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Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ?

Publié le 23/03/2004

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Se demander si l'on peut dire qu'un acte est inhumain suppose l'existence d'une nature humaine. L'inhumain serait alors ce qui va à l'encontre de cette même nature, en tant qu'il bajoue ses principes. Mais peut-on être vraiment sûr qu'il existe une nature humaine? Si ce n'est pas le cas, quelle serait donc la valeur d'un acte inhumain ? Le sujet se pose alors dans une dimension essentiellement morale, il s'apparente même à la question de la justice : si un acte est inhumain, est-il condamnable? Pouvoir dire qu'un acte est inhumain, c'est affirmer, nature humaine ou pas, qu'il est nécessaire de respecter des lois morales envers ses semblables afin d'ériger une dignité humaine. Nous répondrons tout d'abord en affirmant qu'il y a une nature humaine, puis que le sujet se pose en d'autres termes si l'on pense que « l'existence précède l'essence « et enfin nous verrons que cette question remet en cause l'idée de justice. Peut-on dire d'un acte qu'il est Inhumain? La première réaction serait de répondre négativement. Tout acte est le résultat d'un humain en tant qu'irréversible puisqu'il est inscrit dans le temps, en tant que trace de notre existence dans le monde. Mais cette réponse ne donne pas à inhumain son sens principal : « qui est contraire à la nature humaine « Certains philosophes considèrent en effet qu'il existe une nature humaine. L'homme répondrait donc invariablement à certaines caractéristiques : l'homme possède par exemple une raison et une conscience, ce qui le différencie de l'animal. Celles-ci lui permettent de connaître sa finitude car il est un « être-pour-la-mort «, d'avoir conscience de ses actes et de ne pas agir uniquement selon ses instincts. Mais ce qui fait également fondamentalement la nature humaine pour certains philosophes, c'est qu'elle est soit bonne, soit mauvaise.
Est-il légitime d'affirmer, à propos d'une action qu'elle est étrangère à l'humanité de l'homme? Tel est le sens de cet intitulé énigmatique. et paradoxale. En quelle acception peut-on dire que nos actes sécrètent de l'étrange, du barbare, de l'étranger à nous-mêmes ? Les exemples, hélas, ici seront nombreux, pour nous permettre de mieux comprendre le sujet. Un acte inhumain, étranger à notre nature. Songeons à la barbarie nazie, aux camps de concentration. Mais les nazis furent des hommes, jugés dans le cadre d'un procès à Nuremberg, par des hommes. Quel que soit le type d'approche, quelque chose ici nous gène et nous égare. Des questions alors se posent et s'imposent. L'humanité est-elle au fond de tout individu ? Mais alors comment pourrait-on être inhumain ? Peut-être bien la question retrouve-t-elle un sens dans le registre de l'imaginaire. L'inhumain ne se lie-t-il pas à l'imaginaire et ne s'inscrit-il pas au plus profond de l'humanité de l'homme, au sein de sa terrible liberté ? Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ?

« Lévinas, « Ethique et infini ». Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.

Quand je pose l'autrecomme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, unesurface à observer et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments duvisage sont eux-mêmes réductibles à des unités plus petites.

Ce rapport est un rapport théorique qui ne medonne pas véritablement autrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôtqu'elle ne s'ouvre à l'altérité du donné.

En posant autrui comme objet, je reste seul.La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible auxsimples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente unepauvreté.

L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, lapossibilité physique de tuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.Autrui nous est livré dans une dimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer. L'homme peut être dénué de conscience moraleAmoral est le criminel qui viole, torture, puis tue ses victimes.

Ses actes sont totalement inhumains.

On nepeut même pas dire qu'il obéit à un instinct animal.

L'animal tue par nécessité et n'en tire aucune jouissance«sadique».

L'intérêt, l'ivresse du pouvoir, le fanatisme peuvent également conduire les hommes à commettredes crimes innommables.

Il n'est que de penser aux atrocités commises dans les camps de concentrationallemands. Celui qui ne domine plus ses instincts est inhumainA l'origine des règles sociales, morales, des lois, il y a la nécessité de contrôler les instincts.

Ce contrôle apour but de favoriser la vie collective et la collaboration entre les êtres.

L'homme a besoin de son semblable.Ne plus dominer ses instincts revient à nier autrui.

Une telle attitude est parfaitement inhumaine.

[Si l'homme est un être humain, tous les actesqu'il accomplit sont humains.

Même lorsqu'il tortureson prochain, il n'agit pas à la manière d'une bête. Seul l'être humain connaît le bien et le mal.] La notion d'humanité n'est pas seulement synonyme de grandeur C'est le XVIIIe siècle qui a attribué à l'humanité toutes les vertus.L'homme est bon par nature, dit Rousseau. Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.

On peut l'interprétercomme une condamnation radicale de toute société qui dépravantl'homme le rendrait malheureux.

Et ce sera la postérité romantique deRousseau qui exaltera l'individu incompris.

Le Werther de Goetheappartient à cette lignée.

Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendredans un sens aussi radical.

La Société n'est pas corruptrice paressence, mais seulement un certain type de société.

A vrai dire, toutescelles qui reposent sur l'affirmation de l'inégalité naturelle des hommes,oppriment l'immense majorité au profit d'une minorité de privilégiés de lanaissance et de la fortune.

Si en effet, on examine attentivement lesinégalités entre les hommes, seules celles de leurs possessionsmatérielles qui, par des mécanismes comme l'héritage, sont provoquéespar le type d'organisation de la société, sont indéniables.

Mais c'est unsophisme, ou à tout le moins un jugement précipité de conclure que detelles inégalités ont pour origine des différences de nature.

Si l'ondépouille par la pensée l'homme de tout ce qui chez lui relève du social,et donc du hasard, c'est bien l'égalité qui nous frappera : l'habileté del'un peut compenser la force de l'autre.

Rousseau reprend icil'affirmation de l'égalité naturelle proclamée par les penseurs de l'école du droit naturel.

L'homme de la nature, c'est donc la nature de l'homme.• L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulier de l'animal par sa perfectibilité.Ce qu'il est naturellement en puissance ne peut s'actualiser que dans la vie en commun.

Ce n'est que parce. »

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