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Peut-on définir la vérité par l'évidence ?

Publié le 10/03/2012

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Mais l'argument du rêve n'ébranle pas les idées claires et distinctes, en particulier les évidences mathématiques. Que je dorme ou que je veille, un carré a toujours quatre côtés, deux et trois joints ensemble font toujours cinq, etc. Je ne puis naturellement douter de telles évidences. Mais tant que j'ignore l'origine de ma faculté de connaître, j'en ignore la

« qu'elle se base sur des évidences, alors la vérité est définie par des évidences que l'on ne peut remettre en question.

C'est aussi l'avis d'Arnauld et Nicole : cartésiens, ils soutiennent qu'il existe des évidences que l'esprit humain peut décelersans avoir à les démontrer, ce que Descartes appelait alors « intuitions ».

C'est en ce sens qu'ils critiquent les philosophesayant choisi de se liguer contre tout ce qui pourrait être issu du bon sens : pour Arnauld et Nicole, ce n'est que la négation desprincipes élémentaires de la vérité.

Spinoza émettait un avis similaire : le fait qu'il puisse exister des évidences universellesaux yeux des humains, qui sont pourtant tous différentes, montre le caractère commun de la vérité au sens où elletranscende les corps, les âges et les distinctions particulières : l'esprit humain commun à tous serait alors capable dereconnaître n'importe quelle évidence et de l'identifier comme vérité, telle une loi intemporelle.

Par conséquent, la véritépourrait être définie par l'évidence tant le bon sens qui en est issu transcende les particularismes et n'est pas contestable.Cependant, de nombreuses situations tendant à nuancer cette idée, voire à la contredire.

II)L'évidence n'est pas toujours un bon critère En effet, nous avons tous fait l'expérience d'évidences qui ne s'avéraient pas être la vérité.

De même, lorsque l'on soutientque les feuilles d'un arbre sont vertes, le sont-elles réellement ? Le cas des daltoniens infirme l'idée d'une coloration vertedes feuilles : ce que nous prenions pour une évidence n'est-il dès lors pas influencé par notre perception des choses ?Nombreux sont alors les exemples trompeurs, tel le cas d'un bâton mis dans l'eau que l'on croit cassé : les sens humainspeuvent donc être faussés.

À partir de là, nous pouvons imaginer que nombreuses sont alors les évidences à reconsidérer : ceque nous tenons pour vrai ne l'est peut-être pas.

À cet égard, le développement des géométries non-euclidiennes au 19è siècle remet en cause l'ensemble desmathématiques, considérés par Descartes et certains de ses contemporains comme la science de l'exactitude parfaite où l'onne peut passer à côté de la vérité lorsque la méthode est appliqué rigoureusement.

Ainsi, la géométrie d'Euclide s'avère êtreau final l'une des axiomatiques possibles, mais non pas la vérité une et universelle que cherchaient les philosophes : elle estjuste la plus conforme à notre perception du monde, et c'est ce qui nous a amené à la considérer comme la science de lavérité alors qu'elle peut coexister avec d'autres.

Les postulats prise en mathématiques pourraient donc s'avérer inexacts àl'exercice de la vérité, comme le soutenait l'écrivain Edgar Allan Poe.

Partant d'une vérité qui ne peut être définie par l'évidence, peut-elle être définie d'une autre manière ? Pour Leibniz, seul lecalcul rationnel peut permettre d'atteindre la vérité.

Au 19è et 20è siècles, le développement de la technique a permis denous rendre compte que la vérité ne se trouvait pas nécessairement dans l'évidence mais aussi dans l'expérience.

Il n'était auMoyen-Âge pas évident de se rendre compte du fait que les mauvaises conditions d'hygiène des populations étaient propicesaux épidémies, d'où la peste noire de 1347.

Par la suite, les scientifiques ont compris les causes de la prolifération desbactéries et ont découvert une nouvelle vérité : meilleure est l'hygiène générale, moins fréquentes sont les épidémies.Cette vérité ne relevait somme toute pas de l'évidence, et a été acquise grâce au domaine de l'expérience, comme denombreuses autres vérités dues à l'évolution de la technique.

Ainsi, l'évidence ne s'avère pas toujours être la vérité universelle.

Par ailleurs, peut-elle s'appliquer au domaine de lamétaphysique ? L'existence de Dieu ou l'immortalité de l'âme peuvent-elles être prouvées ou recherchées par l'évidence ? Etquand bien même nous le tenions pour vrai, cette vérité ne serait-elle pas fallacieuse et au contraire influencée par d'autresfacteurs, auquel cas nous n'appellerions plus cela vérité mais opinion ? La question reste entière, mais nous pouvons soutenirl'idée que l'évidence serait dès lors inadaptée à l'exercice de la vérité.

Conclusion Par conséquent, une évidence qui puisse définir la vérité s'avère être une hypothèse vraie et fausse : elle le peut, comme lesoutient Spinoza, car l'évidence transcende l'esprit humain et lui permet de parfaite l'exercice de la vérité, contrairement auxcorps qui naissent, vivent et meurent.

Mais l'évidence peut aussi se montrer trompeuse, auquel cas l'expérience viendrait àrétablir les faits observés, et à corriger les erreurs hypothétiques.

L'exercice de la vérité ne serait-il donc pas, au final,utopique pour l'être humain ? Devant la diversité des cas et des nombreuses contradictions, Nietzsche demande s'il ne seraitpas plus profitable de lui préférer le mensonge ? La recherche de la vérité et des applications du vrai sont-elles par ailleursutiles ? De façon générale, la définition de la vérité reste problématique : toutes nous conceptions actuelles s'avèrent êtreremaniées sans cesse et la recherche du vrai pourrait donc être identifiée telle une quête éternelle, un idéal moral comme sele présentaient Bouddha ou le Mahatma Gandhi : ainsi, l'évidence serait donc, non pas une définition exclusive de la vérité,mais une partie de la réponse qu'il faut constamment reconsidérer.

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