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Peut-on dire que le droit est la force des faibles ?

Publié le 13/12/2005

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droit
Cependant les dispositions exceptionnelles ne sont pas naturelles mais humaines (l'idée d'un gène de la musique, de la philosophie ou des mathématiques est absurde, puisque ce sont des réalités exclusivement culturelles) : les " dons " sont des attitudes envers le monde et surtout envers soi-même (une éthique) motivées par une situation en fin de compte toujours sociale. Dès lors si la vie commune peut parfois étouffer de grandes individualités potentielles, elle est cependant le seul lieu de leur possibilité. En réalité le danger reste très minime : être une personnalité d'exception étant une question d'éthique et non pas de nature, autrement dit la semblance étant une position subjective et non un état objectif, il faudrait des circonstances extrêmement particulières et rares pour qu'un individu ne soit pas totalement responsable de sa vie. Donc même si l'on admet cette absurdité que constitue l'idée d'un don naturel, l'argument de Calliclès qui attribue cette responsabilité à la société reste sans portée réelle. Calliclès confond le fait et le droit : la nature atteste de ce qui est, pas de ce qui doit être. Quand il s'agit des lois de la cité, son invocation est donc nulle par principe. D'autre part il confond l'universalité des lois de la nature qui est absolue ou a priori (si on ne la pose pas l'idée même de nature n'a aucun sens, et avec elle la simple éventualité du savoir) et celle des lois de la cité qui est relative ou réflexive (c'est le rapport du peuple à lui-même). Autrement dit il confond la réalité où s'effectue la nécessité des lois de la nature avec la représentation où s'effectue celle des lois de la cité. La culture n'a pas de répondant et c'est précisément en cela qu'elle s'oppose à la nature : l'arbitraire n'est pas sa faiblesse mais sa force, puisqu'on peut seulement contester ce qui se présente comme fondé. On n'obéit donc pas à la loi parce qu'elle est utile, mais simplement parce que c'est la loi.

Le droit désigne tout d'abord (c'est le sens du "droit positif") l'ensemble des règles qui organisent les rapports des membres d'une même communauté politique. Montrez ainsi que, contrairement à ce qui se produit dans la nature, tous sont alors égaux devant la loi et l'on abolit ainsi le règne du droit du plus fort. En ce sens, le droit semble donc bien ce qui protège les faibles, ce sur quoi ces derniers peuvent s'appuyer et donc ce qui constitue leur force. Montrez cependant qu'une telle figure du droit n'est qu'un idéal, un idéal de justice. Demandez-vous alors si dans les faits un tel principe est nécessairement respecté. Demandez-vous en particulier comment s'établit le droit , n'est-il pas le plus souvent le résultat d'un rapport de forces ? Montrez alors, en vous appuyant sur les analyses de Marx, que le droit pourrait bien être injuste et constituer en fait un moyen pour les plus forts de dominer les faibles.

Remarquez le caractère paradoxal de l'énoncé. Comment le faible peut-il faire preuve de force?

 

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« guerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ». Dans le système de Hobbes, comme cela se trouve chez certains prédécesseurs de Hobbes ou comme chezRousseau, un contrat liant gouvernant et gouvernés.

Le contrat Hobbesien est un contrat qui ne lie que lesgouvernés entre eux.

Chacun de ceux-ci dit à l'autre en substance : j'accepte de ne pas attenter à ta vie et, enéchange, tu t'engages à faire de même.

Pour garantir cet accord, nous acceptons d'obéir à une autorité dont lafonction sera d'imposer le respect des termes du contrat.La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la « fin » de cetteconvention, c'est-à-dire de son objectif.

Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité.

Chacunréfrène sa volonté de puissance (Freud dirait ses pulsions agressives) pour ne pas être tué ou blessé par autrui.

Enconséquence pour Hobbes, si le pouvoir souverain veut attenter à ma vie (ou me blesser, m'emprisonner et autresactions qui peuvent entraîner la mort), je me trouve en état de légitime défense et j'ai le droit de résister.

Certainesnuances sont apportées à ce droit de résistance ; ainsi, s'il y a promesse de pardon, je dois m'incliner.

De plus, sesmodalités de mise en oeuvre pourraient être mieux précisées.

Mais l'essentiel est qu'il demeure un droit de résistancese rattachant à l'idée que l'organisation sociale a pour but de protéger le corps de l'homme et qu'elle perd son senssi, portant atteinte à ce corps, elle recrée la situation de l'état de nature qu'elle avait pour mission de supprimer.L'individu concerné pourra alors protéger sa vie de la même manière qu'il l'aurait fait à l'état de nature.Nous ne sommes pas dans un système totalitaire qui exige l'anéantissement de l'individu au profit de la collectivité.L'organisation sociale a pour but de protéger l'individu.

