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Peut-on dire qu'on fait l'histoire ?

Publié le 14/12/2005

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histoire
 » (Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire) -          Ainsi il faut se hisser à un niveau supérieur de l'étude historique et parvenir à prendre de la distance par rapport aux faits historiques. Il faut percevoir que l'histoire doit être prise dans sa globalité et ne prend sens que lorsqu'on l'examine sur un temps long. -          Alors se dégagent des structures et des raisons profondes qui permettent d'expliquer des événements qui, auparavant, auraient pu apparaître contingents. -          Le marxisme a ainsi mis en avant l'influence de l'économie sur la marche de l'histoire. La révolution française n'est ainsi pas due à la seule volonté de quelques bourgeois, mais elle est le résultat d'un processus global. C'est parce que les rapports de productions avaient changé durant le XVIIIe siècle qu'un changement social plus conséquent suivit, qui prit forme par l'émergence de nouveaux intérêts économiques individuels. -          Ces intérêts économiques furent ceux de la bourgeoisie, qui justifièrent alors ces intérêts par de nouvelles valeurs. Il en découla la naissance des révolutionnaires et le processus aboutit finalement à la révolution. On peut ainsi affirmer avec Marx que : « Ce que sont les individus dépend donc des conditions matérielles de leur production. » (Marx, Idéologie Allemande) -          Périclès n'était donc peut-être lui-même que le résultat d'un certain mouvement social global, dont les causes sont à chercher beaucoup plus loin dans le cours de l'histoire.
  • Analyse du sujet :

-          Il semble de prime abord évident qu’il n’y aurait pas d’histoire sans les hommes qui la construisent.

-          Cependant, est-il vrai que ce sont les hommes qui décident du sens de l’histoire, ou bien ne sont-ils que les acteurs d’une histoire qui les détermine ?

-          Il existe ainsi deux conceptions opposées de l’histoire : pour la première, le cours de celle-ci est principalement déterminée par l’influence de l’action des « grands hommes « alors que pour la seconde, ce sont les structures qui déterminent le comportement des hommes.

-          La question renvoie alors au problème de la liberté humaine : si l’homme est libre, alors il n’est pas entièrement déterminé par ce qui le précède, et il peut donc changer le cours de l’histoire par l’exercice de sa liberté individuelle.

-          Si, par contre, l’homme est lui-même un être entièrement déterminé, alors ses choix peuvent déjà être lus dans les déterminismes historiques et l’homme devient alors quasiment négligeable.

-          Par ailleurs, le sujet laisse également entendre qu’on peut s’interroger sur l’histoire entendue comme science du passé : cette histoire est-elle une description objective du passé ou bien une construction subjective du passé ?

  • Problématisation :

Ne serait-il pas présomptueux de croire que l’homme fait l’histoire ? Ne serait-ce pas même un peu déprimant de penser que cette histoire, ce « pêle-mêle d’ordure « comme disait Héraclite, serait la responsabilité de l’être humain ? Si l’homme fait l’histoire, alors il y a bien de quoi renoncer à l’humanité. Si, par contre, l’homme n’est pour l’histoire qu’un pion sur l’échiquier, à quoi bon encore prendre des engagements ? Ce serait là faire de l’histoire un destin fatal auquel aucun peuple n’échappe, et il ne nous resterait plus qu’à plonger dans l’attentisme. Le sujet pose donc problème parce qu’il met en cause le rôle de l’homme au sein de la création.

 

histoire

« révolution française n'est ainsi pas due à la seule volonté de quelques bourgeois, mais elle est lerésultat d'un processus global.

C'est parce que les rapports de productions avaient changé durantle XVIII e siècle qu'un changement social plus conséquent suivit, qui prit forme par l'émergence de nouveaux intérêts économiques individuels. - Ces intérêts économiques furent ceux de la bourgeoisie, qui justifièrent alors ces intérêts par de nouvelles valeurs.

Il en découla la naissance des révolutionnaires et le processus aboutitfinalement à la révolution.

