Devoir de Philosophie

Peut-on désirer autre chose que l'impossible ?

Publié le 12/12/2005

Extrait du document

Je désire ce dont j'ai besoin   Le langage courant ne distingue pas réellement besoin et désir. On ne désirerait que ce dont on a besoin. Le désir finalement serait la manifestation des modalités de satisfaction du besoin. Cependant si l'on réduit le besoin à ce qu'on appelle les besoins primaires : le sommeil, la nourriture, la reproduction ; alors les désirs ne seraient que des dérivés de ces besoins. Cependant la multiplicité des désirs semble dépasser le cadre du besoin. Le désir est loin d'être le désir.   2. Passage du besoin au désir     BESOIN DESIR Racine Corps Conscience Objet Objet réel Imaginaire Caractéristique de l'objet Possible, stable Impossible ?, perpétuel     Désirer l'impossible : une autre expression pour qualifier le désir comme manque ?   1.
  • Analyse du sujet :

Nous avons affaire à une question formulée de façon totale autrement dit qui appelle une réponse soit par « oui, on peut désirer autre chose que l'impossible « ( Dans ce cas, la question qui s'impose et se pose : quoi ?), soit par « non, on ne peut pas désirer autre chose que l'impossible «. Avant d'analyser plus en détail les concepts qui composent cette question, notons que la formulation même de cette question semble présupposer qu'il est impossible de désirer autre chose que l'impossible

Désir – Désirer :

Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir. Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons ; comme acte, c'est cette aspiration même.

Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin. Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire. Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut. On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous.

Impossible :

  • Qui ne peut être ou ne peut se produire; dont l'existence est exclue.
  • Qui ne peut être réalisé ni imaginé
  • Invraisemblable, extravagant.
  • Inaccessible, ingouvernable, indomptable

Peut-on :

Ce genre de sujet interroge sur la capacité, la faculté, la possibilité de faire ou de ne pas faire quelque chose, d'être ou de ne pas être. Il faudra distinguer la possibilité technique et la possibilité morale.

  • Problématisation :

« Peut-on désirer autre chose que l'impossible ? « La question peut sembler étonnante, voire choquer – tout du moins paradoxale : en effet pourquoi désirer, si l'on désire nécessairement l'impossible. Pourtant la question semble dans et par sa formulation même présupposer que le désir a pour visée quelque chose d'impossible. Aussi va-t-il falloir résoudre la tension suivante, tenter de la dépasser : le désir comme tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir et le désir comme ayant pour objet l'impossible.

« Désirer l'impossible : une autre expression pour qualifier le désir comme manque ? II. 1.

Le désir a pour objet l'impossible dès lors que le désir est insatiable PLATON, Gorgias « Bien.

Allons donc, je vais te proposer une autre image, qui vient de la même école.

En effet, regarde bien si ce que tu veux dire, quand tu parles de ces deux genres de vie, une vie d'ordre et une viede dérèglement, ne ressemble pas à la situation suivante.

Suppose qu'il v ait deux hommes qui possèdent,chacun, un grand nombre de tonneaux.

Les tonneaux de l'un sont sains, remplis de vin, de miel, de lait, etcet homme a encore bien d'autres tonneaux, remplis de toutes sortes de choses.

Chaque tonneau est doncplein de ces denrées liquides qui sont rares, difficiles à recueillir et qu'on n'obtient qu'au terme de maints travauxpénibles.

Mais, au moins, une fois que cet homme a rempli ses tonneaux, il n'a plus à y reverser quoi que cesoit ni à s'occuper d'eux; au contraire, quand il pense à ses tonneaux, il est tranquille.

L'autre homme, quant àlui, serait aussi capable de se procurer ce genre de denrées, même si elles sont difficiles à recueillir, maiscomme ses récipients sont percés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour et nuit, en s'infligeant lesplus pénibles peines.

Alors, regarde bien, si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre, delaquelle des deux dis tu qu'elle est la plus heureuse ? Est ce la vie de l'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En te racontant cela, est ce que je te convaincs d'admettre que la vie tempérante vaut mieux que lavie déréglée ? Est ce que je ne te convaincs pas ? (...) Tu parles de la vie d'un pluvier, qui mange et fiente en même temps !—non, ce n'est pas la vie d'uncadavre, même pas celle d'une pierre ! Mais dis moi encore une chose: ce dont tu parles, c'est d'avoir faimet de manger quand on a faim, n'est ce pas ? » L'image des tonneaux de Danaïdes et celle du « pluvier qui mange et fiente en même temps » soulignentle caractère insatiable du désir.

