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Peut-on dire que l'on change avec le temps ?

Publié le 13/12/2005

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temps
Le simple fait que les circonstances, mon entourage aient prise sur moi pour me façonner suffit à prouver que ce "noyau originel" n'est pas invariant. Comment peut-on parler d'un "noyau" essentiel, si l'homme est cet être chez qui l'existence précède l'essence ?Sartre montre que la conscience déborde sans cesse le présent pour se tendre vers l'avenir et le passé. Si je change, ce n'est pas seulement parce que le temps agit sur moi, c'est parce, par le projet et l'action, je rejette le présent comme n'étant pas ma vérité indépassable, je pose librement un avenir que je fais advenir dans le présent. Il n'y a donc pas un moi éternel et substantiel, mais une conscience vivant engagée dans ses pro-jets. "La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent. Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré de mes caprices le sens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire, que le projet fondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoir pour moi et pour les autres le passé que j'ai à être. Moi seul en effet peux décider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, en délibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel ou tel événement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mes buts, je sauve le passé avec moi et je décide par l'action de sa signification. Cette crise mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contraire premier signe d'une conversion future? Moi, selon que je déciderai - à vingt ans, à trente ans - de me convertir.

Le temps nous fait sans cesse changer. Je ne suis déjà plus celui que j'étais il y a un instant. Qu'y a-t-il de commun entre l'enfant insouciant que j'étais, l'adolescent que je suis et le vieillard que je serai ? Sans doute rien. Pourtant c'est toujours de moi, de la même personne dont il s'agit. Qu'est-ce qui nous permet de dire qu'elle est la même ? Faut-il chercher l'unité et l'unicité de la personne dans un noyau invariant sur lequel le temps n'aurait nulle prise, ou au contraire confier cette unité à la continuité d'une histoire singulière ? Quel rôle joue le temps dans cette constitution et cette dislocation du moi ?  

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« "Posséder le Je dans sa représentation: ce pouvoir élève l'homme infinimentau-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.

Par là, il est unepersonne ; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements quipeuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un êtreentièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont lesanimaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise ; et ceci, mêmelorsqu'il ne peut pas dire Je, car il l'a dans sa pensée ; ainsi toutes leslangues, lorsqu'elles parlent à la première personne, doivent penser ce Je,même si elles ne l'expriment pas par un mot particulier.

Car cette faculté (depenser) est l'entendement.Il faut remarquer que l'enfant qui sait déjà parler assez correctement necommence qu'assez tard (peut-être un an après) dire Je ; avant, il parle desoi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.) ; et il sembleque pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je ; àpartir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler.

Auparavant ilne faisait que se sentir ; maintenant il se pense." KANT Ce texte est extrait du tout début de "Anthropologie du point de vuepragmatique" (Livre 1.

De la faculté de connaître- De la connaissance de soi-même, $1).

Cette oeuvre, regroupe, comme l'indique Kant dans une note desa préface, des cours professés pendant les semestres d'hiver "depuis plus detrente ans". L' "Anthropologie du point de vue pragmatique" contient toutefois des analyses subtiles sur les sujets les plus divers:la vie sociale, le rôle des sens et de la mémoire, le suicide.

On y trouve des anecdotes, des conseils sur l'art devivre et une sorte de "traité des passions" qui fait songer à celui de Descartes. Le texte que nous allons commenter se rapporte à la conscience de soi.

Notons que dans un passage difficile de la"Critique de la raison pure", Kant affirme que pour qu'il y ait conscience de soi, deux choses sont requises: ledéroulement successif de la diversité (le flux des phénomènes intérieurs ou états de conscience) et lacompréhension de ce déroulement, acte qu'il nomme synthèse de l'appréhension.

Autrement dit, sans le "je pense"qui accompagne toutes mes représentations, "serait représenté en moi quelque chose qui ne pourrait pas du toutêtre pensé, ce qui revient à dire ou que la représentation serait impossible, ou que du moins, elle ne serait rien pourmoi".

Kant distingue donc l'aperception empirique qui est l'état intérieur toujours changeant & l'aperceptiontranscendantale, conscience pure, originaire et synthétique qui assure la liaison et donc la connaissance réflexive dece flux intérieur, permettant ainsi la constitution d'un "moi" fixe & permanent.

Pouvoir dire je, c'est donc avoirconscience d'être un & identique par-delà la multiplicité des états de conscience internes et des expériencesvécues. Ce texte est difficile.

Il convient de relever les termes essentiels et de leur accorder un moment de réflexion."Posséder en je", c'est pouvoir se dédoubler ou plus précisément s'appréhender soi-même comme objet.

"Lapersonne" signifie le sujet porteur de la loi morale qui, en tant que tel, a une valeur absolue, une dignité et nesaurait donc être traité comme un simple moyen mais toujours en même temps comme une fin en soi.

"L'unité de laconscience" (aperception transcendantale), c'est le pouvoir de réaliser la synthèse de la diversité, de lier leséléments divers de la représentation.

"Les choses" sont tout ce qui relève du règne de la nature (donc aussi lesanimaux).

"L'entendement" est la faculté des concepts, faculté qui légifère dans le domaine de la connaissance etqui permet d'unifier le divers donné dans l'intuition sensible.

"Se sentir" signifie se saisir de manière concrète,sensible & immédiate.

"Se penser", c'est avoir conscience de soi comme sujet pensant. Introduction. Dans ce texte:1) Kant montre que la conscience de soi ou le pouvoir de dire JE constitue un privilège qui fait de l'être humain unepersonne ayant une dignité et une valeur absolue, par opposition aux autres êtres qui ne sont que des choses.2) Soulignant que l'enfant parle de soi à la première personne assez tardivement, Kant affirme l'importance décisivede l'acquisition du JE.

Que manifeste cet éveil de la conscience de soi ? 1) Le premier moment de ce texte est consacré à l'analyse du pouvoir de dire JE. Kant commence par qualifier de privilège ce pouvoir de dire JE que possède l'homme.

"Posséder le je dans sareprésentation", c'est être capable de se saisir soi-même par un retour sur soi comme un être unique & identique àsoi-même dans le temps, autrement dit accéder à la conscience de soi.

Le "je" utilisé comme substantif désignedonc le sujet capable de totaliser le divers dans la représentation, de se rendre présent aussi bien ce qui se dérouleen la conscience que ce qui lui est extérieur.

C'est la possession de ce pouvoir qui caractérise l'homme.

Seul il peutdire je, cad se prendre soi-même comme objet et se représenter le monde.

C'est là, dit Kant, un pouvoir qui "élèvel'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants".

Par ce retournement de la conscience sur elle-même, l'homme peut transcender l'ordre naturel auquel il appartient.

Il dépasse infiniment le règne de la nature.Kant explicite ensuite le sens de ce privilège par lequel l'homme dépasse le règne de la nature: l'homme est une. »

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