On peut ainsi affirmer avec Marx que : « Ce que sont les individusdépend donc des conditions matérielles de leur production.

» (Marx, Idéologie Allemande ) - Périclès n'était donc peut-être lui-même que le résultat d'un certain mouvement social global, dont les causes sont à chercher beaucoup plus loin dans le cours de l'histoire. - Les hommes ne sont donc pas libres, ils sont déterminés par le processus historique en son entier, et ce qu'ils croient faire au nom de leur volonté propre, ils le font en fait sous le coup dudéterminisme historique. - Par conséquent, il devient difficile de soutenir que les hommes « font l'histoire », puisqu'ils ne la choisissent pas, leur rôle consiste simplement à apparaître sur le devant de la scène ou bien àrester dans les coulisses de l'histoire. - Les hommes ne font pas l'histoire, mais ils la refont grâce à la science historique. 3.

- Par contre, il reste juste d'affirmer que les hommes « font l'histoire » dans le sens où ce sont eux qui racontent l'histoire de l'humanité par le biais de la science historique. - Il est entendu que, dans une certaine mesure, les hommes se contentent de décrire le passé par le biais de cette science, puisque cette dernière aspire à l'objectivité. - On pourrait dire alors qu'ils ne « font pas l'histoire », mais qu'ils ne font que retranscrire le passé par le biais de cette science. - Toutefois, l'on peut mettre en doute cette objectivité de l'histoire.

En effet, si les historiens décrivaient la vérité objective, alors ils devraient s'accorder sur les faits passés et l'histoire seraitl'objet d'un consensus. - Mais il n'en est pas ainsi, et un simple regard sur les débats historiques contemporains nous permet de voir qu'il n'en est rien : les historiens ne sont pas d'accord entre eux. - Si l'on prend par exemple la Shoah, on remarquera que les historiens ne sont pas d'accord sur ce qui a décidé Hitler à mettre en place la « solution finale » (l'extermination systématique etorganisée de tous les Juifs). - Pour les historiens intentionnalistes, Hitler avait l'intention d'exterminer tous les Juifs d'Europe avant la déclaration de la guerre.

Pour les historiens fonctionnalistes, les nazis n'avaient pas nourricette intention avant 1941.

La « Solution finale » aurait ainsi été élaborée tardivement et neserait que le résultat du fonctionnement du système du IIIe Reich qui, pour des raisonshistoriques, imposerait fatalement le meurtre de masse mais ne l'aurait pas planifié antérieurement. - De telles divergences portant sur un sujet aussi étudié que la Shoah doivent nous amener à constater qu'il n'y a pas de vérité établie dans le domaine de l'histoire. - En réalité, les historiens se bornent à sélectionner des faits et à leur donner le sens qu'ils veulent y voir.

Comme le souligne Nietzsche, « Il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations.

» ( Volonté de puissance , Tome I, Livre II, chapitre 2, §133) - Cela signifie que ce qui compte, ce n'est pas le fait, c'est l'interprétation qu'on en donne, le fait à lui seul estvide de signification, il est donc négligeable, on pourraitquasiment s'en passer.

Le fait n'est invoqué que pourdonner du crédit à l'interprétation, il n'est que « poudre auxyeux ». - La science historique ressemble donc bien plus à une construction du passé qu'à une connaissance du passé.

Elleconsiste à construire une mythologie justifiant le présent etles projets à venir en s'appuyant sur une sélection biendéfinie et arrangeante de faits passés. - On pourrait donc finalement soutenir que les hommes ne font peut-être pas l'histoire puisqu'ils ne sont pas libres,mais que par contre, ils la refont à leur convenance. Conclusion :Dans une première partie, nous avons montré pourquoi l'on pouvait considérerque certains « grands hommes » faisaient l'histoire.

Suite à cela, nous avonsprésenté dans une deuxième partie en quoi ces « grands hommes » étaienteux-mêmes déterminés par des processus historiques.

Enfin, nous avons dansune troisième partie souligné que, si les hommes ne faisaient pas l'histoire, ils la refaisaient grâce à la science dumême nom.. »

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