Dès lors qu'on désire, on désire toujours plus.

Désirer, c'est vouloir satisfaire unmanque.

Mais une fois ce manque satisfait, un autre réapparaît – et ceci ad vitam aeternam...

Le désir adonc pour objet l'impossible au sens où il a pour objet de satisfaire l'insatiable. 2.

Le cas spécifique du désir amoureux "C'est une assez longue histoire, répondit-elle.

je vais pourtant te la raconter.

il faut savoir que, le jouroù naquit Aphrodite, les dieux festoyaient; parmi eux, se trouvait le fils de Métis, Poros.

Or, quand lebanquet fut terminé, arriva Pénia, qui était venue mendier comme cela est naturel un jour de bombance, et elle setenait sur le pas de la porte.

Or, Poros, qui s'était enivré de nectar, car le vin n'existait pas encore à cetteépoque, se traîna dans le jardin de Zeus et, appesanti par l'ivresse, s'y endormit.

Alors, Pénia, dans sa pénurie, eutle projet de se faire faire un enfant par Poros; elle s'étendit près de lui et devint grosse d'Eros.

Si Eros est devenu le suivant d'Aphrodite et son servant, c'est bien parce qu'il a été engendré lors des fêtes données enl'honneur de la naissance de la déesse; et si en même temps il est par nature amoureux du beau, c'est parcequ'Aphrodite est belle. Puis donc qu'il est le fils de Poros et de Pénia, Eros se trouve dans la condition que voici.

D'abord, ilest toujours pauvre, et il s'en faut de beaucoup qu'il soit délicat et beau, comme le croient la plupart des gens.Au contraire, il est rude, malpropre, va-nu-pieds et il n'a pas de gîte, couchant toujours par terre et à ladure, dormant à la belle étoile sur le pas des portes et sur le bord des chemins, car, puisqu'il tient de sa mère,c'est l'indigence qu'il a en partage.

A l'exemple de son père en revanche, il est à l'affût de ce qui est beau etde ce qui est bon, il est viril, résolu, ardent, c'est un chasseur redoutable; il ne cesse de tramer des ruses, il est passionné de savoir et fertile en expédients, il passe tout son temps à philosopher, c'est un sorcier redoutable,un magicien et un expert.

Il faut ajouter que par nature il n'est ni immortel ni mortel.

En l'espace d'une mêmejournée, tantôt il est en fleur, plein de vie, tantôt il est mourant; puis il revient à la vie quand ses expédientsréussissent en vertu de la nature qu'il tient de son père; mais ce que lui procurent ses expédients sanscesse lui échappe; aussi Eros n'est-il jamais ni dans l'indigence ni dans l'opulence. Par ailleurs, il se trouve à mi-chemin entre le savoir et l'ignorance.

Voici en effet ce qui en est.

Aucun dieune tend vers le savoir ni ne désire devenir savant, car il l'est; or, si l'on est savant, on n'a pas besoin detendre vers le savoir.

Les ignorants ne tendent pas davantage vers le savoir ni ne désirent devenir savants.Mais c'est justement ce qu'il y a de fâcheux dans l'ignorance : alors que l'on n'est ni beau ni bon savant, oncroit l'être suffisamment.

Non, celui qui ne s'imagine pas en être dépourvu ne désire pas ce dont il ne croitpas devoir être pourvu". On le voit Eros, l'amour, le désir amoureux est fils de Penia, manque.

Ainsi dans une certaine mesure, le désiramoureux est manque.

On retrouve plus précisément cette idée de manque dans la métaphore de l'androgyneque l'on retrouve dans Le Banquet mais dans le discours d'Aristophane.

A l'origine, il existait des créaturesmâles et femelles : des androgynes – créatures sphériques devenues si puissantes que Zeus les coupa endeux par le milieu pour les affaiblir.

Appolon dû recoudre la peau pour faire ce que nous connaissons sous la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles