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Peut-on définir le bonheur ?

Publié le 27/02/2008

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Comme le note Platon : « N'est-il vrai que, nous autres hommes, désirons tous être heureux ? ». Le bonheur serait donc l'objet recherché par tous. Or le bonheur est un état de plénitude, c'est un repos. Le bonheur semble être la chose la plus communément recherchée par l'ensemble des hommes. Il peut être défini comme le but de l'existence. Relativement à son sens étymologique, le bonheur se définit comme un état stable et durable de satisfaction. En ce sens, il mêle nos plaisirs, nos besoins, et nos désirs à la réalité. Or si le bonheur est ce que nous recherchons il semble alors nécessaire de devoir le définir afin de le poursuivre avec méthode. Mais c'est bien là que la question se fait jour. Qu'est-ce qu'une définition ? Il s'agit de saisir l'essence d'une chose ou la quiddité d'un élément c'est-à-dire les propriétés essentielles à l'objet. Or peut-on alors parler d'une essence du bonheur de manière générale ou doit-on supposer une essence individuelle du bonheur. Qui y a-t-il de commun à travers tout nos bonheurs (nos recherches). En effet, si le bonheur est un état stable peut-elle se satisfaire de nos désirs ? Mais plus essentiellement comment produire une définition a priori du bonheur ? En effet, comment pourrions-nous savoir ce qui fera notre bonheur sinon en en faisant l'expérience ? Dès lors le bonheur existe-t-il en dehors de notre imagination ? S'il semble en effet impossible de déterminer un bonheur qui serait général (1ère partie), il n'en reste pas moins qu'en tant qu'idéal de l'imagination le bonheur est subjectif mais si une définition est possible il faut alors voir la contradiction qu'elle implique en tant que le bonheur rejoint la notion de désir et de repos. La définition du bonheur serait alors inefficace (2nd partie). Comment alors pouvoir se rendre digne de ce bonheur ? (3ème partie).

« « la satisfaction de toutes nos inclinations tant en extension, c'est-à-dire en multiplicité, qu'en intensité, c'est-à-dire en degré, et en propension, c'est-à-dire en durée ».

Mais cette définition ne souffre-t-elle pas d'unecontradiction ?b) En effet, comme le montre Epictète dans son Manuel , il y a incompatibilité d'essence entre le bonheur et le désir or qu'est-ce que la satisfaction de toutes nos inclinations sinon la réalisation de la totalité de nos désirs ? S'il s'agiteffectivement d'une définition du bonheur, il n'en reste pas moins qu'elle est inefficace puisque l'homme désire maisne peut savoir a priori ce qui ferait son bonheur avant de l'avoir trouver.

« Tu espères que tu seras heureux dès quetu auras obtenu ce que tu désires.

Tu te trompes.

Tu ne seras pas plus tôt en possession, que tu auras mêmesinquiétudes, mêmes chagrins, mêmes dégoûts, mêmes craintes, mêmes désirs.

» Le cycle du désir éternellementrecommencé représente mon expérience quotidienne.c) En effet, le désir est semblable au tonneau des Danaïdes comme le montre Platon dans le Gorgias : Suppose qu'il y ait deux hommes qui possèdent, chacun, un grand nombre de tonneaux.

Les tonneaux de l'un sont sains, remplisde vin, de miel, de lait, et cet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplis de toutes sortes de choses.

Chaquetonneau est donc plein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles à recueillir et qu'on n'obtient qu'au terme demaints travaux pénibles.

Mais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n'a plus à y reverser quoique ce soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense à ses tonneaux, il est tranquille.

L'autre homme,quant à lui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir, maiscomme ses récipients sont percés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant lesplus pénibles peines.

Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, de laquelledes deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-ce la vie de l'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? Ente racontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ?Est-ce que je ne te convaincs pas ? ».

Or suivant cette problématique Schopenhauer nous dit dans Le Monde comme volonté et comme représentation : « Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l'impulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu'il fait naître, tant quenous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos.