Le pouvoir qui fait régner l'ordre est quasi absolu à seule find'éviter la guerre civile qui n'est, en fait, qu'un retour à l'état de nature.

Mais quasi absolu seulement, car cepouvoir souverain est limité par un principe de cohérence qui veut qu'il ne fasse pas ce qu'il a pour fonctiond'empêcher.On voit donc apparaître ici, conjointement au souhait d'un pouvoir concentré et fort, l'idée de droits inaliénables del'être humain, la nécessité d'un respect de l'individu dans son corps, éléments qui peuvent être perçus comme lesprémisses des droits de l'homme.Le meilleur résumé de la façon dont s'établit le contrat est à chercher dans « Léviathan », l'oeuvre majeure duphilosophe.

Au chapitre 17, celui-ci écrit : « La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre lesgens de l'attaque des étrangers, et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à les protéger detelle sorte que par leur industrie et par les productions de la terre, ils puissent se nourrir et vivre satisfaits, c'est deconfier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme, ou à une assemblée, qui puisse réduire toutes leursvolontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté.

»Cela revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée, pour assumer leur personnalité ; et que chacun s'avoueet se reconnaisse comme l'auteur de tout ce qu'aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix et lasécurité commune, celui qui a ainsi assumé leur personnalité, que chacun, par conséquent, soumette sa vol et sonjugement à la volonté et au jugement de cet homme ou de cette assemblée.Cela va plus loin que le consensus ou concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne,unité réalisée par une convention de chacun avec chacun passée de telle sorte que c'est comme si chacun disait àchacun : « J'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne le droit de me gouverner moi-même, àcette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes se actions de la même manière.

»Cela fait la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une REPUBLIQUE, en latin CIVITAS.

Telle est lagénération de ce grand LEVIATHAN, ou plutôt, pour en parler avec plus de révérence, de ce « dieu mortel, auquelnous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection.

»Pour Hobbes, le propre de cette souveraineté est qu'elle est indivisible.

Sur ce point, il s'oppose aux tendances,défendues à son époque, qui aboutiront à cette distribution des pouvoirs mise en oeuvre dans la constitutionanglaise et dont Montesquieu s'inspirera.Hobbes refuse que le parlement détienne une partie de la souveraineté.

Ce parlement est seulement auprès du roipour un rôle de conseil.

Lui allouer ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir reviendrait à introduire le germe de laguerre civile dans l'Etat.Il importe avant tout que la souveraineté ne soit pas divisée, car les troubles commencent quand le citoyen « voitdouble ».

Le guerre civile naît lorsque les gouvernés ne savent pas à qui obéir.Les préférences de Hobbes vont à la monarchie absolue (la souveraineté dans la main d'un seul), mais elles vont,d'une manière plus générale, à un pouvoir concentré et fort.

A choisir entre une monarchie parlementaire, où lasouveraineté est partagée entre le parlement et le roi, et une démocratie dans laquelle la souveraineté seraiteffectivement et uniquement détenue par l'ensemble du peuple, il opterait pour ce dernier système.Le contrat social, qui, avant lui, était présenté comme une convention entre gouvernant et gouvernés pour mettreen cause une monarchie défaillante ou le principe même de la monarchie absolue, devient un contrat entregouvernés qui sert à conforter la monarchie absolue et tout spécialement la monarchie anglaise menacée par leparlementarisme.Ce contrat implique une égalité de droit.

Il existait, dans l'état de nature, une égalité devant la mort parce que leplus fort pouvait toujours être tué par le plus faible.

Il subsiste dans l'organisation sociale une égalité des sujetsdevant la souveraineté.

Les privilèges ne sauraient être acceptés en dehors du privilèges de commander abandonnéau pouvoir souverain.

Tous les hommes sont sur le même plan devant l'autorité suprême : « La sûreté du peuplerequiert en outre que la justice soit également rendue à tout homme, quel que soit son rang.

» Le contrat dechacun ne pouvait pas, en effet, introduire une inégalité qui n'existait pas au moment de la signature du contrat.Nous sommes en présence d'un pouvoir fort, mais devant lequel les individus sont égaux et js réduits à l'état desimples objets.

Ils sont sujets en tant qu'ils doivent obéissance au pouvoir, mais aussi sujets de Droit, ce quiimplique un certain respect.

Cela explique que l'on ait pu voir en Hobbes aussi bien le défenseur de la monarchieabsolue que le précurseur des démocraties modernes.. »

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