaire avec sa citation : \"Oh hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère\" et Montaigne avec : \"Je porte en moi la forme entière de l'humaine condition\". On peut dire que la connaissance de soi aboutit en fait à la connaissance de l'Homme. N'est ce pas là avouer l'echec de toute connaissance de sa propre individualité ? Ne sommes nous pas condamner à renoncer à l'idée de notre identité individuelle ?       Il y a de nombreux désaccords en moi-même comme si la conscience ne me permettait pas pleinement de coincider avec moi-même. Il n'est donc pas si facile de parler de soi et d'affirmer ce qui constitue notre propre identité du fait que la consciense par son dédoublement instaure une distance entre moi et moi-même qui me rend étranger. Notre identité personnelle ne se laisse jamais saisir par les mots, par des critères exterieurs comme ceux présents sur la carte d'identité d'un individu (age, taille, couleur des yeux, etc.); on peut avoir l'impression que se connaitre soi-même est une prétention illusoire. La psychanalyse a developpé une méthode d'analyse qui vise à procéder à une introspection pour renvoyer le patient à son propre passé et à le confronter à des évènements traumatisants responsables de nevrose. Freud rapelle cependant dans la 2ème Topique le conflit constitutif en l'Homme du fait des différentes instances psychiques qui le déchirent intérieurement. Mais on remarque un paradoxe : en effet, il exige que l'on rentre en soi-même par l'introspection pour éviter de tomber malade mais en même temps elle pose une limite à cette connaissance de soi du fait d'une activité psychique inconsciente en l'Homme. Elle a poussé très loin les limites de la connaissance de soi tout en reconnaissant l'impossibilité d'une connaissance totale de soi. La connaissance de soi par soi est aussi limité par l'amour propre. Pouvoir se connaître soi-même nécéssite un bon esprit critique et une bonne lucidité, ce qui ne va pas de soi car il est difficile d'admettre nos défauts, nos faiblesses, nos erreurs... Notre amour propre favorise en nous un sentiment de supériorité ce qui rend impossible une introspection sincère. Il nous est facile de voir les défauts chez les autres alors que les notres nous échappent ou alors on préfère les ignorer. La connaissance de soi suppose une certaine sincérité, humilité, pour voir en face ce qu'il y a de bon ou de mauvais en nous. Comment déjouer l'obstacle de l'amour propre qui fait que nous avons une image déformée de nous même ? Une pleine connaissance de soi est-elle définitivement impossible ?         L'erreur serait de croire que la connaissance de soi par soi serait une connaissance purement solipsiste. La connaissance de soi-même passe par le regard d'autrui. Le rôle que joue autrui dans la connaissance de soi-même est primordial, même si son regard est menaçant et que sa présence n'est pas bienveillante, il demeure un intermédiaire indispensable entre moi et moi-même. C'est par le regard et le dialogue que l'on apprend à réviser ses pensées, revoir son comportement. En effet, mon interlocuteur peut-être amené à me contredire, à me juger, à me montrer mes propres faiblesses, il agit comme un mirroir, me renvoie mon image qu'elle me plaise ou non. Cette idée de l'importance du dialogue pour apprendre à se connaître est parfaitement illustrée par les dialogues Platoniciens dans lesquels Socrate pousse ses interlocuteurs dans leur propre questionnement jusqu'à ce qu'ils prennent consciense de l'ignorance dans laquelle ils sont d'eux-mêmes. On ne peut pas dire cependant que toutes les relations avec autrui sont d'égale valeur. Il est vrai que l'image qu'autrui a de nous-même n'est pas toujours fidèle à ce que je pense être. Nous avons tous fait l'experience de la facilité avec laquelle nous pouvons être étiquetés, jugés avec malveillance. La jalousie, la médisance, la calomnie, sont des passions humaines qui peuvent altérer le jugement d'autrui sur nous-même. Il y a donc un discernement à effectuer si nous voulons que cette connaissance de soi par autrui soit féconde. Aristote dans \"La Grande Morale\" écrivait à ce propos que \"seul l'ami véritable est le mieux placé pour juger véritablement nos qualités et nos défauts\" car non seulement il s'instaure entre lui et moi une relation de confiance et de plus cette relation est durable. Le jugement qu'il peut porter sur nous peut prétendre à une certaine objectivité même quand il s'agit d'étendre des mots durs sur nous; il le fait avec bienveillance, c'est un discours de vérité. Si les relations sociales, amicales, amoureuses même, ont une grande importance pour apprendre à mieux se connaître, elles ne suffisent pas néanmoins à nous faire accéder à notre véritable essence. La connaissance de soi par soi dépend d'un effort constant de vigilance et d'examen de soi. Cette connaissance s'avère impossible si je ne devient pas toujours plus conscient de moi-même. Autrement dit, cette connaissance plus approfondie de soi relève d'une experience subjective que chacun d'entre nous est amené à faire par lui-même. On ne trouvera pas la réponse de cette quête de soi dans un livre ou auprès d'un maître à penser ni même dans les connaissances scientifiques les plus complexes. Je suis le seul à même de mener à bien ce travail de recherche sur soi en devenant le témoin vigilant ou l'observateur impartial de moi-même.Le \"Connais-toi toi-même\" auquel nous invite Socrate nécéssite de se désidentifier de notre \"moi\" empirique, de se dépouiller de tout ce qui n'est pas soi-même (ni mon corps, ni les biens de mon corps, ni mes pensées, ni mes émotions; Je suis).          Pas de conclusion

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