[…] or sans repos le véritablebonheur est impossible.

Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, auxDanaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré.

» Transition : Ainsi le bonheur est subjectif mais surtout nous avons pu en produire une définition.

Cependant, cette définitionbien qu'elle existe nous montre qu'elle ne peut nous rendre possible l'accès au bonheur.

Quel intérêt alors à produireseulement une définition si elle n'est pas opératoire ? Comment alors accéder au bonheur ? III – Une idée régulatrice : se rendre digne du bonheur a) Comment faire si bien qu'ayant une définition du bonheur nous ne pouvons le réaliser ? Telle est donc la questionlaquelle nous devons nous attacher dans ce dernier moment.

Or il faut remarquer avec Kant que le bonheur nesaurait constituer une fin déterminable pour l'homme et cela notamment en raison du caractère a priori que celasuppose.

Et dès lors c'est un cercle vicieux qui se pose sous nos yeux.

C'est ce que montre Kant dans la Fondation de la métaphysique des mœurs : « Par malheur, le concept du bonheur est un concept si indéterminé que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce quevéritablement il désire et il veut.

La raison en est que tous les éléments qui font partie du concept de bonheur sontdans leur ensemble empiriques, c'est-à-dire qu'ils doivent être empruntés à l'expérience, et que cependant pourl'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition futureest nécessaire.

Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, sefasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement.

» Il n'y a pas de savoir ou de connaissance possible dubonheur.b) S'il est impossible de connaître a priori comment nous devons agir pour être heureux, nous pouvons savoir parcontre comment nous rendre digne d'un tel bonheur.

Et c'est bien ce que développera Kant dans la Critique de la raison pratique .

En effet, c'est par la morale, en tant que doctrine éthique nous enseignant à devenir vertueux, que nous pouvons nous rendre digne du bonheur.

La morale nous enseignera effectivement à être libre, autonome etindépendant ce qui est le plus grand bien de tous.

Le bonheur en tant que fin ne peut dicter, contrairement à la loimorale, d'impératif catégorique.

Le bonheur ou « la loi pratique qui a pour mobile le bonheur » est une loi« pragmatique », une « règle de prudence » ; tandis que la loi morale « n'a d'autre mobile que celui-ci : mériter lebonheur » ( Critique de la raison pure ).

Or le bonheur est exprimé par l'impératif hypothétique, c'est-à-dire exprime « la nécessité pratique de l'action comme moyen de promouvoir le bonheur » ( Fondation de la Métaphysique des Mœurs ).

Il est donc assertorique.

Ainsi, le principe du bonheur « peut certes fournir des maximes, mais jamais de celles qui pourraient servir de la loi à la volonté, même si l'on se donnait pour objet le bonheur universel.

» ( Critique de la raison pratique ). c) Et c'est bien ce que note Kant dans la Critique de la raison pratique : « Ce qui en toi tend au bonheur, c'est le penchant, ce qui restreint ce penchant à la condition d'être préalablement digne de ce bonheur c'est ta raison, etque tu puisses limiter et dominer ton penchant par la raison, c'est là la liberté de ta volonté […] Afin de savoircomment tu dois t'y prendre pour participer au bonheur et aussi pour ne pas t'en rendre indigne, c'est dans ta raisonque tu trouveras la règle et l'initiation, ce qui signifie qu'il n'est pas nécessaire de dégager cette règle de taconduite de l'expérience ou de l'apprendre par l'enseignement des autres, ta propre raison t'enseigne et t'ordonneexactement ce que tu as faire .

Par exemple si un cas survient en lequel tu peux te procurer à toi ou à un de tesamis un grand avantage grâce à un mensonge finement médité, qui même ne t'oblige pas à faire tort à qui que soit,que te dit ta raison ? Je ne dois pas mentir, si grand puisse être l'avantage qui peut être le mien ou celui de mon. »

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